jeudi 18 juin 2015

Mortes saisons - Marcus Malte

« Selon la formule consacrée : si tu lis ces quelques lignes, c'est que je ne suis plus de ce monde. Mais au fond, et même si cela ne t'est pas une consolation, sache qu'il y a déjà longtemps que je l'ai quitté. Ce monde. Celui que toi et moi connaissions. Dès l'instant où j'ai posé le pied sur ce continent, j'ai cessé de lui appartenir. »

Ce texte est une conversation posthume entre Alice et Fanfan, son frère disparu il y a 50 ans pendant la guerre d’Algérie. De lui elle a récupéré une lettre et trois carnets, un jour d’août 1964. Une sorte de journal intime, sans dates. Décousu. Un journal dans lequel Fanfan couchait l’indicible, ses états de service de bourreau pour l’armée française. Sûr de lui, de sa force, de son bon droit, de la justesse de sa cause. Torturer pour obtenir des informations, lutter contre les terroristes, sauver des vies. Alice répond à son fantôme. On devine la relation fusionnelle avec ce frère qui était tout pour elle. Elle le prend à partie, cherche à lui ouvrir les yeux, reste persuadée qu’elle aurait pu le remettre dans le droit chemin s’il était revenu vivant : « Ils t’ont dressé, Fanfan. Obéir, aboyer, mordre. Tu te croyais maître de ta destinée, tu n’étais que chien. […] Même dans cet état, je t’aurais repris tu sais. Recueilli. Réadopté. Réadapté. »

A travers les reproches, une tendresse infinie affleure de la part de cette sœur marchant sans cesse au bord du vide. Une famille à jamais déchirée par cette disparition, une vie de solitude et de tristesse, un mariage raté… Alice a traversé des décennies sans parvenir à tirer un trait, à oublier celui qui est resté à jamais son seul et véritable amour.

Marcus Malte cogne comme il en a l’habitude, il appuie là où ça fait mal. Il dit le chagrin, la mélancolie, l’incompréhension, mais aussi le souvenir des moments passés ensemble. Il montre un homme face à la barbarie, faisant partie de cette barbarie, la légitimant même. Il raconte une histoire de deuil impossible, portée par une écriture d’une puissante sobriété. J’avais eu l’occasion de découvrir cette collection croisant littérature et photographie grâce au très beau texte de Thierry Magnier, « Ma mère ne m’a jamais donné la main ».  Ce « Mortes saisons » confirme que la recette fonctionne à merveille et que le dialogue s’instaurant au fil des pages entre texte et images n’a rien d’artificiel, bien au contraire.

Mortes saisons de Marcus Malte (photographies Cyrille Derouineau). Le bec en l’air, 2012. 94 pages. 15,50 euros.





mercredi 17 juin 2015

Les enfants de la résistance T1 : Premières actions - Ers et Dugomier

Juin 40. Après la débâcle, l’armistice signé par le gouvernement de Pétain fait de la France un pays occupé. François et Eusèbe voient défiler les soldats allemands dans leur village. Impossible pour ces enfants de ne pas réagir face un envahisseur se croyant tout permis. Pour lui pourrir la vie, les deux copains vont faire avec les moyens du bord et mener à bien quelques opérations, certes modestes, mais qui vont peu à peu inciter tout le village à les suivre dans leurs actions…

La démarche d’Ers et Dugomier est intéressante dans la mesure où ils ne mettent pas en scène les résistants tels que l’on a l’habitude de les voir, mitraillette en main, organisés en réseau très structurés et lançant des projets de sabotage de grande envergure. En 40, la population cherche juste à reprendre le cours d’une vie normale, s’accommodant d’un armistice qui de prime abord, et pour certains, ne semble pas changer grand-chose. Avec cet album, ils montrent le début d’un mouvement balbutiant et la montée progressive de l’exaspération face à l’attitude des allemands.

Du haut de leurs 13 ans, François et Eusèbe savent que leurs moyens d’agir sont limités. Ils font preuve d’ingéniosité et utilisent leur bonne connaissance de l’environnement local pour perturber au maximum l’occupant. Une sorte d’éveil au sentiment de révolte, un refus de se résigner qui les fera gagner en maturité et les exposera à des dangers dont ils ne saisissent pas l’ampleur.

Je connaissais ce duo d’auteurs pour leur série « Les démons d’Alexia ». On retrouve ici le trait rond et doux du dessinateur, son attention permanente à l’expressivité des visages et le dynamisme de son cadrage dans les scènes d’action. Classique et efficace.

Impossible de ne pas comparer le premier tome de cette série avec mes chers Lulus. Pour le coup, les orphelins picards gardent ma préférence. Ils ont un petit quelque chose de plus spontané, plus attachant aussi (sans compter que je ne suis jamais très objectif quand il s'agit des lulus). Et puis ici la voix off omniprésente, sous couvert d’explications et de remise en contexte historique censées éclairer le jeune lecteur, offre à la longue un discours un peu trop scolaire. Le dossier documentaire en fin d’album achève d’ailleurs de convaincre que cette série possède une dimension didactique certaine et assumée. Je préfère donc la fraîcheur des lulus mais pour autant, ces enfants de la résistance gagnent incontestablement à être connus et je suivrai avec attention leurs futurs coups d’éclat.

Les enfants de la résistance T1 : Premières actions d’Ers et Dugomier. Le Lombard, 2015. 56 pages. 10.60 euros.


La BD de la semaine est
aujourd'hui chez Noukette













mardi 16 juin 2015

Comment je me suis débarrassé de ma mère - Gilles Abier

Cinq nouvelles faisant voler en éclat l’image d’Épinal de la maman aimante et pleine de tendresse. Cinq nouvelles à chute dont l’amertume vous reste longtemps en bouche. Oui, il est possible de faire interner une maman trop possessive. Oui, une maman d’athlète de haut niveau, prête à tout pour la carrière de sa progéniture, n’est jamais loin de dérailler. Oui, un enfant peut avoir honte de sa mère trop moche, trop bête et trop pauvre, au point de vouloir se faire adopter. Et non, il ne faut jamais accepter sa mère comme amie sur Facebook. Surtout quand elle est prête à déballer votre intimité sans retenue.

Les narrateurs sont ici les enfants. Des enfants sans pitié, plein de rancœur, prêts à tout pour se débarrasser d’une génitrice qui, selon eux, les empêche de grandir et de se construire. Je dis bien selon eux car Gilles Abier ne jettent pas en pâture au lecteur des mères  au comportement « indéfendable ». Point ici de manichéisme, au-delà des apparences, les victimes ne sont pas forcément celles que l’on croit. Du moins pas toujours. Les ados qui s’expriment ici sont à un point de rupture dans la relation avec leur mère. Problème de communication, d’aspirations devenues tellement différentes que le fossé s’étant creusé semble ne jamais pouvoir être comblé.

Un texte en particulier m’a mis mal à l’aise. Pas celui où une fille traite sa mère de salope, ni celui où une autre la considère comme « vicieuse et perverse », mais celui qui a pour titre « Trois raisons ». Sans doute parce qu’il est trop plein de mépris, de dédain, de moqueries gratuites. Parce qu’avoir aussi peu de considération pour celle qui vous a donné la vie est difficile à accepter, même si cette nouvelle, comme toutes les autres, sonne affreusement juste.

C’est incisif, sans fioriture. Abier maîtrise l’art de la nouvelle, il va à l’essentiel et ne s’embarrasse pas de précautions inutiles. Il cogne et ça fait mal, mais c’est ça qui est bon ! Dérangeant et réaliste, ce recueil vous marque au fer rouge, profondément.

Comment je me suis débarrassé de ma mère de Gilles Abier. Actes sud junior, 2015. 125 pages. 12,00 euros. A partir de 13 ans.

Une pépite jeunesse que je partage cette semaine encore avec Noukette.















lundi 15 juin 2015

A l’école de Louisette - Bruno Heitz

Je vous ai déjà dit à quel point j’aimais Bruno Heitz (ici, ici et ici), son trait naïf, ses personnages attachants et ses polars ruraux sentant bon la France de Pompidou. Mais cet auteur touche à tout est aussi et surtout connu pour ses ouvrages jeunesse comme « L’histoire de France en BD » ou encore « Louisette la Taupe ».

Louisette est une vielle taupe vivant tranquillement dans son terrier où elle reçoit la visite de nombre d’animaux de la forêt. Calée dans son fauteuil, elle aime notamment lire des histoires à trois jeunes lapins. Car Louisette a eu la chance de passer son enfance sous une salle de classe, ce qui lui a permis d’apprendre à lire, à écrire et à découvrir des classiques de la littérature. Ces classiques sont justement le point de départ de chacun des trois albums réunis dans ce recueil. L’inventaire de Prévert, Ulysse et les frères Grimm vont déclencher des aventures au cours desquelles Louisette va retourner à l’école, devenir artiste de cirque et déjouer les plans d’une belette sournoise.

Cette série est un concentré de bonne humeur et de bon sens. Les enfants adorent l’ambiance sylvestre, la galerie de personnages animaliers attachants et souvent farfelus et l’humour tout en légèreté d’un auteur qui, à l’évidence, s’amuse énormément à mettre en scène tout ce petit monde (A la maison, pépette n°2 possède tous les albums, dont certains dédicacés, une vraie fan !). Au final, c’est beaucoup moins gnangnan, beaucoup moins répétitif et bien plus drôle que « Sylvain et Sylvette » par exemple. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que Louisette fait partie de la liste officielle de référence des œuvres de littérature conseillées par l’éducation nationale aux enseignants de CE1.

Une excellente idée que cette compilation permettant de lire trois titres à la suite. Avec son format plus grand que celui d’origine,  son joli vernis sélectif en couverture, son papier brillant et son épais cartonnage, cet album constitue une occasion parfaite pour ceux qui ne le connaissent pas encore de découvrir l’univers de Louisette et de ses amis.

A l’école de Louisette de Bruno Heitz. Casterman, 2015. 100 pages. 18,50 euros. A partir de 6 ans.


L'avis de Canel




samedi 13 juin 2015

La mer couleur de vin de Leonardo Sciascia

Des nouvelles écrites entre 1959 et 1972. Des nouvelles ancrées par Leonardo Sciascia dans la terre de Sicile qui l’a vu naître. Toutes sont très différentes, certaines ont des allures de conte comme la première, d’autres sont proches du vaudeville (« Un cas de conscience »), du faits divers (« Procès criminel ») où d’une réalité sociale douloureuse (« Le long voyage », « Western en Sicile »). Ma préférée est « Affaire de Saints », récit truculent de l’affrontement entre une femme bigote et son mari communiste à propos d’une statue de sainte retirée d’une église.

Sciscia le sicilien, amoureux fou de son île, n’hésite pas pour autant à en dénoncer les travers : mafia, pauvreté, envies d’exil, poids écrasant de la religion, avidité des nantis, oisiveté d’une population pas franchement prête à se tuer à la tâche (« Nous sommes ainsi faits, nous attendons que le fruit mûr nous tombe de l’arbre dans la bouche »), son regard est sans concession. Il n’empêche, on sent poindre en permanence une infinie tendresse pour ses personnages écrasés à la fois par une chaleur infernale et le poids  étouffant  des traditions.

L’écriture est légère, virevoltante, souvent drôle, et les dialogues savoureux. Je découvre avec ce recueil la voix d’un grand nom de la littérature italienne et j’avoue être tombé sous le charme d’une plume aussi élégante.

La mer couleur de vin de Leonardo Sciascia (trad. J. de Pressac). Denoël, 2015. 190 pages. 15,50 euros.





vendredi 12 juin 2015

L’agenda de la petite souris - Céline Lamour-Crochet et Anne Mahler

On perd une dent, on la glisse sous l’oreiller, le lendemain elle n’y est plus car la petite souris est passée. La routine, quoi. Sauf que pour la petite souris, c’est un boulot de dingue ! Un boulot bien plus fatiguant que celui du Père Noël. Car elle, c’est toutes les nuits qu’elle est sur le pont, pas une seule fois par an. Et dans la journée, vous vous êtes déjà demandé comment elle s’occupe, la petite souris ? Et bien elle s’entraîne, et son programme est  un programme d’athlète de haut niveau. Le lundi, tour de la terre en essayant de battre son record de vitesse. Le mardi, escalade. Le mercredi, exercices d’acclimatation aux différences de température (ben oui, elle peut passer en un rien de temps d’une hutte africaine à un igloo, et pas question de tomber malade !). Son planning pour le reste de la semaine est tout aussi chargé, je vous laisse le découvrir par vous-même…

J’aime quand un album répond avec humour à des questions que l’on ne se pose pas. Celui-ci se conclut sur une interrogation importante. Que fait la petite souris de toutes les dents qu’elle récupère ? « Sa maison serait pleine à craquer, du sous-sol jusqu’au grenier, si elle les avait toutes gardées. » Alors que deviennent-elles, ces dents ? Et bien ne comptez pas sur moi pour vous le dire…

Le texte est drôle, les situations bien trouvées, le dessin doux et très expressif. A chaque jour une double page, c’est simple et efficace. Une bien belle surprise, chez un éditeur dont je n’avais jamais entendu parler. Un album que je vais garder au chaud et que je ressortirai avec plaisir quand ma pépette n°3 perdra ses premières dents.

L’agenda de la petite souris de Céline Lamour-Crochet et Anne Mahler. Les Minots, 2015. 36 pages. 13,50 euros. A partir de 3-4 ans.






jeudi 11 juin 2015

Un été 63 - Tracy Guzeman

Natalie et Alice Kessler sont tombées amoureuses du même artiste peintre aux cours de l’été 63, près d’un lac du Connecticut. Elles n’étaient que des ados à l’époque et lui avait une vingtaine d’années. Quarante ans plus tard, le peintre est devenu une célébrité mondiale, vivant reclus et n’ayant pas réalisé le moindre tableau depuis des décennies. Quand il révèle à un expert l’existence d’un triptyque inédit et qu’il charge ce même expert de retrouver les « morceaux » de ce triptyque, une minutieuse enquête commence, une enquête où les sœurs Kessler vont tenir le rôle principal et révéler un passé douloureux que chacun pensait profondément enfoui.

Un premier roman américain qui ne casse pas trois pattes à un canard. Les secrets de famille, ce n’est pas ma tasse de thé. Et puis tout est trop romancé, il y a trop de rebondissements « hasardeux » qui font bien les choses, et les personnages sont trop stéréotypés. Tout ça manque d’aspérité, c’est tellement, tellement lisse sous des faux airs de tragédie brûlante. De toute façon, quand j’ai du mal à rester attentif, que je saute quelques lignes et que je me fiche de l’intrigue comme de ma première chemise, ce n’est pas bon signe du tout.

Je reconnais néanmoins le louable effort de construction du récit. Cette narration entrelacée, ce va-et-vient entre les époques et les protagonistes, ce n’est pas follement original mais ça dénote une certaine ambition littéraire. Dommage que tout sonne faux et que je n’y ai pas cru une seconde. Je n’ai pas détesté, je suis resté totalement indifférent face à l’enchaînement des événements. A la limite, c’est pire que si j’avais détesté…

Un été 63 de Tracy Guzeman. Flammarion, 2015. 385 pages. 22,00 euros.

Les avis de Canel et Nahe





mercredi 10 juin 2015

Nouvelles graphiques d'Afrique - Laurent Bonneau

Tout est dans le titre. Laurent Bonneau a parcouru l’Afrique pour réaliser des courts-métrages. C’est suite à ces voyages qu’il eu envie de coucher sur le papier son ressenti sous forme de bande dessinée. Le résultat est loin du documentaire, loin du reportage. A travers ces histoires relevant davantage du témoignage, il dresse un portrait tout en suggestion de ce continent protéiforme et fascinant.

L’exil, la corruption, l’élection d’Obama, les enfants soldats, les richesses naturelles sources de conflit, la présence chinoise de plus en plus importante, le foot… autant de sujets plus effleurés que traités en profondeur, autant de portes ouvertes pour pousser le lecteur à la réflexion, sans jugement définitif.

Il se dégage de l’ensemble beaucoup de sérénité, de silences. Il y a même trois histoires totalement muettes. La plupart des pages se décomposent en deux cases dans un format proche de la carte postale. Graphiquement, Laurent Bonneau navigue du croquis au portrait détaillé, il change de technique à chaque nouvelle, passant par exemple des pastels aux crayons en noir et blanc. La palette de couleurs va quant à elle du vert intense de la forêt tropicale au jaune poussiéreux de l’Afrique subsaharienne. Le résultat est d'une variété bluffante et montre le talent multicarte d'un dessinateur passant avec une facilité déconcertante d'un style à l'autre.

Un album magistral, contemplatif, laissant le plus souvent l'image prendre le pas sur le texte. L'Afrique n'est ici ni sublimée ni fantasmée. Elle apparaît dans toute sa diversité, sa richesse, sa complexité. Une invitation au voyage des plus dépaysantes.

Nouvelles graphiques d'Afrique de Laurent Bonneau. Des ronds dans l'O, 2015. 164 pages. 25,00 euros.

L'avis de Noukette, qui m'a donné envie de le découvrir.


La BD de la semaine,
c'est aujourd'hui chez Stephie 





mardi 9 juin 2015

Nouveau look pour Petite Poche

Nous avons déjà parlé à plusieurs reprises avec Noukette de l'excellente collection "Petite Poche" (ici, ici et ici). Des textes courts, s'adressant à un public varié (de l'école élémentaire au lycée professionnel), faits pour être lus d'une traite, présentés dans une pagination aérée, abordant des thématiques variées, actuelles, et signés par de grands noms de la littérature jeunesse.

Alors que la collection fait peau neuve en cette fin de printemps (nouvelle charte graphique et "relooking" complet des couvertures, mise en ligne d'un site dédié, réédition de certains titres depuis longtemps indisponibles et baisse de prix !), petite présentation de deux des cinq inédits sortis récemment :


Victor ne peut pas, comme ses camarades, donner son avis sur la prise d'otages en cours dans une école d'Orléans. Chez lui il n'y a pas de télé, pas de portable et interdiction d'utiliser l'ordinateur tout seul. Alors forcément, difficile voire impossible de se tenir au courant de l'actualité. Tout ça parce sa mère "estime qu'il faut protéger les enfants de la folie du monde". Victor prend difficilement son mal en patience et il trépigne en attendant le retour de son père. Car il le sait, ce dernier pourra lui raconter bien des choses à propos de cette prise d'otages...

Un joli texte sur l'angoisse vécue par les enfants en quête d'explication et de compréhension des faits divers les plus sordides, surtout quand ces faits divers les touchent de près. Bon, j'avais deviné la chute, mais elle est quand même bien trouvée et bien mise en scène.

Trop fort, Victor ! de Mikaël Ollivier. Thierry Magnier, 2015. 44 pages. 3,90 euros. A partir de 8 ans.



"Les problèmes n'empêchent pas de de vivre, au contraire ! Tant qu'on a des problèmes, on est bien vivants. A un moment, ça finit toujours par s'arranger."
Théodora a beaucoup de problèmes dans la vie, mais sa mère lui a certifié que tous les problèmes ont une solution. Elle décide donc d'en dresser la liste et de s'y attaquer un par un : le frigo toujours vide ? pas un problème ; la belle-mère acariâtre ? pas un problème ; cette grosse brute de Kevin ? pas un problème ; les leçons de piano qu'elle déteste ? pas un problème...

Une belle façon de relativiser. Pas forcément évident de trouver une solution, mais en y mettant du sien, en affrontant les situations qui nous causent des soucis, on parvient à faire face. Le message est simple sans être simpliste, optimiste sans être moralisateur. Du Susie Morgenstern dans le texte !

Pas de problème ! de Susie Morgenstern. Thierry Magnier, 2015. 44 pages. 3,90 euros. A partir de 8 ans.

Une lecture commune que je partage évidemment avec Noukette !











dimanche 7 juin 2015

Myrmidon T4 : Myrmidon sur l'île des pirates - Dauvillier et Martin

Dans ce nouvel album, Myrmidon trouve son déguisement au fond de l'eau. Un costume de pirate avec sabre, veste et chapeau. Mais en le remontant avec sa canne à pêche, le petit garçon va aussi faire surgir d'affreux squelettes. Pour leur échapper, il décide prendre la mer. Pas forcément une bonne idée...

Après les cow-boys, les extraterrestres et les dragons, voilà donc Myrmidon aux prises avec des pirates. Aucune lassitude malgré le schéma narratif se répétant à chaque fois : entrer dans un costume, se projeter dans un univers imaginaire et vivre de nombreuses péripéties, l'impression de déjà-vu possède au contraire un aspect rassurant. Parce que l'on sait d'avance que malgré les événements et des éléments perturbateurs parfois anxiogènes (surtout ici des squelettes!), tout va bien se terminer. D'ailleurs Myrmidon affronte les épreuves que lui offre son imaginaire avec le sourire. Lui aussi sait que l'aventure n'est qu'une parenthèse avant le retour à la situation initiale et au réel.

Ce coté « structurant » offre un cadre dans lequel le petit lecteur va se sentir à l'aise. Il va apprécier retrouver un personnage « mascotte » auquel il est facile de s'identifier, retrouver les décors minimalistes lui permettant de se focaliser sur l'action et retrouver les codes graphiques utilisés depuis le début de la série pour différencier les éléments du rêve et ceux de la réalité. Bref, dans cet univers muet et pourtant très parlant, il va être chez lui, prêt à passer un bon moment avec un bon copain. Aussi efficace qu'imparable !

Myrmidon T4 : Myrmidon sur l'île des pirates de Dauvillier et Martin. Éd de la Gouttière, 2015. 32 pages. 9,70 euros. A partir de 3-4 ans.

L'avis de Mo'