Revoilà donc Chlorophylle, série mythique du non moins mythique Raymond Macherot créée à l’origine dans les années 50. Si Zidrou et Godi avaient tenté l’an dernier une reprise pas franchement convaincante, Cornette et Hausman sont plutôt dans un hommage où l’esprit est respecté mais où l’univers graphique l’est beaucoup moins. La nuance est de taille et, pour le coup c’est bien plus intéressant.
Une histoire animalière qui ne paye pas de mine, à première vue gentillette. Mais sous ses abords un brin naïfs affleurent une réflexion sur l’amitié, l’entraide, la différence, ainsi qu’une pointe de cruauté qui est un peu la marque de fabrique d’Hausman (vous n’avez qu’à lire le fabuleux « Prince des écureuils » pour vous en convaincre). D’ailleurs, toute la puissance de l’album tient dans le trait naturaliste précis et un poil torturé de ce maître de la couleur directe dont chaque case, véritable aquarelle fourmillant de détails, est à tomber par terre. Au milieu de l’album, l’histoire bascule de façon inattendue vers un fantastique lorgnant clairement du coté de Frankenstein et de King Kong, tandis que la fin laisse en bouche une certaine amertume que Macherot lui-même, en grand adepte d’une certaine forme de noirceur et de désespoir, n’aurait pas renié.
Un conte animalier à la fois classique et surprenant, sublimé par les dessins de l’un des derniers géants de la BD franco-belge. L’objet-livre en lui-même est superbe, ce qui ne gâche rien.
Chlorophylle et le monstre des trois sources d’Hausman et Cornette. Le Lombard, 2016. 48 pages. 15,00 euros.
Macherot à gauche et Hausman à droite... |
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