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mardi 2 décembre 2014

Le premier mardi c'est permis (31) : L’amande - Nedjma

Nedjma se présente comme « une maghrébine d’une cinquantaine d’années, moitié berbère, moitié arabe, célibataire ». On n’en saura pas plus. Aucune photo, même sa famille n’est pas au courant de ses talents d’écrivain. « L’amande », publié en 2004, est considéré comme le premier roman érotique écrit par une musulmane. Depuis, elle a sorti un second roman tout aussi torride et elle continue à vivre dans la clandestinité. « Je n’ai pas le courage d’un Rushdie, j’ai choisi de prendre un pseudonyme ».

L’amande raconte l’histoire d’une paysanne marocaine qui fuit la campagne et son mari commis d’office pour rejoindre Tanger et découvrir la sexualité auprès d’un cardiologue érotomane. Pour Driss, elle fera tomber un à un les tabous liée à son éducation ultraconservatrice et sombrera dans un déchaînement sexuel dont elle aura du mal à sortir indemne.

Les chapitres alternent entre son enfance à la campagne et son présent dans les nuits luxueuses de Tanger. En guise d’introduction, la narratrice précise : «  J’ai décidé d’écrire librement, sans chichis, la tête claire et le sexe frémissant ». Mariée à dix-sept ans à un notable qui en avait quarante, elle devient une épouse servile : «  Le servir, puis débarrasser. Rejoindre la chambre conjugale. Ouvrir les jambes. Ne pas bouger. Ne pas soupirer. Ne pas vomir. Ne rien ressentir. Mourir. […] M’essuyer l’entrejambe. Dormir. Haïr les hommes. Leur machin. Leur sperme qui sent mauvais ». Ou encore, à propos de sa nuit de noces, alors que son mari ne parvient pas à la pénétrer : « Ma belle-mère me ligota les bras aux barreaux du lit avec son foulard et Naïma se chargea de me plaquer solidement les jambes. Pétrifiée, j’ai réalisé que mon mari allait me déflorer sous les yeux de ma sœur. Il m’a rompue en deux d’un coup sec et je me suis évanouie pour la première et unique fois de ma vie ».

Dénonciation de mœurs barbares et séculaires, émancipation d’une femme désireuse de briser le carcan dans lequel on a voulu l’enfermer, « L’amande » est un texte cru et virulent, un cri de révolte et de colère, un texte sensuel, puissant et sans concession.

L’amande de Nedjma. Pocket, 2005. 212 pages. 6.80 euros.











mardi 4 novembre 2014

Le premier mardi c'est permis (30) : In Bed - Lydia Frost et Kalondji

Dans un hôtel de Central Park, un couple après l’amour. La femme est rayonnante, l’homme bien plus soucieux. Il faut dire que Rachel et Luka sont mariés, mais pas ensemble. Une relation adultérine vécue différemment par ses deux protagonistes, l’un culpabilisant beaucoup plus que l’autre…

Une réflexion très fine sur l’adultère. Il est appréciable que les auteurs ne se soient pas emparés du sujet pour tomber dans la simple histoire de cul multipliant les visuels aussi froids que cliniques. Ici, tout est en suggestion, l’approche étant essentiellement psychologique. L’histoire est certes des plus banales mais l’intérêt tient dans le fait que l’on s’intéresse aux causes et aux conséquences de la tromperie. Sans jugement, sans défendre où accuser. Lui va voir ailleurs parce qu'il est dans une fuite en avant, ne sachant pas vraiment ce qu’il cherche ni ce qu’il veut. Il est fragile, mal à l’aise, manquant d’assurance. Il est lâche et ne parvient pas à compartimenter les choses. C’est un homme, quoi. Rachel est au contraire une working girl bien sa peau, qui veut juste briser la routine d’un quotidien avec mari et enfants. Elle assume, fait la part des choses et ne se prend pas la tête. Je ne dirais pas qu’elle a le beau rôle, mais presque.

Et finalement, c’est ce que j’ai aimé. Le portrait, même un poil caricatural, d’une femme belle, talentueuse et sûre d’elle face à un homme qui se perd en tergiversations. Comme j’ai aimé l’individualisation d’une problématique universelle, le fait que leur histoire banale possède un caractère unique. Et puis niveau dessin, c‘est d’une rare élégance et les scènes « coquines », certes discrètes, sont passionnées et brûlantes.

Finalement, la réflexion est plus profonde qu'elle n'en a l'air. Pour Rachel, coucher n'est pas tromper. Pour Luka, ce n'est pas si simple, loin de là. Pour le lecteur, c'est une question de point vue, d'opinion ou d'expérience personnelle, voire de mauvaise foi...

In Bed de Lydia Frost et Kalondji. Delcourt, 2014. 90 pages. 15,95 euros.

Une lecture commune que je partage avec Moka. Et ce n'est rien dire que ça me fait très plaisir !









mardi 7 octobre 2014

Le premier mardi c'est permis (30) : Les chambres - Tran Arnault

« La chambre ici est chambre de passage. Passage de celui ou celle qui fait halte en échange d’un dû acquitté. Le lieu est sans repère, que seul désigne un numéro. […] Ce lieu est sans témoins et sans lois, sans passé ni avenir. Dans la clôture et le secret toute demande y est recevable. Je suis pour l’autre qui m’accueille apparition avant la disparition. Dans l’effacement sitôt sortie d’un champ de vision. Mon corps ne prend forme qu’invité à en rejoindre un autre. Je n’existe que convoquée. »

La narratrice franchit le seuil de chambres d’hôtel anonymes  pour rejoindre celles qui ont fait appel à elle. Elle loue ses services pour « vivre des seuls plaisirs à dispenser » et ne traite qu’avec des femmes. Après chaque rencontre, elle envoie au mystérieux D. le rapport détaillé de ses ébats. Elle n’agit pas sous la contrainte, n’entre jamais à reculons dans les alcôves où on l’accueille. Elle aime le renouvellement permanent des demandes, des corps, des situations, des caresses. Elle aime plaire, être désirée. Elle aime jouir et faire jouir…

Je pourrais jouer le blasé, le gars détaché, revenu de tout, que plus rien ne surprend. Mais avec ce genre de plans entre filles, racontés de cette façon-là, j'avoue, je ne peux pas rester de marbre. Souvent je m’ennuie ferme avec la littérature érotique mais pour le coup je dois reconnaître que ce bouquin est diablement émoustillant. L’écriture est très belle, les scènes sont variées, les descriptions ont une rare force d’évocation et m’ont réellement fait de l’effet. A chaque chambre sa nouveauté, sa mise en scène originale, sa « cliente » aux attentes particulières. Même la description de la toilette coquine d’une obèse m’a mis dans tous mes états alors que normalement j’aurais dû en avoir des hauts le cœur, c’est dire ! Un livre dont je n’attendais strictement rien et qui s’avère être au final une divine surprise, c'est rare mais ça arrive encore de temps en temps.

PS : Ne cherchez pas ce titre en librairie, il n’est malheureusement plus disponible. Vraiment dommage tant il est d’une qualité bien supérieure aux médiocrités publiées ces derniers temps dans le même genre.

Les chambres de Tran Arnault. Hors Collection, 2010. 142 pages. 12,90 euros.










mardi 2 septembre 2014

Le premier mardi c'est permis (29) : Mémoires de Casanova T1 - Stefano Mazzotti

1789. Au crépuscule de sa vie, Casanova décide de rédiger ses mémoires. Il y raconte les nombreuses conquêtes amoureuses accumulées depuis ses seize ans mais surtout il propose une critique sans concession de la société de son époque dont il s’estime être le « produit » le plus représentatif. Ces mémoires (douze volumes dans l'édition intégrale publiée par Plon au début des années 60 !) sont donc avant tout une plongée dans les intrigues, les coulisses et les vices de l’Europe du XVIIIème siècle.
On y découvre  un Casanova individualiste forcené ne cherchant que son profit immédiat et la jouissance sans contrainte. Mielleux à souhait, déclarant le plus sérieusement du monde son amour enflammé à chacune de ses conquêtes (« j’ignorais ce qu’était le vrai amour, tu es la première femme à me révéler ce mystère ». Ben voyons…), le jeune homme profite de toutes les occasions se présentant à lui. Bellâtre, charmeur, il n’a rien contre les femmes mariées, bien au contraire (il faut dire qu’elles le lui rendent bien). Loin de toute modestie, il se peint en amant aussi attentionné qu’endurant. Duo, trio, nuits entières passées à copuler sans connaître la moindre faiblesse, le gaillard était, à l’entendre, un très, très bon coup. En même temps, ce sont ses mémoires, il a bien le droit de se donner le beau rôle, j’en ferai autant le jour où je m’attaquerai aux miennes. Le problème, c'est que les auteurs de cette adaptation en BD ne s’attardent que sur ses vantardises érotiques et masquent les aspects historiques les plus intéressants. Résultat, une succession répétitive de tableaux érotico-porno où les conquêtes s’enchaînent sans la moindre émotion. On sent en filigrane la décadence de la société de l’époque mais on reste en surface alors que cet aspect est sans aucun doute la partie la plus intéressante de l’œuvre originale. Dommage, vraiment dommage.

Et le dessin me direz-vous ? Bof, bof… Je ne connaissais Stephano Mazzotti que de nom et je trouve son trait bien trop figé pour émoustiller la rétine. Bon, ok, j’avoue, je ne le connais pas que de nom, j’ai déjà découvert ses talents en feuilletant par le plus grand des hasards (et à plusieurs reprises) les albums de la série Selen. Ça ne vous dit rien ? Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire :


(au passage je vous conseille le très réussi « La baronne avale la fumée ». Tout est dans le titre.). Bref, revenons à nos moutons pour constater en toute honnêteté que cet album est une vraie déception. Récitatifs plombants, graphisme hyper réaliste bien trop froid pour provoquer le moindre début d’excitation et mise sous silence de la partie « documentaire » de l’œuvre, ça fait quand même beaucoup de points négatifs. Je ne sais pas quand sortira le second volume, mais ce sera sans moi.     

Mémoires de Casanova T1 : Bellino de Stefano Mazzotti. Delcourt, 2013. 62 pages. 14,95 euros.

Une déception, certes, mais que j'ai une fois de plus le plaisir de partager avec Noukette.








mardi 1 juillet 2014

Le premier mardi c'est permis (28) : Jours tranquilles à Herchies (2)

Chose promise chose due, je termine ce mois-ci la nouvelle commencée début juin. Pour le coup, c’est un peu excessif, je le concède. Juste une envie d’aller plus loin dans la crudité (j’ai pas dit vulgaire, certains pourront peut-être le penser mais peu importe). Le principal c’est que je me sois amusé et que j’assume tout cela à 100%, non ?






Jours tranquilles à Herchies (2)

Après le déjeuner, Frida me demanda si je pouvais la déposer en ville. Elle avait à faire, me dit-elle. Devais-je l’attendre ? Elle sourit : « Tu sais, ce sont des trucs de fille… Tu vas t’ennuyer. Je t’appellerai ». Je vaquai donc. Il bruinait, ce par quoi la région distingue l’automne du printemps, où il pleut à verse. J’aime la bruine. Le seul court métrage que j’avais alors réalisé, dans le cadre des travaux pratiques de la fac, s’intitulait « La blonde et la bruine ». L’essentiel de l’action se concentrait sur le parc jouxtant la gare. Une blonde s’y abandonnait aux ardeurs d’un jeune ouvrier – car le prof confessait son penchant pour les situationnistes, ce qui, déjà dans les années 90, apparaissait assez passéiste. Je flirtai avec la décence « en donnant à imaginer ce qui se tramait d’existentiel sous les jupes de la demoiselle ». La blonde qui jouait dans mon sept minutes était d’une belle ardeur. Elle était rhodanienne, de la petite ville de Craponne. Jamais ville ne justifia mieux son code INSEE : 69069. Et en effet ! Elle n’aimait rien tant que nos nuits buccales. Elle était de ces femmes qui dès la main sont nues. Je pouvais lui tirer des soupirs à l’arrondi de l’épaule, et des cris au creux de la clavicule. Je m’exerçais à la patience en butinant son cou mais, dès que mes lèvres harcelaient ses seins, qu’elle avait petits et fermes, je ne résistais plus. Je ne retrouvais un peu de mon calme qu’aux dernières côtes. Le sternum m’apaisait quelques minutes mais, sitôt le nombril, je sentais monter la transe.
J’en étais là de mes pensées que le portable scintilla. Quand Frida me rejoignit, elle portait trois sacs. Ses emplettes. « Je peux regarder ? » Elle secoua la tête, « Tu attendras ».
J’attendis jusqu’au soir. Je préparais un petit tagine de mouton. Elle entra sans rien dire, s’assit à la table et se versa un verre de cheverny blanc. « Sers-m’en un » dis-je sans me retourner. Quand elle dit « Cette nuit, rien que les yeux », je glissai l’œil vers elle. Elle était dans une merveille de délicatesse. Le soutien-gorge garance était cerné de guipures blanches ajourées posées là comme un semis de baisers. Elle se leva. Le string de même coloris présentait une fine largeur d’étoffe – elle se leva pour que je puisse n’en perdre aucun détail – échancrée dans l’entrejambe pour laisser voir le trait sombre de sa fente. Comme je m’approchais elle tint bon, « Ce soir, juste les yeux ». Je fis aussitôt glisser mon velours côtelé et mon slip. Je bandais, nom de Dieu ! A l’horizontale mais quand son regard vint caresser mon sexe, il se dressa à la diagonale. Du doigt je dénudai mon gland. Elle sourit, « Il n’y a rien de plus sensuel que de voir ton désir ».
Au lit, elle s’étendit sans rien dire. Nue, elle écarta les jambes. Ses doigts entrebâillèrent les portes du palais. Je m’agenouillai sur le tapis et plaçai la tête près de ses pieds pour admirer son con. Les poils frisottaient joliment, lacis noir sur la beauté sublime des chairs. Une légère écume cernait les grandes lèvres tandis que mon regard embrassait les dunes immaculées des cuisses et du ventre, d’où sourdait cette merveille. Des index elle déroula l’ourlet rose pour révéler ce qui se trame en ce palais : le sanctuaire rose vif des nymphes. Jamais nom ne fut plus mérité que celui, poétique, des petites lèvres. L’admirable dentelle incarnat guide les yeux vers l’alcôve haute du bouton divin qui frémit et palpite. Il suffirait d’y poser la langue pour voir se déchaîner un ouragan de désir, pour voir se creuser les vagues sous le plaisir et, entre les nymphes, s’ouvrir la fontaine magique où s’engouffre le foret. Je restai longtemps à contempler son oasis aux fruits fondants.

Le troisième soir, une voiture s’immobilisa dans la cour. Elle avait invité une amie. Une longue jeune fille aux cheveux nattés qui se présenta sous le prénom de Nezha. Du Maroc elle avait aussi le teint très mat et des yeux immenses. Elle était d’un commerce agréable, enseignait les lettres, dans un collège de la ville, à de jeunes boutonneux qui n’en voyaient que par le rap. Elle dit cela en souriant. Elle avait un joli sourire qui entrouvrait de longues lèvres pâles.
Je lui avais préparé la chambre d’amis. Elle monta se coucher. Du moins le crus-je. La soirée avait filé et je me rattrapais des baisers mis en réserve en dévorant la bouche de Frida. Ma main avait glissé sous sa robe et caressait ses fesses quand Nezha entra dans un déshabillé jaune canari. Elle happa ma bouche en souriant puis fit de même avec Frida. Elle ôta sa culotte et se mit en devoir d’embrasser le sexe de Frida. Instantanément je fus nu et approchai ma pine des lèvres de ma compagne. Nezha s’écarta et je pénétrai Frida, dont le con luisait de salive. Je fis quelques allées et venues. La langue de Nezha entra dans ma bouche avec lenteur. Frida, déjà, gémissait. A un moment, Nezha se cassa au-dessus du lit et fit glisser mon sexe hors de l’antre vaginal pour l’emboucher. Entre ses lèvres, je sentis mon membre durcir terriblement. Puis elle me poussa doucement vers le fauteuil. Je m’y assis. Elle enleva sa tunique et m’enjamba en offrant son dos à ma vue. Elle écarta les jambes et doucement guida mon sexe sur son anus. Elle mouillait et je coulissai vite avec frénésie. Elle avait une peau admirable, et un grain de beauté juste sous la saillie de l’omoplate droite. Elle avait pris appui des mains sur mes cuisses et montai et descendait avec régularité. Je bandais sec et bientôt le bruit des clapots rythma notre roulement d’essieux. Frida y allait de la bouche sur les petits seins érigés de son amie. Puis nous allâmes sur le lit. J’enfilai Frida par l’arrière pour pouvoir égarer mes mains sur le corps de Nezha. J’étais prêt de conclure. Elle le sentit et offrit à Frida son entrejambe. Je passai par-devant et nos bouches mêlèrent leurs salives fougueuses. Frida se dégagea et Nezha prit sa place sous mes coups de butoir. Tous les trois, nous nous laissions aller à de petits jappements qui enflèrent rapidement. Je me sentis couler en elle. Alors elle m’allongea sur le dos et leurs deux bouches, avidement, recueillirent la blanche semence. Je crus que je n’en finirais jamais. Je léchai leurs sexes qui étaient chauds et frémissants. La nuit fut d’une douceur infinie.

Le jour suivant, Frida m’annonça qu’elle partirait en fin de journée. Elle avait un rendez-vous incontournable à Paris. Je ne l’ai pas dit, elle travaillait dans l’édition. Elle négociait un contrat avec un auteur « important », un Suédois de premier plan qu’elle avait réussi à piquer à Actes-Sud. « Quarante ans et beau gosse, le Suédois ? » Elle ne répondit pas, d’abord, puis lâcha « Soixante-cinq, un charme fou mais… » « Mais ? » Elle m’entoura le cou de ses bras et murmura à mon oreille « Je t’aime ».
Fred vint dîner. C’était un copain de fac, un type que dévorait le cinéma. Un incroyable féru de la Nouvelle Vague. S’il n’avait pas vu « Pierrot le fou » vingt fois, il ne l’avait pas vu. Le repas fut animé, grâce à un petit écossais tourbé mais pas que. Fred connaissait tout et ses anecdotes faisaient mouche. Frida était aux anges. Elle m’embrassait toutes les cinq minutes. « Tu regardes le match ? » demanda tout à coup Fred. C’est vrai, c’était France-Bulgarie, le match qualificatif pour le Mondial. Un nul et on y était. « Bon, les garçons, je vous laisse » lâcha Frida.
Je ne vais pas refaire le match dont aucun détail n’aura échappé à vos souvenirs. Et surtout pas la connerie de Ginola, à dix secondes de la fin, quand il donne la balle à Penev qui lance Kostadinov sur l’aile droite. Un tir terrible en pleine lucarne et Gérard Houiller peut bouffer sa casquette. Un whisky et on monta se coucher. « Viens ! » dis-je à Fred. Il s’étonna mais je lui pris la main.
Frida soupira sous mes premiers baisers. Je lui susurrai « Regarde comme je t’aime ». Et les mains de Fred effleurèrent ses seins. Puis sa bouche lui picora le visage, la bouche, la poitrine. Moi, je léchais, plus bas, les sources sucrées. Elle ne sut qui la chevaucha. Elle gémissait de plaisir. Je la fis pivoter sur le côté et la sodomisai doucement car elle aimait quand je la prenais ainsi. Fred pétrit ses seins et, des doigts, lui caressa le con. Elle se laissa envahir par les sensations. A un moment je la basculai sur moi et lui écartai les jambes. Fred vint par-devant. Il posa les mains de part et d’autre et sa pine la pénétra lentement. Il entreprit avec précaution son va-et-vient. Frida échappait régulièrement de petits cris animaux. Le mouvement s’accéléra et les cris se firent continus. Elle agitait la tête de droite et de gauche, en proie à une excitation grandissante. Quand Fred à son tour gronda, je sus qu’il jouissait. Alors je déchargeai à mon tour. Mon sexe butait très loin en elle. Je la sentais sans résistance. Son corps s’abandonna. Nous restâmes longtemps ainsi, dans la même chaleur moite.
Au petit matin, Fred avait filé. Quand elle s’éveilla, le plateau l’attendait, thé et tartines beurre confiture. « Je te veux, toi ! » dit-elle en basculant sur moi et en agrippant mon sexe.

Et vous, qu'avez-vous lu de coquin ce mois-ci ? Rendez-vous chez Stephie...













mardi 3 juin 2014

Le premier mardi c'est permis (27) : Jours tranquilles à Herchies (1)

L’an dernier, pour les deux ans du Premier mardi c’est permis, je m’étais jeté dans le vide et j’avais mis en ligne un texte coquin écrit par mes soins. Je renouvèle l’opération cette année pour fêter le troisième anniversaire du célèbre rendez-vous de Stephie. Un texte coquin mais pas trop, un personnage féminin à des années lumières de la clit lit et de ses oies blanches initiées au plaisir par des magnats de la finance beaux comme des Dieux grecs. Une histoire simple, sans prise de tête et sans prétention. Le texte est tellement long que je vais le découper en deux « épisodes ». Si tout va bien, je vous proposerai la suite début juillet.
Une fois de plus je me lance sans filet et je compte sur votre indulgence (n’oubliez pas que je ne suis pas écrivain et que je ne le serai jamais). En tout cas une fois de plus je me suis beaucoup amusé à imaginer ce petit scénario…


Jours tranquilles à Herchies

Mes parents avaient accoutumé de villégiaturer l’automne en Italie. Ils m’abandonnaient la maison d’Herchies, à un jet de pierre de Beauvais. Et la petite voiture qui était, ces années-là, une Renault noire deux places. J’étais seul dans la grande bâtisse de brique en attendant la reprise des cours. Après avoir tâté du droit, par filiation (mon père était notaire), je m’étais inscrit en cinéma à Paris VIII. Je n’avais nulle intention d’exercer quelque profession que ce soit en la matière mais ma mère avait été sensible à ma volonté de titiller la fibre artistique. J’entrepris donc de fréquenter avec assiduité les salles obscures, amortissant mes frasques nocturnes en boîte de nuit en visionnant systématiquement deux à trois longs métrages dans mon après-midi. C’est que grande était mon inculture pour le cinéma « avouable », entendez art et essai, car mes penchants naturels étaient autres, comme vous l’allez voir...

Ce jour-là, à la séance de 14h, j’avais vainement tenté de percer l’âme chinoise en regardant Leslie Cheung et Zhang Fengyi se déchirer dans « Adieu ma concubine ». J’avais moi-même mis fin, deux mois plus tôt, à une liaison qui s’enlisait dans le prude et attendais de Chen Kaige qu’il me donnât quelques idées de substitution. Hélas le spectacle de la révolution culturelle me laissa désemparé. Deux heures trente quand même ! Du coup, à 18h, j’optai pour un changement radical de style. « La Vénus bleue » de Michel Ricaud me remit les idées en place. D’autant que Deborah Wells y produit un pastiche avantageux de Marlène Dietrich dans « L’ange » de même couleur. Avantageux pour la gourmandise des chairs, aux côtés d’Elodie Chérie et de Julia Chanel (qui en exhibe souvent deux, des « n » dans son nom…). Une production Marc Dorcel, c’est dire. Il n’aura pas échappé aux cinéphiles que nous sommes là en 1993, une grande année pour le X puisque je découvris Tabatha Cash (tout juste vingt ans) dans : (dans l’ordre) « Tales from the Zipper », « Rêves de cuir 2 », « Raunch 6 », « Anal academy », « Night train », « More dirty débutantes », « Ladykiller », « The golden girl », « Gangbang girl 9 »… « Adolescenza perversa » serait pour l’automne. « Quand elle exhibe les deux, Julia Channel ressemble à s’y méprendre à Tabatha Cash » a pu écrire un critique avisé dans le Quotidien du Médecin.
Avant la dernière séance, je me tapai un petit chinois. La serveuse était tout ce qu’il y a de plus asiatique. Quand j’en fus au dessert, je l’impressionnai fortement en reprenant cinq fois du gingembre. Je n’aurais pas dû : avec le sourire elle me glissa que généralement deux suffisent à faire de l’effet. A quoi je répondis qu’une seule m’aurait suffi si ç’avait été elle. Un partout. Et un sourire qui valait promesse. Ce sur quoi je m’engouffrai dans le hall, salle 3, où se projetait la palme d’or de Cannes. Jeanne Moreau, à mon goût dans « Jules et Jim » (bien que peu dévêtue), présidait le jury qui avait donc distingué une Néo-Zélandaise. Je n’étais pas un fada des tatouages et les prisais peu sur les bras ou dans le dos quand l’essentiel de l’action s’activait à l’étage inférieur.

Quelques jours plus tôt, clin d’œil du destin, j’en avais pourtant remarqué un à la table voisine du bistrot où j’avais mes habitudes. Une jeune femme téléphonait. Elle se tourna de trois quarts, posa l’index sur l’oreille pour mieux entendre. Sa main s’arrondit sur la joue. La manche de sa chemise glissa dévoilant une mince chaîne d’or et, sur la naissance du bras, s’épanouissait une rose à l’encre bleue. Les taches de rousseur donnaient à son visage un rien d’enfantin et de fragile. Son parfum fleurait le jasmin. Je ne sais pourquoi elle s’excusa en refermant son portable. Je lui souris, « Yâsaman ? » Que comprit-elle ? Elle secoua la tête, « Non, Frida ! » Je ne sus s’il s’agissait de son prénom ou du nom de son parfum. « Yâsaman, c’est le nom du jasmin en persan. » Mais il n’y avait pour l’heure rien de plus perçant que le sombre de ses yeux. « Frida, les Persans nomment ainsi les choses précieuses » répondit-elle malicieusement.
Le film était commencé depuis un bon moment quand elle se glissa dans le noir, premier fauteuil venu. Un mouvement près de moi, un soupir de banquette, un parfum qui s’installe et s’estompe. Je n’avais pas quitté l’écran des yeux. « La leçon de piano ». Hervey Keitel et Holly Hunter, ce moment où « Il y a des choses que j’aimerais faire quand vous jouez », un abandon. Elle se pencha vers moi, « C’est la première fois que vous le voyez ? » Je me tournai vivement, reconnus la silhouette, les yeux, souris, Non, la deuxième. « Vous voulez que je vous raconte la fin ? », je lui dis tout bas à l’oreille. Elle se baissa pour poser son sac à ses pieds, « Racontez-moi plutôt le début, le premier regard c’est ce qu’il y a de plus beau ». Je restai interdit. Elle s’était déjà tournée vers l’écran, calée dans son fauteuil. Elle dénoua le foulard qu’elle portait au cou, posa le bras sur l’accoudoir. Son aisance m’intimidait. J’observai le front, la frange de cheveux sombres, l’aplat de la joue. Je me penchai vers elle, « Je peux vous embrasser ? » Elle ne répondit pas, plaça juste l’index sur ses lèvres, Chut ! J’ajoutai, « Quatre touches, le baiser ! » Elle se tourna lentement vers moi, « Non, cinq ! », un sourire léger l’illuminait.
Ainsi était Frida. Qui devint vite hercinienne, puisque tel est le gentilé de Herchies.

Le premier soir fut celui-là, celui de Jane Campion. Nous bûmes un ou deux whiskies dans un pub. Elle était d’une conversation fort agréable et, circonstance aggravante, se passionnait pour le cinéma dont elle voulait faire son métier. Elle écrivait des scénarios, elle en avait d’ailleurs un dans son sac, elle me le tendit. « Vous savez ce que je vais vous dire ? » demandai-je. Avec une belle assurance, elle répondit : « Oui : Pas ici. » On éclata de rire et l’on monta céans dans la Renault noire. La route n’est pas bien longue, de Beauvais à Herchies et passe par le bois. « J’ai écrit un scénario à tourner de nuit dans un bois », dit-elle. Sa voix était vive, rieuse, une voix adolescente prompte à s’enflammer. Je ralentis et pris sur la droite un petit sentier qui s’évasait en parking. Je me tournai vers elle, je distinguais très nettement les traits de son visage à la clarté de la lune. Ils étaient fins, d’une douceur d’ange. Mon index toucha la joue, elle ne bougea pas, descendit jusqu’aux lèvres, elle me laissa faire. « Je peux vous embrasser ? » Elle approcha sa bouche, la posa sur la mienne sans presser, sa main droite caressa mon cou. Nous nous dévisageâmes longtemps. Ce fut tout.

La maison l’étonna. Nous ne nous étions rien dit de nos vies, nous avions toute la nuit pour cela. Elle jetait les yeux partout. Mon père avait le goût de l’architecture et le sens des proportions, ma mère celui de la décoration et de la profusion. Il en résultait une impression de quelque chose d’insatiable : où que les yeux portassent, ils avaient à s’émerveiller. Et si j’y étouffais, j’en goûtais le confort privilégié.
Dès la première minute, Frida fut chez elle. Après le premier Ardbeg Uigeadail, elle était chez moi. Elle m’avait peu dit de sa vie mais je la sentais palpiter. Elle s’esclaffait, parlait vite, sa voix chantait dans les aigus, l’amande de ses yeux brûlait d’envie. Des rayonnages de CD je tirai quelques standards. L’heure passa sans qu’on y prenne garde. « Je peux dormir chez toi ? » demanda-t-elle ex abrupto, car, depuis notre halte forestière, nous étions passés du voussoiement au tutoiement. Elle fit effort pour se lever mais elle titubait (le malt écossais titrait ses 54°2 !) en riant aux éclats. Elle s’enroula dans mes bras quand je la soulevai. Pour éviter les escaliers, je choisis la chambre du bas, qui fut celle de l’aïeule. Je la déposai sur le gros édredon à fleurs. Elle s’était endormie. Je la contemplai longuement, je la détaillai, depuis les cheveux châtain foncé qu’elle portait courts, à la garçonne, jusqu’aux jambes du collant, bleu nuit, à damiers aux motifs ajourés. Je délaçai les bottines de cuir clair, elle ne broncha pas. Je n’osai pas tout de suite faire glisser le collant, non que l’envie m’en manquât mais je ne voulais pas qu’elle se méprenne : je la voulais, bien sûr, mais consentante, vivante et plus que vive. Je déboutonnai son chemisier gris souris, soulevai doucement son bras gauche pour dégager la manche. Quand je fis de même avec le droit, elle soupira doucement. Elle portait un soutien-gorge noir à petits pois blancs. Ses seins étaient petits, comme de prime adolescente. Il faisait encore chaud, le soleil de juillet était généreux et attiédissait les nuits. Sa robe prune avait remonté à mi-cuisse. La boutonnière la délivra. Je creusai à peine l’édredon pour la descendre sur les pieds. Je m’arrêtai dans ma besogne pour contempler son corps. Toute la soirée je l’avais imaginée, là je la voyais. Il me restait une chose à faire pour l’avoir toute sous mon regard. Avec mille précautions j’écartai le tissu souple du collant pour dégager les jambes. La culotte était assortie au soutien-gorge, noire à pois blancs. Je sentis, au contact qu’en eut le dos de ma main, qu’elle était en satin. Elle eut un mouvement du buste pour se tourner légèrement et sa jambe gauche recouvrit la droite. De trois quarts je vis l’ambre de son dos, l’arrondi ferme des fesses, la plénitude des cuisses, le dessin des mollets, la finesse des attaches, la longueur des orteils qui étaient d’une princesse sud-américaine. Je ne sais d’où me vint cette comparaison, sans doute le prénom, Frida, ne lui était-il pas étranger. Son corps m’apparut dans toute sa splendeur et mes yeux n’en finissaient pas de glisser de haut en bas et de bas en haut. Je mourais d’envie de la caresser. Je pris sur moi, soulevai le coin de l’édredon et le refermai sur le trésor, Ali-Baba refermant son Sésame sans toucher à l’or. Je déposai juste un baiser léger dans le creux poplité du genou gauche. Elle soupira et, sans ouvrir les yeux, je crus l’entendre murmurer « Viens ! » Je demeurai interdit. Je vis alors sa main gauche s’égarer lentement sur le lit et venir se glisser dans ma chemise ouverte cependant qu’elle répétait « Viens ! » Puis elle tourna le visage, ouvrit les yeux et dit encore « Oh ! Viens ! »
Le lendemain matin, c’est son rire qui me tira du sommeil. Elle m’apportait le café. Sur le plateau était posée une enveloppe portant mon prénom. Je demandai « Une lettre de toi ? » Elle répondit « Une lettre de moi ». Je l’ouvris et lus ceci :

Intérieur nuit. Chambre, lit défait, oreillers et draps bleu nuit. Deux lampes de chevet. Musique : « Summertime » par Miles Davis.
Un été. Plein jour. Volets tirés. Fenêtre dans l’espagnolette. (Murmuré) Allonge-toi ! Moi en feu. Brûlante. Le cœur en fusion. Un désir à en avoir mal. Jusque dans les doigts. Ses yeux. Sa voix. Le mouvement à peine de ses lèvres. Son arc de Cupidon sur le V de mon ventre. Un brandon. Le hoquet du pubis sous les caresses. Son souffle chaud qui enfle. Mes poils au vent. Ondulent. Se couchent. S’éparpillent. Se dispersent. Appeler l’air dans les narines. Inspir expir au rythme de ses baisers. Ma peau claire entre les touffes. Le pointu frais de sa langue. Contraction. Un frisson jusqu’à l’omoplate. Sursaut du ventre. Pluie de baisers vers la clairière du sexe. Battements très fort aux tempes. M’ouvrir. Doucement. Sans heurt. Écarter mes lèvres. Tremblantes. Frémir de toute l’échine. Un abandon. Ce qui bat en haut en bas. Entre-deux l’indistinct du corps. Léger. Volatil. Chaque parcelle de ma peau. Ma main sur ses cheveux. Tignasse mal peignée. Îlots touffus collés par la sueur. Crêtes d’Indien. La virevolte de mes doigts écartelés sous le plaisir qui vient. Presser sa tête là. Un geignement m’échappe. Tout en bas monte le lancinant clapot du plaisir. Écraser sa chaleur dévorante qui me troue et me fouille. Éclairs prodigieux à travers le corps. Des sagaies. Tressautement des seins. Palpitation dans la gorge. Cela glisse en moi. Se propage. S’immisce. Cela coule en moi. Me dévaste. Lentement. Interminablement. Sans hâte. Des soupirs. Je m’entends soupirer. Ses lèvres, leur lent voyage jusqu’à mes lèvres. Le poids de son corps. Sa chair. Timidités. Frissons. Halètements. Sa poitrine sur la mienne qui s’érige. Son cou dans le creux de mon épaule. Sa main sous ma nuque. Son souffle sur mon visage. Son regard dans le mien. Un silence hors du temps. Sa bouche. Sa langue dans ma bouche. Ailleurs. Un été de nulle part.

… qui était l’exact scénario de notre première nuit d’amour. Je n’y résistai pas. Je l’attirai à moi, mordis dans sa bouche cependant que ma main faisait glisser le peignoir. Elle roula sur moi. Mes mains caressèrent son dos, ses fesses, elle gémit quand ma main gauche pétrit ses petits seins et que la droite glissa entre ses belles collines rebondies pour arpenter son périnée et entrer dans la grotte profonde où s’écoula une source chaude et chuchotante et clapotante qui lui tira de petits jappements joyeux de chien fou. Nos langues mêlaient leurs salives avec ardeur. Elle m’attira sur elle. Je redressai le buste pour respirer. Elle vint appuyer ses jambes sur mes épaules, inclinant le bassin à l’oblique, et guida ma turgescence dans son sexe béant. Son va-et-vient s’accéléra. Nous haletions comme des forcenés, ses muscles vaginaux enserraient mon phallus. Elle râla sous la première vague orgasmique. Ce fut un roulis incessant de plusieurs minutes. Je me contractai pour retarder l’éclosion de mon propre plaisir. Quand elle tressauta de tout le buste et que son râle se fit continu, avec des stridences de merle, je me cassai brusquement en deux, me déchirai la gorge d’un « Frida » d’agonisant tandis que de ma queue jaillissait le divin élixir.

A suivre...



mardi 6 mai 2014

Le premier mardi c'est permis (26) : Sexe, mensonges et banlieues chaudes - Marie Minelli

Je pensais avoir touché le fond en matière de clit lit avec la culotte sale de Mila Braam mais je me rends compte que l’on peut creuser toujours plus profond vers la médiocrité et j’avoue que ça m’affole un peu. Parce que là, franchement, le bouchon est poussé bien trop loin.

Dans ce roman, on suit la vie chiante à mourir trépidante de la  cruche pétillante Sara, richissime jeune femme de Neuilly fiancée à Amaury de Saint Sauveur, futur magnat de la finance. Le mariage avance à grands pas mais Sara s’ennuie ferme et ne voit pas l’avenir sous les meilleurs auspices. Avec Amaury, ce n’est pas vraiment le pied : « j’essaie de me souvenir de la dernière fois que j’ai joui avec Amaury… je crois bien que Whitney Houston était encore vivante et que DSK était considéré comme un espoir de la politique française. »

Prisonnière d’un milieu qu’elle trouve irrespirable, Sara va chercher à s’émanciper en remplissant un formulaire anonyme pour passer un entretien d’embauche à France Télévision. Recrutée pour faire partie d’un programme « spécial diversité », Sara se fait passer pour une marocaine et fréquente pour la première fois de sa vie des gens vivant de l’autre coté du périph. Parmi eux, le beau Djilali qui va faire fondre son petit cœur tout mou…

L’éditeur annonce en 4ème de couv « une comédie made in France avec de vraies scènes de sexe à l’intérieur ». Franchement, il y a tromperie sur la marchandise parce qu’en dehors du « made in France », je me demande où sont cachées la comédie et les vraies scènes de sexe. Bon du sexe, il y en a un peu. Mais ça vole pas haut. Parce qu’une fille qui crie en pleine copulation « Ah oui, oui ! Encore, encore… », c’était bon dans le porno à papa ce genre de choses. Niveau « émoustillage », je n’ai pas ressenti le moindre début de frisson. Les quelques rares « scènes de sexe à l’intérieur » m’ont laissé de marbre. Et pourtant je ne suis pas difficile d’habitude.

Autre énorme problème, les citations permanentes de noms de marques et de personnalités. On appelle ça le « name dropping » et c’est quelque chose qui me sort par les yeux. Là, on est au top du top de la bourgeoisie alors on a droit à du Vuitton, du Gucci et des tas d’autres trucs dont je n’ai jamais entendu parler. Et puis ils boivent des « mimosas » et je ne sais même pas ce que c’est que ce cocktail. M’étonnerait pas qu’il y ait du champagne dedans…

Donc si on fait le point, ça nous donne : du sexe pas émoustillant et une pub géante pour des marques inabordables. Ajoutez un incroyable catalogue de clichés pour faire bonne figure et la potion sera particulièrement amère. Dans le monde de Sara, c’est « grisant de chercher du boulot ». Dans son monde, tous les décorateurs d’intérieur sont gays. Dans son monde, on se demande si « l’amour c’est jouir ensemble ? Ou bien c’est se marier ensemble ? ».  Dans son monde, quand on met un pied dans le 93 c’est pour se retrouver dans une loge VIP du stade de France. Et je vous passe les orgies cocaïnées de la jeunesse dorée du royaume de France…

La cerise sur le gâteau, c’est quand même la platitude totale de l’écriture, malgré quelques passages assez drôles. Et quand on s’apprête à se lancer dans une scène torride, le ridicule n’est jamais loin. Petit exemple éloquent : « Son odeur envahit mes narines. Une odeur de musc, de transpiration, de café fort, bref une odeur de mâle. Je jurerais même qu’il sent un peu la bite. »  Heu, comment dire, là je crois que ça va pas être possible. Sentir un peu la bite ? Quézaco ? Sentir de la bite à la limite je veux bien, et au moins ça me parle. Mais sentir la bite, franchement, ça ne veut strictement rien dire, non ?

Bref, vous aurez compris à quel point j’ai adoré ce roman... Il faut sans doute prendre tout cela au second ou au troisième degré pour en extraire la substantifique moelle mais j’avoue que c’est au dessus de mes forces…

Sexe, mensonges et banlieues chaudes de Marie Minelli. La Musardine, 2014. 180 pages. 14,00 euros.

Une participation de plus à l'incontournable rendez-vous de Stephie et une lecture commune que je partage avec Hélène et Leiloona.







mardi 1 avril 2014

Le premier mardi c'est permis (25) : Les cadeaux de Stephie

J’ai eu la chance de croiser Stephie au salon du livre. La grande prêtresse des 1ers mardis coquins m’avait préparé un colis spécial « Mille et une frasques », autant vous dire que j’ai été particulièrement gâté. Tout m’a plu dans ce colis : les friandises (même si certaines ne m’étaient pas destinées), le mug, le livre mystère (et oui parce qu’il y en avait un), les romans et les trois petites choses dont je vais vous parler aujourd’hui.


Commençons avec un tour du monde du Kama Sutra. 80 positions dans 80 régions ou pays différents. La mise en page est simple : une illustration, un descriptif de la position et une proposition de jeu sexy pour pimenter l’affaire. Le problème c’est que les dessins sont affreux et pas émoustillants pour deux ronds. Et puis entre les positions impossibles à réaliser (Nouvelle-Zélande ou Madagascar par exemple) et celles déjà vues cent fois, il n’y a pas grand-chose à tirer de ce petit guide. Le texte ne vole pas bien haut non plus. Comme les noms trouvés à chaque position d'ailleurs (position du trèfle en Irlande, de la tulipe aux Pays-Bas, de la moule en Belgique, etc.). Bref, c’est très, très léger…  


Avec le sexy quiz des éditions de la Musardine, on passe dans un tout autre registre. Un recueil de questions et de tests pour savoir si votre homme est un bon coup. En théorie j’aurais dû laisser madame s’en charger, mais elle est tellement peu objective que j’ai préféré le faire moi-même. Je ne vais évidemment pas vous infliger tout le questionnaire mais juste en balayer les grandes lignes.
voyons ce que donnerait mon portrait chinois :
S’il était un genre cinématographique, il serait… Une comédie romantique (je préfère ça au film X, à la comédie déjantée ou au film « à la Tarentino »).
S’il était un vêtement, il serait… Un jean moulant !
S’il était un animal, il serait… Oublions le lapin, je dirais plutôt un cerf (le taureau fait trop bourrin et trop prétentieux)
S’il était un personnage de BD, il serait… Superman !
S’il était un groupe de Rock, il serait…. Les Rolling Stone (punaise, il y avait Tokyo Hotel et les Bee Gees parmi les autres propositions !) 
Résultat des courses, je vous le donne en mille : « c’est un véritable partenaire sexuel doué pour le partage des émotions fortes. Attention à ne pas vous le faire voler ! ». Ce n’est pas moi qui le dis…
Quiz suivant : « Est-il un grand romantique ? ». Même pas besoin de répondre aux questions, la réponse est forcément oui.
On a aussi droit à : « Est-il le roi des fantaisies érotiques ? ». Verdict : Pas loin du couronnement (en toute modestie bien sûr).
A la question « Un libertin ? Lui ? » je n’ai pas à remplir le questionnaire, je sais que la réponse est non. Pas nécessaire de faire non plus celui qui s’intitule « Est-il influencé par le porno ? » puisque la réponse est aussi négative (jamais au grand jamais de porno chez moi voyons !).
Franchement je ne suis pas certain, mesdames, que vous ressortiez de ce petit bouquin avec des certitudes concernant les compétences sexuelles de votre homme. Mais c’est dans l’ensemble plutôt frais et rigolo, surtout si on répond aux questions à deux. Une jolie découverte.


Le cahier de vacances érotiques propose quant à lui un nombre incalculable d'activités dans tous les domaines : littérature, grammaire, vocabulaire, arts plastiques, cinéma, musique, philo, maths ou sciences naturelles, il y en a pour tous les goûts.
On suit les tribulations de Léo et Léa, un couple libre qui se sépare le temps des vacances. Léa la coquine s'envole vers des contrées ensoleillées et multiplie les aventures tandis que Léo reste à Paris pour jouer les séducteurs urbains, sans grand succès. Alors que je m'attendais franchement au pire, j'ai été surpris par la richesse et la diversité du contenu qui s'avère particulièrement instructif. Un outil idéal pour approfondir de façon très ludique sa culture érotique, je vais m'attacher à répondre à tous les exercices proposés.

Stephie, je te remercie chaleureusement  pour tous ces cadeaux et pour les petites attentions dont je ne  parlerais pas ici. C'est vraiment un plaisir de te connaître !





    








mardi 4 février 2014

Le premier mardi c'est permis (24) : Kamasutra : ce que veulent vraiment les hommes

Depuis que je participe au rendez-vous de Stephie je vous ai présenté un dictionnaire coquin, je vous ai expliqué comment faire l’amour à un homme et comment rater sa vie sexuelle et je vous ai même fait un petit topo sur l’éjaculation précoce. Aujourd’hui je vais vous dire ce que veulent vraiment les hommes en matière de sexualité. Enfin, d’après ce bouquin, alors autant dire qu’il va falloir grandement relativiser ce qui va suivre.

Cinq grands chapitres, mêlant conseils pratiques et témoignages masculins.

1) Caresse-moi : je vous la fais courte mais en gros on adore les massages et les caresses (tu parles d’un scoop !). N’hésitez pas à titiller notre point F et notre point P, sans oublier notre point U (je vous laisse chercher à quoi tout ça correspond mais vous avez l’air malines maintenant avec votre seul point G^^). Mon passage préféré de ce chapitre a pour titre « Jouer aux boules » : « Nos boules sont très proches de la salle de bal (j’aurais plutôt dit du trou de balle même si c’est tout de suite moins glamour) mais on ne les invite pas à la fête. C’est bien dommage car elles sont pleines de terminaisons nerveuses et nous adorons quand vous jouez avec. »
Sinon, parmi la foultitude de conseils prodigués, il y en a quelques uns qu’il faut oublier avec moi comme le suçotage des doigts de pieds par exemple. Je trouve l’idée super dégueu (pas que j’ai les pieds crados mais le fétichisme des pieds, ça me donne des hauts le cœur). Autre truc à éviter, la brutalité (il paraît que nombreux sont les hommes qui aiment être brutalisés pendant les ébats. En ce qui me concerne, les menottes, les griffures, les fessées ou le martinet, c’est pas du tout mon truc).

2) Aguiche-moi : On insiste sur l’importance du baiser, du souffle, de la langue. Suivent les sempiternels conseils sur la fellation et ses variantes avec cette règle d’or à respecter que je vous rappelle une fois de plus parce qu’on ne le dit jamais assez : « Sans les dents ! » Par contre, il est ici ajouté : « Sauf petit mordillement avec accord préalable. » Ce à quoi j’ai envie de répondre : même pas en rêve !

3) Séduis-moi : « Si vous désirez un homme, dites-le lui franco. Vos compliments lui iront droit aux parties génitales » (Euh, c’est pas si simple en fait). Envoyez-lui des sextos, félicitez-le quand il a été à la hauteur. (mouais, pourquoi pas…). « Passez un après-midi au lit ou octroyez-vous une grasse matinée coquine. » (moi je veux bien mais il faut être un couple sans enfants parce que sinon je ne vois pas comment c’est possible). Un chapitre sans intérêt qui se termine par le catalogue des positions et des lieux où l’on peut s’acoquiner (le genre de truc déjà vu cent fois ailleurs).

4) Fais-moi plaisir : Proposez des séances photos torrides (en short ?), baladez-vous en mini-jupe sans culotte et penchez-vous pour ramasser quelque chose (sérieux ?), donnez-lui votre rasoir et invitez-le à tailler votre petit buisson (sérieux ?), faites un strip-tease, etc. Plus étrange : « Allez au lit avec un chapeau. Cela peut sembler bizarre mais c’est une façon sexy et coquine de nous dire de quelle humeur vous êtes. » (??????).

5) Électrise-moi : N’hésitez pas à prendre des postures de chienne en chaleur, on adore ça (par contre vous, si ça vous gêne parce que, disons, vous avez un minimum de pudeur, peu importe…). Déguisez-vous, attachez-nous, faites-nous la surprise d’un plan à trois (avec deux filles si possible en ce qui me concerne), bref électrisez-nous !

Que dire en conclusion ? Entre les conseils vus et archi-vus des centaines de fois et ceux qui vont vous laisser pour le moins dubitatives, il ne reste pas grand-chose à sauver de ce « Guide indispensable écrit PAR des hommes POUR des femmes » (dixit l’éditeur). Personnellement, j’y vois une façon un brin grossière de prendre les femmes pour des cruches et ça m’agace au plus haut point.


Kamasutra : ce que veulent vraiment les hommes. Éditions Fetjaine, 2012. 240 pages. 9,90 euros.




mardi 14 janvier 2014

Le premier mardi c'est permis (23) : Pornstar d'Anthony Sitruk

L’auteur précise dans les remerciements que son texte est inspiré d’une rencontre avec un acteur et que les anecdotes sont reproduites le plus fidèlement possible.

L’histoire raconte la fin de carrière d’Alan, acteur porno proche de la soixantaine, icône de l’âge d’or du X dans les années 70 et qui tourne encore épisodiquement pour d’obscurs réalisateurs mettant leurs « œuvres » sur le net où la rémunération varie en fonction du nombre de téléchargements. Un milieu marginal et sans concession où la légèreté n’est pas de mise et où chacun tente de tirer son épingle du jeu en allant toujours plus loin (qui a dit plus profond ?) dans les pratiques extrêmes : « Aujourd’hui on fait dans le dépouillé, le chirurgical et si la technique le permet, la coloscopie. » Alan porte un regard sans concession sur la profession, sur ce que le milieu dans lequel il évolue depuis des décennies est devenu. Mais il sait aussi qu’il est incapable de faire autre chose alors il continue malgré tout, sans entrain, de façon quasi-mécanique. Il faudra une rencontre avec une jeune fille fragile et une opportunité dans le cinéma traditionnel pour qu’Alan, enfin, puisse imaginer un avenir meilleur.

Mon Dieu que l’industrie du porno est glauque ! Beaucoup de cynisme, aucune considération pour des actrices naïves que l’on maltraite à longueur de scènes et que l’on paie à coups de bâton, une compétition féroce entre réalisateurs, un public qui encourage l’escalade vers des choses toujours plus cradingues… il y a de quoi vous donner la nausée. Au moins ce roman permet de jeter un œil dans l’arrière cour d’un milieu très fermé. Pour le coup c’est pas joli-joli (c’est même carrément dégueulasse !) mais la démarche a le mérite d’être honnête. C’est d’ailleurs surtout le danger qui guette les actrices qu’il importe de montrer du doigt : « La petite a bien cerné le problème : pour 200 euros à tout péter, elle a bradé son cul, sa chatte, son honneur, son identité, son avenir, ses rêves, ses espoirs, son âme, à un connard qui diffusera les images pendant les siècles à venir sans lui reverser un centime de plus. Et l’amnésie collective n’existe pas sur internet : une fois en ligne, c’est fini. »

L’écriture en elle-même n’a rien de transcendant, elle est simple, dépouillée, très familière, même si quelques éclairs de poésie (si on peut dire) traversent le texte. Petits exemples avec la première phrase du roman : « Mine de rien, ça doit bien faire 45 minutes que je l’encule. » ou encore « D’un œil, je contemple la traînée d’escargot qu’elle a laissée sur le cuir synthétique Ikéa, de l’autre ma jute couler de son menton sur le dossier du canapé. » Classe, non ?     

Personnellement, je ne connais rien au porno, je n’en ai jamais regardé (le premier qui rigole au fond, je lui mets un taquet...) mais si vous êtes fan du genre, ce roman fort instructif vous laissera en bouche un goût amer, pas possible autrement.


Pornstar d’Anthony Sitruk. La Musardine, 2013. 128 pages. 14 euros.





mardi 3 décembre 2013

Le premier mardi c'est permis (22) : Histoires inavouables - Ovidie

Se taper le fiston à peine adulte d’une copine. Se coincer des balles de ping-pong dans un orifice pas fait pour cela. Penser trouver des filles faciles en boîte et tomber dans un piège. Faire des trajets en métro un moment hautement érotique. Tester l’échangisme et perdre le contrôle. Envoyer des sextos et des photos coquines à la mauvaise personne. Toutes ces anecdotes inavouables et quelques autres sont relatées ici dans de courtes nouvelles dessinées. Elles sont inspirées de faits réels et ont été confiées anonymement par leurs protagonistes à Ovidie, ex-actrice et productrice de films X.

Le résultat est frais et léger. Surtout, il sonne vrai, loin des BD porno aguicheuses où une oie blanche se transforme en bête de sexe en deux coups de cuillère à pot (ou plutôt en deux coups de reins). Le but n’est pas d’exciter le lecteur à tout prix mais juste de proposer quelques chose d’un peu décalé et amusant. Mon histoire préférée est celle des copains hétéros qui regardent ensemble un film porno et en viennent aux mains (si vous voyez ce que je veux dire...). C’est très drôle et ça m’a rappelé quelques souvenirs de jeunesse (t’inquiète Arnaud, on était des gamins, il y a prescription).

Le dessin en noir et blanc de Jérôme d’Aviau est simple et très parlant. Sans effet de manche (ah, ah, qu’est-ce que je suis marrant...) il met en scène des femmes « normales » aux corps aussi imparfaits qu’attirants. Pareil pour les hommes qui ne sont pas tous, loin de là, montés comme des ânes. D’où forcément le coté très naturel et réaliste de chaque histoire (ben oui, on n’est pas tous fortement membrés comme dans les livres et les films vous savez. Enfin je veux dire, les autres ne sont pas tous fortement membrés comme dans les livres et les films).

Soyons clair, ce recueil d’histoires inavouables n’a rien d’inoubliable mais il m’a fait passer un très agréable moment. Longtemps que la BD érotico-porno ne m’avait pas décroché un sourire, rien que pour ça, je ne regrette pas d’avoir découvert cet album.

Pour finir un petit aparté qui m’a bien fait rire. Dans une interview à la revue Casemate, Ovidie affirme : « Le spectateur d’un film porno se barre en moyenne au bout de douze minutes, alors que, sur mes films, le taux de décrochage est très faible. Les gens sont excités mais regardent l’histoire jusqu’au bout. »
Bien sûr, bien sûr... Bon je n’ai jamais vu un film d’Ovidie mais si ça devait arriver un jour, m’étonnerait pas que je « décroche » (j’adore le choix de ce mot par rapport aux circonstances) avant la fin, quelle que soit l’histoire.

Histoires inavouables d’Ovidie et Jérôme d’Aviau. Delcourt, 2013. 102 pages. 14,95 euros.

Une lecture commune que j’ai l’immense plaisir de partager avec Noukette. Ce n’était pas vraiment prévu au départ mais figurez-vous qu’elle a ramené cet album de Montreuil. Oui, vous avez bien entendu, le salon du livre et de la presse jeunesse cachait en son sein (ou plutôt sur le stand Delcourt) de la BD olé-olé. Forcément Noukette n’a pas pu résister. Il faut dire qu’elle a peut-être été un tantinet influencée mais c’est une autre histoire...






mardi 5 novembre 2013

Le premier mardi c'est permis (21) : Les doigts de pied en bouquet de violettes

Aujourd’hui point de rigolade, je vais tenter d’enrichir votre vocabulaire. J’ai en effet honteusement profité du rendez-vous mensuel de Stephie pour me pencher sur un petit dictionnaire coquin de l’amour et du sexe. Au menu 369 expressions pour dire « la chose ».  Mes lectures érotico-porno récentes (et le plus souvent navrantes) m’ont conforté dans l’idée que si les mots du sexe sont partout, ils sont toujours les mêmes. Une poignée de mots précis, concrets et sans fioritures dont je vous épargnerai la liste mais que vous connaissez sans doute par cœur. Le champ lexical érotique est de nos jours archi-limité alors que depuis la nuit des temps les métaphores s’inscrivent aux sources du vocabulaire sexuel. La volonté clairement affichée de tenir à distance la métaphore pour que le « parler cru » soit directement accessible à tous est une forme d’appauvrissement  de la langue. Il y a pourtant tellement de possibilités pour qualifier l’acte sexuel. Vous voulez sans doute des exemples pour juger sur pièce ? Allez, c’est parti. Mais attention, je préviens les oreilles chastes que parmi les phrases et expressions qui vont suivre, certaines sont susceptibles d’heurter leur sensibilité. Je dis ça, je dis rien.

On commence avec une expression qui, en ce qui me concerne, a tout de l’autoportrait (ma modestie légendaire va encore en prendre un coup mais j’assume) : « Être ferme des rognons » qui signifie être solide au combat amoureux, faire durer le plaisir.

A l’inverse, une jolie métaphore pour les éjaculateurs précoces : « Allez trop vite à l’offrande et faire choir le curé. » Une  phrase qui date de la fin du 17ème siècle.

Dans le domaine animalier, difficile de ne pas tomber dans le grassement vulgaire. En cherchant bien, on peut trouver quelques images plus raffinées (quoique…) :
- « Faire miauler ou ronronner le chat » fait évidemment référence à la jouissance féminine.
- « Laisser le chat aller au fromage » est plus recherchée et plus complexe puisqu’elle s’emploie pour signifier qu’une fille a perdu son pucelage, le « fromage »  incarnant ici le sperme qui, en argot, est souvent et sans surprise assimilé à un laitage (lait, yaourt, etc.).

Lorsque l’on emploie un vocabulaire artisanal et professionnel pour qualifier la chose, je trouve que c’est toujours sans finesse. Avouer que « rectifier le joint de culasse », « se vider les burettes » ou « bétonner la caverne », ça manque de classe. Je préfère de loin quand on donne dans le bucolique. « Allez aux fraises » par exemple, que je ne connaissais pas et qui me plait beaucoup (la fraise imageant tantôt le clitoris tantôt les pointes des seins) ou encore « éternuer dans les broussailles » (lorsque l’homme éjacule sur la toison pubienne).

Chez les gourmands, on oscille entre le délicat (« vider son carafon d’orgeat ») et le cru de chez cru que je trouve bien trop rentre-dedans (si je puis de dire) comme « casser une croûte de cul » ou « mettre l’andouille au pot » (expression que l’on doit à Rabelais). Dans le genre, le célèbre « dégorger le poireau » ne brille pas non plus par sa finesse, c’est le moins que l’on puisse dire.

Après, il y a certaines expressions totalement incompréhensibles sans explication de texte. Prenez par exemple « faire voir la feuille à l’envers ». Dans son Dictionnaire érotique moderne (1864), Alfred Delvau donne la définition suivante : « faire l’amour à une femme dans les bois, parce qu’étant sur le dos et levant les yeux au ciel, elle ne peut apercevoir que le dessous des feuilles d’arbres. » Une expression vraiment pas commune que l’on retrouve pourtant chez Rétif de la Bretonne (Les contemporaines, 18ème siècle) et Zola (La terre, 1887). Autre expression obscure à première vue, « aller au gratin » qui signifie, toujours dixit Delveau, « faire l’amour avec une prostituée sans payer, par délicate allusion au gratin que laisse un mets au fond de la casserole et qui trouve toujours un amateur quand tout le monde est servi. » (amis de la poésie bonsoir….).

Allez, je ne peux pas en rester là sans vous donner mon expression préférée, une expression que je ne connaissais absolument pas mais qui m’a parlé et fait rire dès que je l’ai découverte : « Faire éternuer le cyclope ». Une métaphore « éjaculatoire » dont on trouve l’explication dans le très sérieux « Dictionnaire du français non conventionnel » de Cellard et Rey : « la métaphore part de l’analogie du méat urinaire avec un petit œil. Le gland est lui-même une tête chauve dont le méat est l’œil unique. » Voila des éclaircissements limpides !

Pour finir un mot sur « Avoir les doigts de pied en bouquet de violettes » que l’on retrouve dans le titre de l’ouvrage et qui représente une bien jolie façon de définir l’orgasme. C’est quand même plus poétique et  recherché que le banal « prendre son pied », non ?


Les doigts de pied en bouquet de violettes : Dictionnaire coquin de l’amour et du sexe en 369 expressions de Sylvie Brunet. Éditions de l’opportun, 2013. 386 pages. 13 euros.

Si Marilyne l'accepte malgré son sujet "tendancieux", ce billet signera ma participation de novembre au projet non-fiction.






mardi 3 septembre 2013

Le premier mardi c'est permis (20) : Faire l'amour à un homme

C’est le billet de Canel qui a titillé ma curiosité. A la lire j’ai compris qu’il me fallait absolument découvrir cette pépite. Comme elle, je tique sur le titre. Pourquoi « à » ? Le « avec » aurait été bien plus approprié. Ce « à » réduit l’homme au rôle d’objet et fait de sa sexualité un exercice purement mécanique. Alors que je le dis bien haut : nous ne sommes pas des machines ! (et en ce qui me concerne il y a un petit cœur qui bat sous cette énorme paire de c*******). 

Passons. Quatre grandes parties pour faire le tour de la question, c'est finalement assez peu : Comprenez et réveiller le désir de votre homme / Aimez-vous, votre homme vous aimera / Comment le rendre fou ? / Jeux raffinés et scénarios.

La première moitié de l’ouvrage empile les clichés et enfonce des portes grandes ouvertes. Allez, quelques exemples : aimez-vous, ne laissez pas le quotidien prendre le pas sur votre sexy attitude (qui doit évidemment être permanente), prenez le temps de vous occuper de vous pour nous faire plaisir (épilation, maquillage, coiffure, fringues...), faites du sport. Concernant les fringues, un conseil incontournable parmi tant d’autres : « Le seul critère qui doit orienter votre choix pour l’achat d’un pantalon est le suivant : me fait-il un joli cul ou pas ? ». Donc si vous avez la taille un peu serrée et que vous passez vos journée en apnée peu importe car n’oubliez jamais que la seule chose qui compte c’est d’avoir un joli cul. Aucun mot sur le potentiel érotique du short en jean dans cette partie, autant vous dire que j’ai lu tout ça en diagonal.

Dans les pages suivantes on vous parle mécanique avec LA question fondamentale, la taille ! Et cette révélation incroyable : « Les hommes sont totalement obsédés par la taille de leur queue, dont ils sous-estiment presque toujours la longueur. » Pas faux. Moi par exemple, je passe mes journées à tirer dessus. Bon j’espère que vous avez compris le message, on a besoin d’être rassuré par rapport aux dimensions de notre engin alors n’hésitez pas à nous dire qu’elle est énorme même si c’est pas vrai, ça fait toujours plaisir à entendre. Je vous passe les détails sur le viagra, la panne et l’éjaculation précoce parce que sinon ce billet va être interminable. Quand même par rapport à l’éjaculation précoce, j’adore ce conseil : « incitez-le à se masturber de temps en temps dans la journée, il sera sans doute plus endurant quand il vous retrouvera le soir. » Et mes collègues qui se demandent pourquoi je passe autant de temps aux toilettes... 

La seconde partie rentre dans les détails si je puis dire. Des zones érogènes masculines en passant par les massages et la stimulation manuelle, les généralités s’enchaînent. S’attardant plus longuement sur « L’art de la fellation », l’auteur se pose en grand spécialiste de la question. Ses conseils vont du purement hygiénique (ne pas faire ça juste après s’être brossé les dents parce que les gencives sont irritées et laissent plus facilement passer les bactéries) au terriblement technique (de la meilleure position aux figures les plus compliquées à exécuter comme « la savonnette » ou « le tire-bouchon ». Tout un programme n’est-ce pas ?). Puis vient le petit laïus sur une autre question fondamentale : faut-il avaler ou pas ? Dans cette longue partie consacrée au sexe oral j’ai adoré le tableau listant les choses à éviter : ne pas fermer les yeux (ah bon ?) / ne pas croquer (tu m’étonnes !) / ne pas mettre un doigt dans le derrière du monsieur sans crier gare en pleine fellation, il pourrait mal le prendre (je veux mon neveu !) / faire très attention si on joue avec les incisives à ne pas faire de copeaux (bon ok ça c’est moi qui l'ai rajouté…), j'en passe et des meilleures.

Tout cela se termine avec le kama-sutra revisité et quelques scénarios soi-disant émoustillants mais surtout terriblement clichés et déjà-vu.

Franchement je ne vois aucun intérêt à ce bouquin. Une femme avec un minimum d’expérience n’a pas besoin d’entendre ce monceau de conneries. Pour une débutante, c’est encore pire. Si, lorsque le grand soir arrive, elle cherche à mettre en application tous les conseils contenus dans ce livre, c’est la cata assurée. Et puis à quoi bon un manuel pour faire l’amour à un homme ? De l’écoute, du respect, des échanges, une vraie complicité et pourquoi pas même, soyons fous, un soupçon de sentiments réciproques seront toujours mille fois supérieurs à tous les guides pratiques de la terre.


Faire l’amour à un homme de Pierre des Esseintes. First, 2013. 158 pages. 2,99 euros.

L'avis de Saxaoul





mardi 6 août 2013

Le premier mardi c'est permis (19) : Il faut jouir, Édith

Bon, ce mois-ci, pas de clit lit à la c.., pas d’essai à la mords-moi-le-nœud mais un petit texte tout en finesse. Un texte publié pour la première fois en 2004 aux PUF dans la collection « Perspectives critiques ». Oui, vous avez bien lu, aux Presses Universitaires de France. Un roman érotique aux PUF, ça a quand même plus de gueule qu’un Passion intense chez j’ai lu, non ?

Ça commence par un coup de téléphone. Elle prospecte pour tenter de placer des stations d’affinage censées purifier l’eau courante. Il décroche et se lance dans un plan drague plutôt convenu mais qui a l’air de fonctionner. Il lui annonce qu’il est écrivain et lui demande ses coordonnées afin de lui envoyer son livre. Ils se recontactent à plusieurs reprises par téléphone puis entament une correspondance. Elle est mariée et mère de famille mais elle se laisse petit à petit embarquer dans un jeu de séduction qui bouscule son train-train quotidien et réveille une libido en sommeil depuis trop longtemps. Leurs échanges deviennent de plus en plus torrides et ils vont se rencontrer à plusieurs reprises, dans un parc, dans une voiture et finalement à l’hôtel. Lui n’a qu’une idée en tête, la faire jouir (car elle ne s’en croit plus capable depuis longtemps). Avec obstination, imagination et persévérance, il va parvenir à ses fins.

Enfin un vrai plaisir de lecture dans le cadre du rendez-vous de Stephie, je commençais à désespérer. Un délicieux petit roman, uniquement basé sur des échanges téléphoniques et épistolaires. C’est fin, jamais vulgaire, tout en suggestion, loin des descriptions quasi gynécologiques qui fleurissent partout ailleurs. Tellement plus émoustillant en somme. Et puis les personnages ont de l’épaisseur. D’un coté l’écrivain canaille, un brin pervers, séducteur patenté qui sait parfaitement ce qu’il fait et ce qu’il veut (sans compter qu’il n’a ni passé douloureux avec une fêlure d’enfance à cicatriser et encore mois un physique de dieu grec) et de l’autre une mère de famille faussement ingénue qui cherche juste à pimenter son quotidien et reste d’une totale lucidité quant à cette relation adultère (pas une oie blanche nunuche qui tombe amoureuse de son patron en attaquant son premier jour de stage).    

Les échanges sont enlevés, il y a ce petit soupçon vachard qui empêche le récit de tomber dans la guimauve et en plus quelques passages sont plutôt drôles. Bref, je recommande chaudement si vous voulez sortir de la médiocrité ambiante.

Il faut jouir, Édith d’Alain Bonnand. La Musardine, 2013. 138 pages. 7,60 €.





mardi 2 juillet 2013

Le premier mardi c'est permis (18) : Déshabille-moi de Mila Braam

Je n’avais pas du tout prévu de lire ce livre ce mois-ci pour le rendez-vous de Stéphie. A vrai dire je ne connaissais même pas son existence. C’est Liliba qui a pensé à moi après avoir découvert cette histoire de culotte sale. Une charmante attention, je la remercie...    

Eh oui, parce que dans Déshabille-moi, la narratrice est une culotte. Une culotte achetée en vitesse par Célia dans un bazar en bas de chez elle. Plus aucun sous-vêtement de propre avant de partir au boulot, elle n’avait pas d’autre solution. Une culotte toute simple en coton avec un hippocampe sur le devant. Très cul-cul, quoi. Donc la culotte raconte. Elle raconte qu’elle possède un pouvoir magique et qu’elle ressent les expériences sexuelles vécues précédemment par ses propriétaires. Plus fort même puisque la femme qui l’enfile va elle aussi ressentir le passé sexuel de celles qui l’ont portée avant elle. Bon, pour ça, il faudrait que l’on se prête une culotte comme on se prête un pull. Je vous passe les détails mais figurez-vous que c’est exactement ce qui va arriver. La culotte va naviguer de main en main (ou plutôt de chatte en chatte, excusez ce langage un peu vulgaire mais j’essaie de me mettre au niveau du texte.) sans que jamais personne ne la lave (c’est mieux pour garder les sensations des porteuses précédentes). Oui parce que dites-vous bien que ses porteuses sont ou vont devenir de sacrées petites cochonnes, forcément. Et qu’une fois qu’elles auront découvert son pouvoir, plus question de la laver au cas où ce pouvoir disparaisse. Du coup ça nous vaut ce constat plein d’à-propos de ladite culotte : « Je vous rappelle au passage qu’il y a moins de quatre ou cinq jours que j’ai été sortie de mon emballage, que depuis quatre femmes différentes m’ont portée et je n’ai toujours pas bénéficié du moindre lavage. Je sens si fort que je me dégoûterais presque moi-même. Mon entrejambe est si imprégné de liquides divers, asséchés et solidifiés, qu’il a perdu toute souplesse. » Il y en a qui aiment, il paraît. Des fétichistes de la culotte. Perso je préfère quand un sous-vêtement sent la lessive et l’assouplissant. Chacun son truc.

Un petit livre sans prétention, c’est le moins que l’on puisse dire si on ne veut pas être méchant. L’histoire est totalement tirée par les cheveux (j’aurais pu écrire « par les poils pubiens » pour rester au niveau) et la narration ne tient pas debout. Ben oui, si c’est la culotte qui raconte, elle ne peut normalement relater que les événements qui se passent sous les yeux de son hippocampe. Alors quand elle décrit les faits et gestes d’un mec tout seul à l’hôtel qui attend sa maîtresse, on n’y croit plus (déjà qu’au départ c’était pas gagné). Comment elle fait pour savoir ce qui se passe dans cette chambre d’hôtel alors qu’elle n’y est pas ? Elle est omnisciente la culotte? Bon je chipote mais avec des détails comme ça, je décroche.

Sinon, sachez que dans ce livre on « frémit du gland » (longtemps que ça ne m’est pas arrivé), il y a des « copeaux de plaisir qui éclaboussent la chambre, les draps, les vêtements » (longtemps que ça ne m’est pas arrivé non plus) et notre narratrice est une petite sensible qui n’hésite pas à s’exclamer : « Je refuse de sentir ces grosses couilles poilues sur moi ! ». Voila, voila. La grande classe.

Soyons clair, ça sent à plein nez le texte de commande torché à la va vite et sous pseudo. Battons le fer tant qu’il est chaud, pas certain que la ménagère soit encore demandeuse de clit litt l’année prochaine...  Lamentable et sans aucun intérêt. Désolé Lili, ça m’a fait sacrément plaisir que tu penses à moi en m’envoyant ce roman mais j’avoue que je n’ai pas aimé grand-chose en dehors de quelques passages qui m’ont arraché un sourire. Finalement je constate que je suis plutôt mauvais public pour ce genre de bouquin. Je devrais le savoir depuis le temps. Et pourtant à chaque fois je replonge. Y a comme un hic, non ?

Déshabille-moi de Mila Braam. J'ai lu, 2013. 156 pages. 5,60 euros.

L'avis de Liliba ; ceux de L'irrégulière et Fée Bourbonnaise

PS : juste un petit retour sur mon billet du mois dernier qui a soulevé un nombre inattendu de réactions positives, drôles ou émoustillées. Je tenais vraiment à remercier toutes celles (et les rares « ceux ») qui ont pris le temps de découvrir ma nouvelle et m’ont fait part du plaisir qu’elles ont eu à la lire. Je ne m’y attendais pas du tout et je peux vous avouer aujourd’hui que j’étais absolument terrifié à l’idée de me mettre « à poil » de la sorte sur ce blog.
Un clin d’œil particulier à Cess sans qui rien de cela ne serait arrivé, à Noukette pour sa complicité et son avis plein de bon sens, à Sarah pour son incroyable billet sur mon billet et à Mo'Stéphie et Sara (qui va me manquer !) pour la gentillesse de leurs commentaires.