Et le pire c’est que j’ai presque tout compris (enfin, en gros, il ne faut pas pousser non plus). En gros, donc, Heisenberg découvrit en 1927 le principe d’incertitude selon lequel on ne peut connaître en même temps la vitesse et la position d’une particule élémentaire. Une découverte qui changea la face du monde, conduisant quelques années plus tard à la fission nucléaire et à Hiroshima. Je vous la fait courte mais je ne suis pas, intellectuellement parlant, dans la capacité de développer davantage (il ne faut pas pousser non plus – bis). Sachez juste qu’à travers Heisenberg, Ferrari dresse le portrait de ces scientifiques auxquels il « fut donné pour la première fois de regarder par-dessus l’épaule de Dieu ».
Quand l'auteur d'Où j'ai laissé mon âme s’empare d’un tel sujet, il ne donne pas dans le documentaire pédagogique. Il bouscule la chronologie et offre à son récit la prose majestueuse et exigeante qui le caractérise. Des phrases à la beauté foudroyante, s’étalant sur une demi-page ou ramassées sur elles-mêmes, sèches comme un coup de trique. J’ai adoré le vouvoiement du narrateur à l’adresse d’Heisenberg, cette proximité s’installant, presque intime, entre un petit personnage d’aujourd’hui interpellant un grand personnage d’hier pour mieux comprendre un monde où « rien ne peut sauver de la solitude l’homme qui ne rencontre que lui-même. C’est ainsi. Ce monde qui nous prolonge et nous reflète est plus terrifiant, plus étranger, plus hostile que ne le fut jamais la nature sauvage ».
Oui, Heisenberg a mis sa science au service des nazis. Mais conscient du danger potentiel que pourraient engendrer ses travaux, il a fait traîner les choses, incapable de répondre à une question fondamentale, bien plus philosophique que scientifique : un savant doit-il renoncer au progrès à partir du moment où il prend conscience que sa découverte peut détruire le monde ? De toute façon, il n’y a aucun jugement, aucune condamnation dans cet ouvrage. Comme si le principe d’incertitude s’appliquait aussi à celui qui l’a découvert.
Je n’ai pas envie de rentrer dans les détails. Ce texte, il faut s'en délecter, se laisser porter par son rythme harmonieux, par son ampleur, sa mélodie d’une grâce sidérante. Le ton est altier, ne s’embarrassant ni de dialogues ni de descriptions, dans une forme d’épure qui va à l’essentiel. Le dernier chapitre offre un ultime et sublime trait d’union entre deux époques (l’actuelle et celle de la bombe) où la folie des hommes, même si les temps ont changé, reste toujours aussi incontrôlable. Vertigineux !
Le principe de Jérôme Ferrari. Actes Sud, 2015. 160 pages. 16,50 euros.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Hélène, Philisine et Une Comète.
J'ai commencé la lecture. Mais avec le rythme propre à cette période de l'année, je n'avance pas. J'attends les vacances pour pouvoir en profiter pleinement
RépondreSupprimerIl faut le déguster sans précipitation ce texte ;)
SupprimerMoi j'attends qu'il soit enfin à la bibli (où ce ne sera finalement plus une nouveauté, mais le texte ne baissera pas en qualité)
RépondreSupprimerIl devrai rapidement arriver dans toutes les bibliothèques !
SupprimerTout pareil pareil, mon premier Ferrari et un gros coup de coeur :-) quelle écriture il a cet homme !!!
RépondreSupprimerImpossible de ne pas être en admiration devant cette écriture.
SupprimerComme toi c'est un sujet qui ne m'attire pas des masses de prime abord. Mais avec la caution Jérôme Ferrari, je veux bien me laisser tenter :)
RépondreSupprimerLe sujet, on s'en fiche finalement ;)
Supprimerce roman sur un sujet proche de de la 4ème dimension pour moi a su me faire ressentir de vraies émotions!
RépondreSupprimerC'est là le tour de force de Mr Ferrari ;)
SupprimerJe n'ai rien compris, je suis passée à côté !
RépondreSupprimerJ'ai vu ça, dommage !
SupprimerDire que je n'ai toujours pas lu Ferrari, oui je sais, c'est une honte ! En tout cas, après un tel billet, je ne peux que me repentir et faire en sorte de remédier à cette énorme lacune et le plus vite possible !
RépondreSupprimerPas une honte, non, mais il va être temps de s'y mettre ;)
SupprimerTon billet me fait drôlement plaisir ! Première rencontre avec Ferrari pour moi, et sûrement pas la dernière. Quel roman éblouissant !
RépondreSupprimerAh ben non, il ne faut surtout pas en rester là avec lui !
SupprimerTout pareil que Comète : un roman exceptionnel ! Et ma première participation au défi de Galinette cette année.
RépondreSupprimerEt toi je suis certain que tu vas en lire un autre ;)
SupprimerComme toi, j'ai aimé me laisser porter par le style.
RépondreSupprimerImpossible de ne pas adhérer à ce style, non ?
SupprimerJ'ai beau avoir détesté le Sermon sur la chute de Rome, je vais finir par être obligé de revoir mes positions sur Ferrari vu le nombre de billets élogieux qui paraissent sur ce nouveau roman...
RépondreSupprimerLe Sermon n'est pas mon préféré mais il serait dommage de rester sur cette déception.
SupprimerTout pareil ! je l'ai aussi pépité chez Galéa et je considère aussi Ferrari comme un des grands écrivains contemporains.
RépondreSupprimerça va être la pépite de l'année !!!!
Supprimerj'aime cet auteur donc je lirai ce livre.Il sera en médiathèque c'est certain.
RépondreSupprimerImpossible en effet qu'il ne soit pas à la médiathèque d'ici peu.
SupprimerEt bien plus je le vois sur les blogs plus j'ai envie de le lire :) !
RépondreSupprimerRien de plus logique finalement !
Supprimer2/20 ?!
RépondreSupprimerBon, pas lu et pas dans mon programme. Un jour, si je le croise en bibli et que je suis à court d'idées... Mais toujours heureuse de voir un coup de cœur sur ton blog .
Il faut le lire, c'est un texte tellement ciselé, de la dentelle !
SupprimerMerci pour la chronique. Je sais maintenant que ce livre ce sera un prochain cadeau pour un proche ami ^^
RépondreSupprimerCe sera un superbe cadeau !
SupprimerComment ne pas le noter ? Tu le défends très très bien.
RépondreSupprimerJe tenais à bien le défendre celui-là ;)
SupprimerBon, mettons les choses au clair tout de suite et au risque de soulever un tollé général : je n'ai pas réussi à rentrer dedans. A ma décharge :
RépondreSupprimer1 Je suis totalement et à tout jamais rétive aux maths (mais ça, je ne suis pas la seule ici !)
2 Ce n'est peut-être pas par ce livre-là qu'il faut découvrir Ferrari (et non, je ne l'ai jamais lu...)
3 Ce n'était certainement pas à un moment très opportun que j'ai tenté cette lecture (mais bon, il était dispo à la bibliothèque, j'ai sauté dessus !)
Pour conclure, conseillez-moi, Jérôme et les lecteurs de ce blog, un titre qui me permette de découvrir cet écrivain.
Merci à tous !
Non, ce n'est pas avec ce titre qu'il faut découvrir Ferrari si possible mais avec le fabuleux "Où j'ai laissé mon âme".
SupprimerJe n'avais pas envie de lire Ferrari, encore moins celui-ci (moi aussi j'ai eu 2/20 aux mats au Bac) mais là tu m'as convaincue. J'hésite avec "Où j'ai laissé mon âme" pour le découvrir...
RépondreSupprimerAucune hésitation, il faut commencer avec "Où j'ai laissé mon âme" !
SupprimerHahaha j'adore ton premier paragraphe et j'espère fort que M. Ferrari écrira un livre sur la reproduction des escargots d'aquarium !! Bon, blague à part, je n'ai jamais lu cet auteur mais tu m'as rendue très curieuse là !
RépondreSupprimerCelui-là, il n'y a pas de bouclier qui tienne, tu DOIS le lire !
SupprimerJe le veux, je le veux, je le veux.
RépondreSupprimerJe sais depuis le début qu'il va me plaire et ça me met en joie tous vos billets élogieux. Moi aussi nulle en math, mais fille de scientifique donc quand même un peu sensibilisée à l'idée.
Je crois qu'il passe en tête des pépites ce Principe.
merci Jérôme.
Il sera la seule et unique pépite de cette saison je crois ;)
SupprimerJe ne me sens pas plus tentée que ça....
RépondreSupprimerDommage mais si tu souhaites le découvrir et au risque de me répéter, fonce sur "Où j'ai laissé mon âme" !
SupprimerJe suis aussi une véritable nullité en sciences. Aussi ce roman n'a rien pour m'attirer. Mis à part tous les avis élogieux des blogueurs. Je n'ai pas encore eu l'occasion de me lancer, mais je le ferai.
RépondreSupprimerJe suis ravi d'apprendre que tu le feras ;)
SupprimerDepuis le Goncourt, cet auteur ne me tente pas, va savoir pourquoi... je sens que j'ai tort :)
RépondreSupprimerLaisse-moi te confirmer que tu as tort, affreusement tort ;)
SupprimerRhoo, je n'ai pas encore lu cet auteur... il faut que je m'y mette, ton enthousiasme est communicatif. Surtout que je n'ai pas d'excuse, j'ai presque tous ses livres, mon mari est fan!
RépondreSupprimerAh oui en effet, tu n'as aucune excuse. Yapluka !
SupprimerTu donnes envie, par contre quand on a jamais lu l'auteur, peut-on commencer par celui-ci ?
RépondreSupprimerOn peut mais je ne le conseillerais pas.
SupprimerJe plaide coupable, je n'ai toujours pas lu Ferrari... Mais je vais y remédier, promis monsieur, impossible de passer à côté d'un de tes auteurs chouchous !
RépondreSupprimerEt en plus je sais que tu as ce qu'il faut dans ta pal ;)
SupprimerAh la physique! La seule science qui me rebute. Peut etre l'occasion de me réconcilier avec.
RépondreSupprimerBy the way, ta présentation qui apparaît dans le bas de ton blog confirme que tu es un homme pré nommer jérôme
Moi aussi je suis allergique à la physique mais avec ce roman, on va bien au-delà d'un thème purement scientifique.
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