Alors qu’il se trouve à Munich pour participer à une convention d’architectes paysagistes, Beto, arrivé la veille de Madrid avec sa femme Marta, reçoit de cette dernière un SMS qui ne lui est pas destiné. « Le message disait : Je ne lui ai encore rien dit. C’est si difficile. Pff. Je t’aime ». Foudroyé par ce coup du sort inattendu, il décide de rester quelques jours en Allemagne, laissant son ex-compagne rentrer seule en Espagne. Déprimé, perdu, sans argent, il est recueilli par Helga, son interprète. Au lieu de passer la nuit à l’hôtel, elle lui propose sa chambre d’amis. Après quelques verres, ils finissent au lit. Problème, Helga a 63 ans et pourrait être sa mère…
« La nudité, isolée du désir sexuel, renvoie toujours à la froideur anatomique de la médecine légale. Elle avait les seins et les fesses qui ballotaient, ainsi que les cuisses et les bras décharnés, les cheveux en bataille, le visage de femme vieillissante. Ce n’était ni laid ni désagréable mais quelque chose en moi éprouva comme un malaise, presque inévitablement. J’avais baisé une vieille allemande. Je fus submergé par une vague de honte que je ne savais pas esquiver. »
Franchement, je l’ai adoré ce Beto ! Pensez donc, un pauvre gars plaqué par sa femme qui lui préfère « un chanteur uruguayen ». Un type lâche, faible, incapable d’assumer, de faire face, de se prendre en main. Un mec qui se ridiculise en public, qui jette ses principes aux orties après trois verres dans le nez, qui cède à la tentation dès que l’occasion se présente alors qu’il devrait être au trente-sixième dessous. Et tout ça en nous faisant marrer malgré lui, avec une sorte d’autodérision maladroite qui éloigne tout cynisme et toute geignardise. Et Helga est géniale aussi. Pas orgueilleuse pour deux sous, sans illusion, consciente que cette aventure d’un soir n’a pu avoir lieu que grâce à l’alcool, et lui lâchant le lendemain de leurs galipettes : « J’imagine que tu pourras classer ce qui s’est passé cette nuit dans le musée des horreurs de ta vie, vraiment. »
En filigrane, David Trueba dresse le portrait d’une jeunesse espagnole à la dérive, frappée de plein fouet par la crise. Beto imagine des projets de jardins qu’aucune commune ne peut plus financer et qui ne verront donc jamais le jour, mais il le fait avec passion parce qu’il a « toujours aimé avoir un métier inutile ». C’est à la fois tragique, désenchanté, drôle et touchant.
Seul reproche, le roman, présenté comme un journal intime censé couvrir une année de la vie de Beto, souffre d’un flagrant déséquilibre. Le mois de janvier, celui où se déroule le congrès de Munich, occupe 125 des 160 pages. Les onze autres mois sont balayés bien trop rapidement, c’est franchement dommage.
Reste que j’ai beaucoup apprécié découvrir cet auteur, ses personnages attachants malgré leurs nombreux défauts (ou plutôt grâce à leurs nombreux défauts) et cette écriture à la fois très psychologique et très visuelle (David Trueba est aussi scénariste et réalisateur, cela se ressent dans sa narration). Une belle surprise !
Blitz de David Trueba (traduit de l'espagnol par Anne Plantagenet). Flammarion, 2016. 166 pages. 18,00 euros.
Mhuuum ça me plait :-p
RépondreSupprimerDes baisers du matin jeune homme <3
Il te plairait ce narrateur ;)
SupprimerBonjour, un roman que j'ai bien envie de lire! Le coup du SMS au mauvais destinataire, trop drôle et pourtant c'est bien le genre de chose qui arrive.
RépondreSupprimerEt puis pour une fois que c'est une femme vieille qui va avec un jeune :). Le style me plait.
Comme toi j'adore cette citation! (de toute façon ça va finir par la mort)
Le style te conviendrait, j'en suis certain.
SupprimerPourquoi pas, je me laisserai bien tenter....
RépondreSupprimerJe me demande ce que tu en penserais.
SupprimerJ'avais noté cet auteur avec Savoir perdre qui a eu de bonnes critiques. Je pense qu'avec l'un ou l'autre roman, c'est un écrivain â découvrir
RépondreSupprimerC'est un écrivain qui gagnerait à être davantage connu, oui.
SupprimerIl me tente bien surtout pour les personnages :)
RépondreSupprimerC'est le gros point fort de ce roman.
SupprimerOn a quand même beaucoup utilisé le coup du SMS, sinon je trouve que tu défends bien ce livre, et c'est assez amusant de voir que tu l'apprécies malgré ses défauts.
RépondreSupprimerLuocine
Je l'apprécie pour son héros (ou plutôt antihéros !) et son ton où règne une certaine désinvolture qui me va comme un gant.
Supprimerbon à surveiller donc !
RépondreSupprimerToutafé !
SupprimerUn auteur à découvrir donc, ou tout du moins à suivre
RépondreSupprimerA découvrir ET à suivre.
SupprimerPas trop envie de lire le nombril de ce monsieur
RépondreSupprimerIl a une façon très particulière de regarder son nombril, qui m'a beaucoup plu.
SupprimerTrès tentant !
RépondreSupprimerTant mieux !
SupprimerJe n'arrive pas à savoir si je suis tentée ou pas ! Drôle d'impression...
RépondreSupprimerJe dirais que c'est plutôt bon signe (ou pas^^).
SupprimerHmmm j'ai presque envie de me raccrocher au "seul reproche" pour protéger ma PAL.^^
RépondreSupprimerPfffff, tu es tombée bien bas :p
Supprimer160 pages c'est court quand même :-p
RépondreSupprimerC'est parfait pour moi ;)
SupprimerCette citation <3
RépondreSupprimerN'est-ce pas.
SupprimerJ'imagine qu'on va entendre parler de cet auteur, je suis mitigée, je ne sais pas trop quoi en penser, certaines citations me tentent mais en même temps certaines choses me rebutent....
RépondreSupprimerIl ne te laisse pas indifférent, c'est le principal, non ?
SupprimerJe n'en ferai peut-être pas une priorité mais tu le vends bien...! ^^
RépondreSupprimerPas certain qu'il te convienne ce roman.
Supprimeroui un très bon vendeur sur ce coup-là !
RépondreSupprimerJe vais prendre ça pour un compliment ;)
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