jeudi 18 juillet 2024

Urushi - Aki Shimazaki

Autant je suis le premier à râler chaque mois d’août en découvrant un nouveau roman d’Amélie Nothomb sur les tables des libraires, voyant dans cette production annuelle une démarche bien plus commerciale que littéraire, autant je pardonne à Aki Shimazaki de faire la même chose chaque printemps parce que… je ne suis pas à une contradiction près. Ben oui, je n’y peux rien si je me réjouis de retrouver sa plume tout en délicatesse et ses personnages si attachants. Il faut dire en plus que ce « Urushi » était davantage attendu que les autres puisqu’il vient clore la pentalogie « Une clochette sans battant ».

On y retrouve donc des protagonistes déjà vus dans les tomes précédents, avec cette fois-ci une focalisation sur la famille recomposée de l’adolescente Suzuko. Son père, veuf, a épousé sa belle-sœur, juste après sa naissance. Elle a donc grandi auprès de sa tante et du fils de cette dernière, Nuro, né d’une précédente union. Élevés comme des frères et sœurs, les deux cousins ont développé une complicité pleine de tendresse, bien que Nuro ait dix ans de plus que Suzuko. Aujourd’hui adolescente, cette dernière reste viscéralement accrochée à son rêve d’enfant : épouser Nuro. Sauf que celui-ci, ayant depuis longtemps quitté la maison, a d’autres projets.

Le Kintsugi, cet art traditionnel consistant à réparer les morceaux brisés d’une céramique avec de la laque avant de les saupoudrer d’or, est au cœur du roman. Symboliquement, il représente la recomposition de la famille de Suzuko : « Nous étions tous les quatre des morceaux de familles brisées. Et ces morceaux se sont rassemblés pour former un seul objet. » Au-delà de la symbolique, le texte flirte également avec le roman d’apprentissage, poussant Suzuko à comprendre que « l’amour à sens unique ne fonctionne pas » et à la sortir du monde de l’enfance pour entrer de plain-pied dans l’âge de la maturité.

Comme d’habitude chez Shimazaki des secrets vont être révélés et les émotions s’épanouir avec pudeur et légèreté. L’écriture, à la fois descriptive et minimaliste, touche à une forme d’épure et offre un rythme plein de charme au récit. Bref, vivement le prochain printemps et le début d’une nouvelle pentalogie !

Urushi d’Aki Shimazaki. Actes sud, 2024. 140 pages. 16,00 euros.






4 commentaires:

  1. J'attends encore un peu avant de me lancer dans la lecture de la pentalogie "Une clochette sans battant". J'ai hâte et je résiste car j'ai deux pavés à lire cet été.

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  2. J'ai découvert l'auteure avec Le poids des secrets, que j'ai beaucoup aimé, et on m'a conseillé de poursuivre avec Au cœur de Yamato.

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  3. J'avais adoré sa première pentalogie, mais j'ai fini par me lasser.

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  4. Je comprends ce que tu veux dire sur ton attirance littéraire sur la plume de Aki Shimazaki, même si je suis moins sensible que toi sur sa situation. Je continue à glaner sur quelques romans d'Amélie Nothomb pour mieux cerner cette autrice (je ne cherche pas à expliquer son succès populaire, je cherche à la comprendre intrinsèquement et analyser ce qui me fascine et me dérange dans son univers... je commence à voir la fin de ma quête. Les deux derniers romans lus récemment m'ont un peu aidée).

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