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jeudi 1 décembre 2016

Qu’est-ce que vous faites monsieur l’architecte ? - Kunihiko Aoyama


La salon de Montreuil a ouvert ses portes hier, je vais donc consacrer les jours à venir à vous parler de littérature jeunesse. On commence avec un album japonais très réussi.


Il était une fois un vieux nain, architecte de talent, qui décida de se construire « une nouvelle bâtisse, avec un grand belvédère pour admirer le paysage ». Il se mit au travail mais il constata vite qu'il n’avait pas les capacités physiques pour mener à bien son projet. Un ours lui proposa son aide, réclamant en échange une chambre dans le futur logis. Quand l’ours et le nain arrivèrent à la charpente, des singes vinrent participer aux travaux, contre la promesse d’avoir eux-aussi leur propre chambre dans la maison. Puis ce fut au tour du sanglier et des écureuils de prêter main forte, bientôt suivis par « des créatures de tout poil » accourant de toute part, chacun y allant de son exigence et complexifiant les plans établis par le nain. Désabusé, celui-ci constata au final, que son joli logis n’avait plus rien à voir avec son souhait initial : « Je voulais juste une maison rien qu’à moi… Avec un belvédère et une vue dégagée… »

Qu’il est beau cet album ! Diplômé d’architecture, Kunihiko Aoyama déploie son savoir-faire au fil des pages et permet de suivre la construction étape par étape, avec à chaque fois davantage de détails. Le nain bourru et râleur est drôle et attachant tandis que les animaux, aussi altruistes qu’intéressés, animent chaque illustration de leur activité débordante. Le fourmillement est rendu de manière magistrale et la bâtisse se monte avec une précision quasi chirurgicale, du grand art !



Une histoire en randonnée originale et extrêmement travaillée à l’ambiance graphique bluffante. Et une belle découverte d'un auteur japonais de talent, traduit pour la première fois en France. J’espère bien que ce ne sera pas la dernière.

Qu’est-ce que vous faites monsieur l’architecte ? de Kunihiko Aoyama. Nobi nobi, 2016. 40 pages. 12,50 euros. A partir de 3 ans.





samedi 19 novembre 2016

Les lectures de Charlotte (27) : Hou ! Hou ! Prince charmant ?

Rose et Joséphine sont sœurs. Et princesses. Comme toutes princesses qui se respectent, elles attendent le prince charmant. Mais à force de ne rien voir venir, elles décident d’aller le chercher elles-mêmes. Les voilà donc parties à travers la forêt. Seulement, le chemin jusqu’au prince est long et dangereux alors Rose et Joséphine vont avoir besoin de l’aide du petit lecteur pour mener leur mission à bien.

Un album dont on est le héros. A chaque fin de double page, l’enfant doit faire un choix qui influencera la suite de l’aventure. Grâce à un système d’onglets agrémentés d’un idéogramme, on accède à la page correspondant au choix. Première tentative, Charlotte emmène les princesses au bord d’un ruisseau puis jusqu’au château de l’ours. Elle décide de les faire rentrer dans le bâtiment par la fenêtre plutôt que par les souterrains. Rose et Joséphine se retrouvent dans la chambre d’un prince qu’elles réveillent d’un baiser mais le jeune homme se sauve en courant car il doit se marier et il est en retard. Tout est à refaire ! Retour à la case départ donc et nouvelle tentative qui s’avérera elle aussi infructueuse. Pas simple de trouver un prince charmant !



Franchement, c’est bluffant. Intelligent, drôle, décalé. Et surtout ludique. On peut rouvrir le livre des tas fois et ne jamais lire la même histoire. Les onglets s’utilisent de manière intuitive, le texte est rigolo et les dessins, pleins de fraîcheur, fourmillent de détails. Un album aussi original que savoureux.

Hou ! Hou ! Prince charmant ? de Sylvie Misselin et Amandine Piu. Amaterra, 2016. 44 pages. 14,90 euros. A partir de 3 ans.



dimanche 6 novembre 2016

Dans le ventre de la Terre - Cécile Roumiguière et Fanny Ducassé

« Dans le ventre de la Terre, un enfant minuscule dort beaucoup. Ses cheveux lui font un oreiller et ses pieds caressent la mousse du rocher. »

Neuf Mois. Neuf mois pour grandir, s’étendre. Neuf mois pour se tisser, fil après fil. Neuf mois à flotter dans cette caverne dont il pourra bientôt effleurer les parois. S’abreuver à la source, veiller, sommeiller, s’agiter, s’habituer à la pénombre. Et entendre la pulsation de la terre, ce grondement qui bientôt l’attirera « hors de la grotte, hors de la nuit, vers le jour qui va se lever pour lui ».

Un album qui décrit la grossesse sans jamais la nommer avec une finesse et une subtilité bouleversante. Le pouvoir d’évocation des mots de Cécile Roumiguière et la force de suggestion des illustrations de Fanny Ducassé se combinent dans une alchimie parfaite pour créer l’émotion. Et si les images donnent à voir un univers où le végétal prédomine, le texte nous ramène vers une dimension organique faisant la part belle aux sens.

L’objet-livre en lui-même est très beau, texte sur fond noir à gauche, illustrations aux milles détails ciselées comme de la dentelle à droite, papier glacé et douceur veloutée de la couverture qui rappelle au toucher le grain de la peau. Une plongée onirique « Dans le ventre de la terre », là où l’enfant grandit, d’une saisissante et sublime poésie. Fascinant.

Dans le ventre de la Terre de Cécile Roumiguière et Fanny Ducassé. Seuil jeunesse, 2016. 32 pages. 14,00 euros.


Une lecture commune que je partage une fois de plus, et toujours avec le même plaisir, avec ma chère Noukette.






samedi 5 novembre 2016

Le loup en slip - Lupano, Cauuet et Itoïz

Regard fou, cri glaçant, crocs comme des pioches, poil hirsute… le loup terrorise les habitants de la forêt. Du moins jusqu’au jour où il se montre attifé d’un slip à rayures. Impossible pour les animaux de voir dans cet accoutrement ridicule le monstre incarnant chez eux une forme de peur collective aussi irraisonnée qu’incontrôlable. Mais le loup s’en fiche car ce slip a changé sa vie. Grâce à lui ce frileux n’a plus froid aux fesses et le confort, il n’y a rien de plus important pour se sentir bien dans sa peau. Et peu importe si à cause de cela le mythe s’effondre…

Des Vieux fourneaux au Loup en slip, de la comédie sociale grinçante à l’album pour enfants, Lupano et Cauuet semblent cultiver l’art du grand écart. En apparence seulement car on retrouve dans le loup en slip cet humour décalé et un peu noir, cette propension à mettre en lumière certains travers de nos sociétés pour mieux démontrer leur absurdité. Brigade anti-loup, clôture anti-loup, cours de karaté anti-loup, pièges à loup, livres et conférences sur le loup, chacun profite à sa manière de la terreur suscité par l’animal pour faire son beurre. Alors quand ledit animal se révèle bien plus inoffensif que la rumeur ne le laisse penser, c’est la catastrophe, car comment vivre sans la peur quand cette dernière est devenue quand cette dernière est devenue notre seule raison d'être ?

Dialogues enlevés, illustrations regorgeant de détails et récit d’une imparable fluidité, c’est une partition sans fausse note, conclue par une dernière vignette totalement inattendue et férocement drôle qui m’a fait hurler de rire. Un pur régal que je classe d’emblée dans mes coups de cœur de l’année, qu’on se le dise !

Le loup en slip de Lupano, Cauuet et Itoïz. Dargaud, 2016. 36 pages. 10,00 euros. A partir de 5-6 ans.






lundi 31 octobre 2016

Les lectures de Charlotte (26) : Coup de vent - Marsha Diane Arnold et Matthew Cordell

Le vent souffle trop fort et l’écharpe de l’ours s’envole. Des ratons laveurs la récupèrent et se disputent avant de l’abandonner. Le castor en fait un turban, les souris un trampoline, la loutre s’en sert de liane, le renard veut la faire sécher, etc. Dans la forêt enneigée les animaux vont tour à tour s’approprier le cache-nez jusqu’à ce que l’ours le retrouve finalement, en piteux état.

Une histoire en randonnée classique à la mécanique bien huilée. Le principe du perdu/trouvé est simple, répétitif et ludique. Chaque double page devient le théâtre de jeux et facéties des animaux avec pour fil rouge cette écharpe devenue l’objet de toutes les convoitises. La chute, parfaitement amenée, délivre un message positif vantant les bienfaits de la solidarité et de l’amitié.

Le dessin de l’américain Mathhew Cordell, vif et nerveux, a des faux airs de Quentin Blake. Ses personnages ont des postures et des expressions désopilantes qui déclencheront à coup sûr le sourire. Et puis pour les parents qui rechignent face à un texte trop « volumineux », c’est l’album du soir idéal puisqu’il n’y a pour ainsi dire qu’un mot par page (« perdu » ou « trouvé »).



Un album qui fonctionne à merveille avec Charlotte. Le schéma narratif permet d’anticiper les situations tandis que l’histoire, rapidement connue par cœur, devient vite addictive. Une lecture jubilatoire, de celle que l’on relit encore et encore sans jamais se lasser. Enfin, les enfants du moins…

Coup de vent de Marsha Diane Arnold et Matthew Cordell. Didier jeunesse, 2016. 36 pages. 13,10 euros. A partir de 3 ans.







samedi 22 octobre 2016

Mes secrets - Didier Levy et Amélie Graux

Il y a des choses qu’on ne dit jamais. Comme le fait d’être amoureuse d’Antoine Bost, comme l’endroit où on a enterré notre premier trésor, comme avouer avoir volé le stylo plume de Djamel ou reconnaître que l’on est une petite fille aimant bien se déguiser en garçon. Il y a nos propres secrets, ceux que l’on garde au chaud, et ceux des autres que l’on promet de ne pas répéter. Des secrets par définition inavouables, des secrets drôles, légers ou graves.

L’album s’articule en doubles pages où, côté gauche, chaque phrase commence par « Je n’ai jamais dit » et où, côté droit, la narratrice se lance dans une petite explication de texte en lien avec le secret énoncé. Cette narratrice haute comme trois pommes et pleine de malice apparaît tour à tour espiègle, honteuse, jalouse, touchante ou amoureuse. Un ouvrage aux faux airs de journal intime dans lequel on entre sur la pointe des pieds. J’avais déjà admiré la vivacité du trait d’Amélie Graux dans « Moi, j’aime pas comme je suis », je retrouve avec plaisir ses illustrations expressives et colorées dégageant un indéfinissable charme.



Des confessions douces et sucrées, comme murmurées à l’oreille. Le ton sonne juste pour dire, entre humour et tendresse, les tracas, joies ou petits chagrins du quotidien, mais aussi pour rappeler l’importance de les garder pour soi car, comme chacun sait, un secret ne se partage pas.

Mes secrets de Didier Levy et Amélie Graux. Belin, 2016. 32 pages. 12,90 euros. A partir de 6 ans.







samedi 15 octobre 2016

Les lectures de Charlotte (25) : Le merveilleux voyage de la petite abeille - Britta Teckentrup

Le jour se lève sur la prairie et la petite abeille s’envole. De pissenlits en marguerites, elle se met au travail. Au cœur de chaque fleur elle butine le précieux nectar. « Digitales, capucines, roses, sur toutes, elle se pose. Derrière elle, le pollen, emporté par le vent, ondoie comme une traîne et partout se répand ».

Il est magnifique cet album. On suit l’abeille et on sent l’air doux de la campagne. On suit l’abeille et on voit les fleurs bouger sous la brise. On suit l’abeille et on croise biches, renards, écureuils et coccinelles. Un suit l’abeille et on comprend que grâce à elle et à un grain de pollen, la vie se crée.

Un somptueux voyage à travers la nature et dans la tourbillonnante vie d’une abeille. Britta Teckentrup nous avait éblouis avec « Au creux de mon arbre », elle récidive ici dans ce livre aux découpes intelligentes et aux éclatantes illustrations façon pochoirs. Le merveilleux voyage de la petite abeille ou comment aborder sans avoir l’air d’y toucher l’importance de la pollinisation dans notre quotidien. Idéal pour à la fois faire rêver et sensibiliser.



Le merveilleux voyage de la petite abeille de Britta Teckentrup. Hatier, 2016. 32 pages. 13,80 euros. A partir de 4 ans.





samedi 8 octobre 2016

Les lectures de Charlotte (24) : Une île sous la pluie de Morgane de Cadier et Florian Pigé


Il existe une île où il pleut chaque jour du matin jusqu’au soir. Juste à côté se trouve une seconde île sur laquelle il ne pleut jamais. Les habitants de la première île ont constamment la mine triste et sortent toujours avec un parapluie. « Ce sont des chats très distingués : ils ne se mouilleraient pour rien au monde ». Le jour où un habitant de l’île ensoleillée débarque chez eux à la nage, ils s’offusquent. Ce matou vulgaire saute dans les flaques et danse en riant sous la pluie, c’est une honte ! Après avoir vainement tenté d’éduquer ce sauvageon comme il se doit, les chats au parapluie décident de le chasser de chez eux. Une décision dont ils vont vite se mordre les doigts…

Un album intelligent qui démontre à quel point il importe de s’enrichir de nos différences. L’ouverture à l’autre, l’entraide et le nécessaire changement de comportement face à l’étranger sont également abordés tout en suggestion au fil de cet ouvrage au format à l’italienne où chaque double page offre au regard une grande profondeur.



Et si on cessait de vouloir à tout prix intégrer car au final, n’est-ce pas ce qui tue l’identité ? Charlotte adore le déroulement de l’histoire, la mine chafouine des chats n’aimant pas l’eau et l’insouciance du sauvageon. Un album malheureusement de circonstance dont le message positif apporte un peu de lumière dans la grisaille ambiante.

Une île sous la pluie de Morgane de Cadier et Florian Pigé. Balivernes, 2016. 40 pages. 13,00 euros.






dimanche 25 septembre 2016

Les lectures de Charlotte (23) : Les malheurs de Jean-Jean - Élodie Shanta

Jean-Jean n’aime pas trop l’école mais il n’a pas le choix, il doit y aller chaque matin. A peine arrivé dans la cour il est malmené par Brutos et en classe, il subit les moqueries de Folette et Bijou. A la récré, Jean-Jean s’isole près d’un arbre avec un livre. Sous les feuilles, il trouve un œuf. Un œuf qu’il va ramener chez lui le soir venu et qui va lui réserver une merveilleuse surprise.

 Un album pour les plus petits traitant de harcèlement scolaire, il fallait oser. Tout en suggestion, Élodie Shanta aborde la question avec finesse, montrant les réactions d’un enfant esseulé et de ses tourmenteurs sans s’apitoyer sur le sort du premier ni accabler les seconds. Elle trouve l’angle d’attaque idéal et prouve qu’il faut parfois peu de choses pour faire évoluer la situation favorablement.

La journée de classe déclinée au fil des pages (les activités manuelles, la récré, la cantine, la sieste, l’heure des parents) offre des repères dans lesquels les enfants, même scolarisés depuis peu, se retrouveront forcément. Au final cet album adopte un ton parfaitement juste pour parler d’un sujet grave sans le rendre anxiogène. Une porte ouverte bienvenue sur l’échange et la réflexion avec nos petits bouts, pas pour les traumatiser ni les mettre en garde mais pour leur faire comprendre que ce genre de chose existe et qu’il n’est jamais trop tôt pour en avoir conscience.


Les malheurs de Jean-Jean d’Élodie Shanta. Des ronds dans l’O, 2016. 24 pages. 10,00 euros. A partir de 3 ans.




dimanche 18 septembre 2016

Les lectures de Charlotte (22) : Bonne nuit tout le monde - Chris Haughton

Le soleil disparaît derrière l’horizon, il est l’heure d’aller se coucher. Problème, Petit Ours ne veut pas dormir. Il va donc demander aux souris, aux lièvres et aux biches de jouer avec lui. Mais tous tombent de sommeil. Finalement, petit ours s’étire et baille. Pour lui aussi, il est temps de fermer les yeux et de sombrer dans les bras de Morphée.

Vous avez un petit bout qui rechigne à se glisser sous la couette ? Cet album ne résoudra pas le problème (faut pas rêver !) mais sa lecture constituera  une thématique parfaite pour aborder la question en douceur. Et je mets au défi l’adulte le lisant à voix haute de ne pas bailler à un moment ou l’autre. Pas parce que l’histoire est ennuyeuse, loin de là, mais parce qu’elle implique de mimer les bâillements, les étirements, les longues inspirations, les soupirs et les ronflements des différents animaux. Et si on le fait avec application, on finit forcément par bailler, impossible de faire autrement !

J’adore les illustrations de Chris Haughton, son choix de couleurs, son travail sur les postures et les mouvements des yeux qui traduisent la fatigue et l’endormissement gagnant peu à peu chacun.

Un bel objet-livre qui a tout pour plaire avec des découpes rendant sa manipulation ludique et une thématique universelle qui parlera aussi bien aux parents qu'aux enfants. C'est l'album réclamé chaque soir par Charlotte en ce moment, un signe de qualité qui ne trompe pas tant la demoiselle a déjà des goût affirmés !



Bonne nuit tout le monde de Chris Haughton. Thierry Magnier, 2016. 34 pages. 14,80 euros. A partir de 3 ans.

dimanche 28 août 2016

Les lectures de Charlotte (21) : Suivez le guide ! - Camille Garoche

Pour soulager leur maman épuisée, un chat décide de faire visiter à trois chiots le vieux manoir dont ils ne connaissent pour l’instant que l’entrée. En route donc pour le salon, la cuisine, la salle à manger, les chambres, la salle de bain et le grenier. Dans chaque pièce, le chat trouillard multiplie les mises en garde : ici doivent se trouver d’horribles araignées, là des gros cafards, des serpents ou des crabes. Pour vérifier ses dires le lecteur n’a qu’à soulever les nombreux volets disséminés au fil de chaque double page, et ainsi découvrir des animaux bien plus inoffensifs que ceux annoncés !

La mécanique de l’album fonctionne sur le décalage entre les « monstres » énumérés par le chat et la réalité de ce qui se cache derrière chaque fenêtre soulevée. C’est ludique et rigolo, les illustrations de Camille Garoche (qui utilisait auparavant le pseudo de Princesse Cam Cam) fourmillent de détails et offrent de nouvelles découvertes à chaque relecture.

Gros succès auprès de ma pépette, cet album est devenu son livre de chevet. Avantage non négligeable, elle peut s’en emparer seule, sans la médiation d’un adulte. Le format de taille moyenne permet une manipulation aisée et, détail non négligeable, les coins arrondis préviennent tout risque de blessure.

Paru initialement aux éditions Autrement Jeunesse en 2013, c’est le genre de livre animé dont on tombe sous le charme dès la première page. Un régal pour les yeux et les petites mains curieuses.

Suivez le guide ! de Camille Garoche. Casterman, 2016. 20 pages. 14,50 euros. A partir de 3 ans.








dimanche 17 juillet 2016

Purée de cochons - Stéphane Servant et Laetitia Le Saux

Le loup a cueilli trois petits cochons dans la forêt, il se réjouit à l’idée de déguster une délicieuse purée de cochons. Mais au moment d’attaquer la préparation de son plat, les porcelets se moquent de lui et lui disent qu’il ne sait pas s’y prendre. Pour vérifier, le loup ouvre son livre de recettes. Malheureusement, il ne sait pas lire. Bien décidés à ne pas se laisser dévorer, les garnements dans leur casserole lui annoncent alors qu’ils vont lui révéler la liste des ingrédients nécessaires, en commençant par un gros pot de miel. Puis ce sera un bon gros fromage et un gros morceau de beurre. Autant d’occasions d’éloigner « le vieux barbichu » et de le faire tourner en bourrique !

Un duo d’auteurs qui m’avait régalé avec Boucle d’ours et qui poursuit ici dans la même veine rigolote et intelligente. Car derrière les mésaventures désopilantes du pauvre loup se cache un plaidoyer pour la lecture et son pouvoir. Le loup subit les moqueries et multiplie les mauvais choix parce qu’il ne sait pas lire. Sa rencontre avec la Grand-Mère institutrice lui permet de vaincre son illettrisme, d’accéder à son tour à la connaissance et de prendre ses détracteurs à leur propre piège. Ou comment l’instruction en général et la lecture en particulier participent au développement de l'esprit critique, de la réflexion et de la liberté d'action en toute conscience.

J’aime toujours autant le graphisme si expressif de Laetitia Le Saux ainsi que les clins d’œil aux contes classiques et l’humour noir de Stéphane Servant. Il y a notamment dans la chute finale une petite pointe de férocité absolument savoureuse. Un régal !

Purée de cochons de Stéphane Servant et Laetitia Le Saux. Didier Jeunesse, 2016. 28 pages. 12,50 euros. A partir de 4 ans.





mardi 28 juin 2016

Moi, Ernest - Laurent Souillé et Paul Mager

« Moi, c’est Ernest. On ne peut pas dire que je sois très beau. J’ai du bide et pas beaucoup de cheveux sur le caillou. Mes yeux ressemblent à des billes et mes dents penchent comme la tour de Pise. Et malheureusement, j’ai très souvent mauvaise haleine. Pourtant, juré, craché, je me brosse les dents trois fois par jour. En même temps, c’est bien pour faire fuir les mouches ».

Ernest  vit seul dans une vieille maison. Il est tombé des escaliers le jour de sa naissance et par miracle, il n’a pas eu de bobo : « Môman a eu très peur mais le docteur l’a rassurée en lui disant qu’à part l’anémie faciforme, l’hydrocéphalie, la bradycardie et  l’exophtalmie… tout allait bien et qu’elle avait un très beau bébé !! ». Ernest n’a jamais connu son père et n’a jamais vraiment quitté sa maison. Dehors, les autres enfants étaient trop méchants avec lui. Un matin, Ernest a trouvé sa Môman morte dans son lit. Depuis, chaque nuit, avec son chat, il va déposer un bouquet de fleurs sur sa tombe.

Il faut savoir aussi qu’Ernest n’a jamais prononcé le moindre mot. A la place, il écrit. Des centaines d’histoires, frappées lettre par lettre sur sa Remington. Les manuscrits s’empilent dans sa chambre, jusqu’au jour où il découvre à la télé un éditeur, un monsieur à qui on peut envoyer ses histoires pour qu’il en fasse des livres. Ernest tente sa chance mais il n’essuie que des refus. Il persiste pourtant, incapable de s’arrêter d’écrire…

Une jolie histoire sur le thème de la différence. Impossible d’oublier Ernest, son ton bien à lui et ses lubies. Il est à la fois drôle, naïf et attachant. Le texte ne cherche jamais à nous tirer les larmes. Malgré les épreuves, Ernest reste debout sans vaciller, avec sa façon décalée d’appréhender le monde. Et puis j’aime cette idée qu’il suffit parfois d’une rencontre inattendue pour changer la vie, que quelqu’un peut s’installer dans votre existence et exaucer vos rêves. Un album superbement illustré, au message positif et qui fait du bien. Un album d’utilité publique en quelque sorte.

Moi, Ernest de Laurent Souillé et Paul Mager. Des ronds dans l’O, 2016. 40 pages. 16,00 euros. A partir de 8 ans.


Et comme chaque mardi ou presque, je partage cette lecture commune avec Noukette.








dimanche 26 juin 2016

Les lectures de Charlotte (20) : Qui quoi quoi - Olivier Tallec

Après une escapade du côté de la BD, les Qui Quoi reviennent à leurs fondamentaux avec ce livre-jeu à la mécanique toujours aussi bien huilée. Au programme donc de nouvelles énigmes, des découpes ne révélant qu’une partie des images, des gestes à effectuer pour faire « bouger » les personnages ou éteindre la lumière, etc.

Les illustrations, sans décor, permettent de se focaliser sur les actions et les attitudes de chacun. La variété des questions évite toute répétition et leur originalité déclenche le sourire : on doit ainsi se rappeler, en fonction des situations, de quelle couleur était le slip d’Olive, qui n’avait pas de pyjama ou encore qui buvait une grenadine à la page précédente.



Jeux d’observation, travail sur la mémoire et manipulations de l’objet-livre offrent une expérience de lecture drôle et ludique, portée par des dessins toujours aussi irrésistibles. Une formule qui a fait ses preuves et a le mérite de se renouveler sans jamais céder à la facilité. Chapeau bas monsieur Tallec !

Qui quoi quoi d’Olivier Tallec. Actes Sud Junior, 2016. 32 pages. 12,00 euros. A partir de 3 ans.





samedi 18 juin 2016

Les lectures de Charlotte (19) : Bon appétit, petite souris ! - Eric battut

Petite souris a faim. Elle grignote un champignon, puis un morceau de fromage avant de s’attaquer à un radis. Arrivée face au chat et toujours pas rassasiée, elle décide d’explorer le ventre du matou pour dégoter à manger. Une fois à l’intérieur, ne trouvant rien d’intéressant,  elle fait demi-tour et repart accompagnée…

Pour sa sixième aventure, la petite souris d’Eric Battut continue d’évoluer dans un univers des plus épurés. Sur chaque double page, à peine quelques mots et des illustrations minimalistes qui permettent de se focaliser sur l’essentiel. La rencontre avec le chat est évidemment le moment fort de l’histoire. Son déroulé lorgne d’ailleurs du coté de Tom et Jerry ou Titi et Grosminet. Les pages où la souris investit le corps du chat, rebrousse chemin et en ressort avec un copine relève d’un comique proche de l’absurde qui fonctionne parfaitement avec les bouts de chou.



Le dessin, au feutre et sans encrage, est aussi simple qu’expressif. Avec une mention spéciale pour le personnage du matou, dont le flegme et la passivité à contre emploi offrent un décalage qui déclenche le sourire.

Un album aussi malin qu’efficace et une espiègle petite souris qui saura une fois de plus charmer les tout petits.

Bon appétit, petite souris ! d’Eric Battut. Didier jeunesse, 2016. 32 pages. 12,90 euros.






dimanche 12 juin 2016

Les lectures de Charlotte (18) : Petit Renard - Nicolas Gouny

Petit Renard quitte le terrier pour suivre un oiseau. Il est surpris par la pluie, le vent et le froid. Il continue d’avancer mais finit par se perdre. Dehors, il découvre de nouvelles odeurs et fait quelques rencontres. La nuit venue, il entend de drôles de bruits et se réfugie sous un arbre…

Un album en randonnée au texte minimaliste dont l’originalité tient aux illustrations, entièrement réalisées avec des collages de feuilles mortes découpées. Le résultat est bluffant, particulièrement expressif et d’une esthétique des plus singulières, qui a charmé ma petite lectrice. Le renard, l’oiseau, la vache, le loup et le hérisson sont reconnaissables au premier coup d’œil, avec une mention spéciale  pour le loup aux grandes dents, qui est de loin mon préféré.

Cerise sur le gâteau, l’enfant est invité à créer avec des feuilles mortes séchées un ami pour Petit Renard, qu’il viendra coller en face de lui sur la page de garde finale. Une proposition ludique qui suscite forcément l’enthousiasme et incite à se mettre en quête de matériau pour composer au plus vite son personnage. Dommage que l’automne soit si loin…



Petit Renard de Nicolas Gouny. Balivernes, 2016. 32 pages. 16,00 euros. A partir de 3 ans.






dimanche 29 mai 2016

Les lectures de Charlotte (17) : Grande bouche - Antonin Louchard

La grenouille à grande bouche en a marre de se gaver de mouches à longueur de journée. Tellement écœurée qu’elle ne peut plus en manger. Elle se lance alors en quête d’une nouvelle nourriture et s’en va questionner d’autres animaux. La vache lui dit qu’elle mange de l’herbe, le lapin du trèfle, le merle des cerises… rien qui lui convienne et lui fasse envie. Arrivée devant le héron, elle lui pose naïvement la même question. Et celui-ci de répondre : « Moi, je mange des grenouilles à grande bouche… ».

Une réécriture de ce célèbre conte dont la morale pourrait être : « La curiosité est un vilain défaut ». Dans cette histoire en randonnée classique, chaque rencontre n’apporte pas de réponse satisfaisante au souhait de la grenouille. L’intérêt réside dans le traitement espiègle proposé par Antonin Louchard : sa grenouille totalement hystérique provoque l’hilarité, comme l’intervention des mouches dans les premières pages, narguant et insultant gentiment le batracien boudeur. A chacune de ses demandes, la grande bouche s’énerve et grossit, jusqu’à la rencontre finale avec le héron, qui lui rabaisse son caquet et la rapetisse à vue d’œil.



Un petit album décalé et irrévérencieux mettant en scène un personnage que l’on est presque ravi de voir si déconfit à la dernière page. C’est drôle et graphiquement très expressif. Et tant pis si ce n’est pas avec une telle histoire que l’on va inciter nos enfant à diversifier leur alimentation…

Grande bouche, d’Antonin Louchard. Seuil jeunesse, 2016. 40 pages. 8,90 euros.





dimanche 15 mai 2016

L’ours qui jouait du piano - David Litchfield

Il était une fois un ours qui trouva un piano au fond des bois. Il s’en approcha doucement et posa sa grosse patte sur les touches, provoquant un bruit terrifiant. Le lendemain l’ours revint, puis les jours, les semaines, les mois et les années suivantes. Peu à peu il apprivoisa l’instrument et en tira des sons enchanteurs qui attirèrent tous les ours de la forêt. Surpris en plein récital par une petite fille et son papa, l’ours accepta de les suivre et devint la coqueluche de la ville, donnant des concerts à guichets fermés et vendant des millions de disques. Une nouvelle vie qui lui offrit tout ce dont il pouvait rêver mais ne remplaça jamais, au plus profond de son cœur, sa forêt et ses amis…

Un album qui célèbre la primauté de l’amitié sur les rêves de gloire. Oublier les lumières et les célébrations aussi somptueuses qu’artificielles pour retrouver ses racines, être auprès des siens et toucher le seul public qui compte en définitive. Le message est simple et positif, écartant toute superficialité pour revenir à l’essentiel avec un soupçon d’émotion.

Texte court et immédiatement compréhensible, illustrations superbes aux couleurs et aux textures très travaillées, grand format permettant de plonger le regard en profondeur à chaque page, voilà un album qui possède de nombreux atouts pour séduire les petits bouts auxquels il s’adresse. Et les grands bouts qui ont la chance et le privilège de leur lire à voix haute.

L’ours qui jouait du piano de David Litchfield. Belin jeunesse, 2016. 32 pages. 12,90 euros. A partir de 3 ans.





dimanche 1 mai 2016

Les lectures de Charlotte (16) : Une nuit à la bibliothèque - Chiaki Okada et Kazuhito Kazeki

Aujourd’hui les enfants vont à la bibliothèque avec leurs doudous pour écouter des histoires. Au moment de repartir, chacun prépare un petit lit pour sa peluche et la couche au milieu des étagères, triste à l’idée de devoir attendre le lendemain pour la revoir. La nuit venue, l’ours en peluche se réveille, puis le crocodile, le lapin et tous les autres doudous. Ensemble, ils commencent à jouer avec les livres et mettent la pagaille dans les rayons, jusqu’au moment où ils sont surpris par les bibliothécaires…

Très joli album sur la magie des livres et de la lecture. Un texte minimaliste se réduisant à deux ou trois lignes par page suffit pour installer une atmosphère empreinte de tendresse et de rêverie. Parce que oui, voir des doudous passer une nuit entière dans une bibliothèque, ça donne envie ! D’aller dans ce lieu de prime abord intimidant, de profiter de la gentillesse et de la bienveillance des personnes qui y travaillent, de feuilleter, de manipuler, de choisir des tonnes de livres… et de les ramener chez soi !

Les illustrations au crayon, sans encrage, offrent une douceur apaisante qui colle parfaitement au texte. Un album « calme » et « tranquille », qui fait du bien et qui a inspiré Charlotte : depuis que nous l'avons découvert ensemble, il lui arrive souvent de faire la lecture à son doudou !

Une nuit à la bibliothèque de Chiaki Okada et Kazuhito Kazeki. Seuil Jeunesse, 2016. 40 pages. 13,50 euros. Dès 3 ans.  









dimanche 24 avril 2016

Les deux grenouilles à grande bouche - Pierre Delye et Cécile Hudrisier

Le déluge s’annonce, les rivières sortent de leur lit, les lacs deviennent des mers. Deux cent quarante jours de pluie non stop, une catastrophe planétaire ! Une seule famille a réagi à temps et a construit un immense bateau. Mais le capitaine constate qu’il n’y aura pas de place à bord pour tout le monde : « Deux de ci, deux de ça, deux de chaque. Un chacun et une chacune, pas moyen de faire plus, pas moyen de faire mieux ».

On fait monter en premier les beaux animaux, puis les bizarres, les terribles et les pénibles. Restent les pires. Et les pires des pires, ce sont les grenouilles à grandes bouches ! Sur le bateau où tout le monde est serré et où la tension monte, les grenouilles chantent tout le temps, trop mal, trop fort. Les grenouilles font des blagues pas marrantes, les grenouilles se moquent et rigolent. Alors le capitaine prend une grande décision : pour arrêter le déluge, il faut faire un sacrifice : « On va zigouiller quelqu’un. Quelqu’un de vert ! Quelqu’un qui a une grande bouche ! Et pour être sûr, on va liquider la paire. »

Un bonheur cet album que je classe d’emblée parmi mes coups de cœur de l’année. Parce qu’il est drôle, terriblement drôle. Parce que le texte est rythmé, truffé de jeux de mots et qu’il permet au cours de la lecture de chanter aussi faux que les grenouilles. Parce que les illustrations de Cécile Hudrisier sont d’une folle expressivité et offrent aux différents animaux des trognes impayables. Et surtout, surtout, parce que la fin est géniale, très politiquement incorrecte, totalement immorale même. Et ça fait du bien, impossible de le nier.

Oui cette chute inattendue à l’humour presque noir interpelle. Les insupportables brailleuses vertes ne connaîtront pas le châtiment qu’elles méritent, c’est même bien pire que ça, c’est même totalement injuste… et c’est jubilatoire de bout en bout !


Les deux grenouilles à grande bouche de Pierre Delye et Cécile Hudrisier. Didier Jeunesse, 2016. 36 pages. 12,50 euros. A partir de 5 ans.


Les avis de Leiloona et MyaRosa