Second volume de la trilogie new-yorkaise de Charles Stevenson Wright (après « Le Messager »), « Les tifs », publié en 1966, est un texte inclassable, à la fois pamphlet et satire acide d’une population noire et métissée dont les rêves de réussite et d’égalité ne pouvaient qu’être un jeu de dupes voué à l’échec. Un roman boycotté à sa sortie par la critique, considéré aujourd’hui comme un chef d’œuvre et qui entraîna son auteur vers une chute inexorable, réduit à la pauvreté, détruit par l’alcool, sombrant dans l’anonymat le plus total jusqu’à sa mort dans un hospice du Lower East Side.
C’est simple, il y a tout ce que j’aime dans ce roman. Une plongée à la marge directe, terrible, violente, désespérée, portée par un cynisme tranchant, un humour noir dévastateur et une succession d’événements surréalistes tirant souvent vers l’absurde et frôlant parfois l’hystérie. C’est cash, sans fioriture, tout son sauf consensuel. Le cri de colère d’un écrivain enragé et d’un narrateur perdu entre fantasmes d’une vie meilleure et lucidité face à une réalité sans pitié : « Je m’imaginais que ma chance allait tourner. Est-ce qu’elle avait tourné ? Non, la vie me tenait toujours par les couilles et m’injectait des lavements empoisonnés dans le cul. » Ou encore « On s’en prenait à moi depuis si longtemps. Une mètre cinquante-cinq pieds nus, soixante-trois kilos tout mouillé. L’air d’un gamin, avec une démarche de marin à terre, un visage typiquement métissé : un Américain issu d’un pot de chambre bouillonnant, fruit d’au moins cinq races différentes copulant par deux ou trois comme dans une partie de chaises musicales ».
Un roman qui transpire l’urgence, irascible, affûté comme une lame. Typiquement ma came.
Les tifs de Charles Stevenson Wright. Le Tripode, 2016. 200 pages. 22,00 euros
mais pourquoi l'auteur a-t-il connu un destin aussi tragique? je sais que ce sont les livres que tu aimes et qui me font un peu peur mais il faudra bien un jour que je franchisse le pas.
RépondreSupprimerCe n'est pas une obligation non plus tu sais, chacun ses goûts ;)
SupprimerPublié en 66, il ne parait pas daté.
RépondreSupprimerC'est vrai, il est resté très moderne.
SupprimerEffectivement, il était pour toi celui là...! Pas certaine que ce soit ma "came" par contre... ;-)
RépondreSupprimerJe suis certain qu'il n'est pas pour toi celui-là ;)
SupprimerComme Noukette, il était pour toi !
RépondreSupprimerIl avait beaucoup d'arguments pour me plaire, c'est certain.
SupprimerJ'hésite un peu
RépondreSupprimerC'est particulier. Mais très bon !
Supprimerje te rejoins de plus en plus sur ce genre... et puis rien que le contexte...
RépondreSupprimerLaisse toi tenter, tu me diras...
SupprimerTon premier paragraphe de présentation me parle bien. Et puis le Tripode, j'ai une confiance absolue ! Noté, noté. Aaah le style oui, complètement ta came, je commence à vraiment bien cerner ce qui te fait triper dans l'écriture.:-)
RépondreSupprimerIl n'y a pas QUE ce style qui me fait triper non plus, hein, je suis un gars éclectique :p
SupprimerTypiquement ta came, c'est sûr... La mienne ? Ca dépend des jours... faut voir.
RépondreSupprimerDans un bon jour alors ;)
SupprimerWaouh ! Cela me tente vraiment beaucoup...Et les illustrations qui accompagnent le récit ont l'air chouette également, non ?
RépondreSupprimerAh oui, je n'ai pas parlé des illustrations, mais elles sont excellentes !
Supprimer