Amiens, Saint-Quentin, Guise, le voyage d’Émile offre une plongée réaliste dans la Picardie du début du 20ème siècle. Une terre rurale, pauvre, sans horizon pour sa population la plus démunie. Émile et les siens vivotent dans une ferme délabrée. Son père a l’alcool mauvais et la main lourde, sa mère s’épuise aux tâches ménagères entre deux accouchements et sa sœur Léonie, qui se rêve institutrice, sait que sa condition paysanne lui interdit d’accéder à un tel statut. Au familistère de Guise, le garçon découvre un mode de vie basé à la fois sur le coopératisme, une répartition égalitaire des richesses, l’éducation et l’émancipation des femmes. Un univers à ses yeux révolutionnaire dont il va vite comprendre le fonctionnement, les enjeux et surtout les bienfaits.
Cathy Ytak signe un roman jeunesse engagé avec ce qu’il faut de subtilité pour ne pas tomber dans la caricature. Elle dresse à travers le personnage d’Émile le portrait touchant d’un enfant sensible, rêveur, déterminé et naïf qui ne va cesser de s’enrichir au fil de ses rencontres. Le contexte historique est extrêmement bien rendu, sans lourdeurs didactiques, et le caractère utopiste et humaniste du familistère parfaitement expliqué, sans occulter les limites d’un tel « palais social » (promiscuité, forme de paternalisme, etc.).
Un roman qui se veut bien plus positif que politique, aussi captivant qu’instructif. Parfait en somme pour faire découvrir aux jeunes lecteurs un pan trop méconnu de notre histoire sociale.
Les vraies richesses de Cathy Ytak. Talents hauts, 2019. 235 pages. 9,00 euros. A partir de 9-10 ans.
Une pépite jeunesse évidemment partagée avec Noukette