Fat City entremêle les destins de Billy Tully et Ernie Munger. Billy, boxeur en fin de carrière, ne s'est jamais remis de son divorce et vivote dans des chambres d’hôtels sordides. Entre deux cuites, il lui arrive encore de fréquenter la salle d’entraînement. C’est là qu’il y rencontre Ernie, un gamin néophyte tellement doué qu’il le recommande à son ancien promoteur. Mais un talent prometteur ne suffit pas à faire un champion, Ernie l’apprendra à ses dépens.
Une incroyable plongée dans le quotidien des damnés du ring où suintent à chaque page le sang, la sueur et le désespoir. Billy l’alcoolo, que l’on suit de troquet en troquet, de journées passées dans les champs d’oignons où de tomates sous un cagnard assommant pour moins d’un dollar de l’heure, voit son horizon s’obscurcir au fil des semaines. Billy et ses illusions perdues, sa lucidité mélancolique qui vous vrille les tripes. Et que dire d’Ernie, ses premiers combats, son visage tuméfié, son nez fracturé, ses victoires dans des trous paumés pour un cachet toujours inférieur à ce qu’on lui avait promis et sa vie de couple compliquée. Des personnages cabossés, fragiles, au bord du précipice, touchants par leur volonté de rester debout alors que face à un tel désenchantement, il serait plus simple de se laisser couler.
Leonard Gardner décrit la misère la plus banale avec une simplicité qui fait mouche et des dialogues d’une grande justesse. L’univers de la boxe est présenté loin des paillettes et de la gloire, avec un implacable réalisme. C’est d’une noirceur et d’une force qui vous laisse k-o (oui, je sais, c’est un peu facile, mais j’aurais pu aussi écrire que ce livre est un uppercut, je ne cède pas entièrement à tous les clichés).
Fat City reste le seul et unique roman de Gardner. Quand on lui demanda pourquoi il n’avait plus rien écrit après, il se contenta de répondre : « C’est la seule histoire que j’avais à raconter ». Dommage que nombre d’auteurs français n’aient pas autant de bon sens. Si tel était le cas, la surproduction éditoriale permanente pourrait être en grande partie éradiquée.
Fat City de Leonard Gardner. Tristram, 2015. 215 pages. 8,95 euros.
Ton dernier paragraphe : oui, rêvons... Cela laisserait le champ livre à de bons livres!
RépondreSupprimerEn tout cas ça éviterait quelques publications totalement inutiles.
Supprimeruhhhhhh ;-) je note, merci jeun hom !
RépondreSupprimermille bises
De la bonne littérature américaine, il faut noter ;)
SupprimerBon, ben je note, il a l'air intéressant. De plus, je pense aussi à mon cher et tendre, ayant fait de la boxe pendant plus de dix ans, ça pourrait l'intéresser :-)
RépondreSupprimerIl est fait pour lui alors, je suis certain qu'il va aimer !
SupprimerDe plus, un bon film de John Huston que ce Fat City. Et d'accord à 100% avec ta conclusion.
RépondreSupprimerIl paraît, oui que le film est excellent (pas vu en ce qui me concerne).
SupprimerJe note ! Il plairait à Gab (qui l'a peut-être lu), moi j'ai vu le film il y a fort longtemps !
RépondreSupprimerPour ta proposition de fin de chronique, tu me fais bien sourire !!
Un bon National Book Award, tu ne peux pas passer à coté.
SupprimerUn univers qui ne m'attire absolument pas.
RépondreSupprimerEt je peux tout à fait le comprendre.
SupprimerC'est pas trop mon truc la boxe...
RépondreSupprimerMême réponse qu'à Alex ;)
SupprimerMerci pour cette découverte : je l'ajoute à ma wish list de ce pas :)
RépondreSupprimerTu fais bien ;p)
SupprimerAhahaha j'adore mais j'adore ta réflexion en conclusion ! Bon sinon l'univers de ce livre, oui, il était fait pour te parler quand même. ;-)
RépondreSupprimerPas faux, ça gratte et ça pique comme j'aime ;)
SupprimerRien que pour dire que j'ai lu tous les romans de Gardner, je le note. (Je viens de terminer un Larry Brown, alors ce ne sera pas pour tout de suite.) Merci de nous faire découvrir toujours de "nouveaux" auteurs.
RépondreSupprimerIl y a tellement de "Brown" il faut dire ;)
SupprimerL'avantage avec celui-là c'est que tu auras vite fait le tour de sa bibliographie !
je l'ai vu en librairie il y a une semaine, il me tentait beaucoup. Je lis ton billet. J'suis vert, j'aurais du ;-)
RépondreSupprimerIl est encore temps d'y retourner ;)
Supprimer