Vincent, son ex-femme, son frère Damien, sa fille Pauline. Louis, militant communiste septuagénaire. Catherine, secrétaire d’état à l’environnement. Camille, Antoine, Edith… Une levée de bouclier contre la construction d’un aéroport, une usine qui ferme. Des gens qui luttent, se démènent, se résignent. Il y a tout cela dans cet album choral où les solitudes intérieures semblent ne jamais être capables de partager leur ressenti, leur mal-être, leurs combats.
Pour moi, un nouvel album de Pedrosa est un événement majeur. C’est un auteur qui m’avait bouleversé avec « Trois ombres » et m’avait totalement impressionné par sa maîtrise narrative et graphique tout au long de « Portugal ». Clairement, « Les équinoxes » ne pouvait qu’être la BD de l’année. Sauf que. Ça n’a pas été le raz de marée que j’attendais, le tourbillon plein d’émotion qui devait m’emporter à coup sûr. Peut-être une œuvre trop intime, trop personnelle, trop introspective. Les thèmes et les réflexions se veulent universelles mais je suis resté à l’écart. Et puis les longs récitatifs qui viennent s’insérer entre les différentes séquences dessinées (et qui ont servi de matériau de base au récit), ralentissent la fluidité de l'ensemble. Le procédé a quelque peu gêné ma lecture et gâché mon plaisir.
Graphiquement, c'est impressionnant et j’adore toujours autant ce trait à la fois nerveux et très relâché qui se reconnait au premier coup d’œil. A chaque saison sa technique (aquarelle pour l’automne, crayon à papier pour l’hiver, pastel et crayons de couleur pour le printemps, couleurs franches sans noir pour l’été). Un album dense, ambitieux, intelligent et profond. Très au-dessus de la production actuelle. Un album que j’aurais aimé adorer. Mais la magie n’a pas opéré. Pour autant, Pedrosa reste à mes yeux l’auteur le plus talentueux de sa génération, et cette semi-déception ne va rien y changer.
Les équinoxes de Cyril Pedrosa. Dupuis, 2015. 330 pages. 35,00 euros.
L'avis de Jacques
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