Ah le bonheur ! Grâce à cette lecture commune proposée par Syl, j’ai pu replonger dans un texte découvert il y a 20 ans. Un roman culte, incontournable, une pépite qui a déclenché en moi un coup de foudre pour la littérature américaine. Demande à la poussière est une réécriture de La faim de Knut Hamsun. Il y a dans ces pages une vitalité, une fraîcheur, une urgence et une liberté de ton incomparables. Les phrases se bousculent, Arturo est tour à tour égocentrique, affreusement méchant, imbuvable, touchant ou exaspérant, parfois d'une totale mauvaise foi. Humain, quoi. Ce roman est d’une infinie tristesse mais il déborde d’amour. Il est aussi plein d’humour, d’autodérision, de désespoir. On touche à la folie, à la passion, à la vie dans ce qu’elle propose de plus universel, ce mélange de sentiments allant de la colère à la compassion, de l’attendrissement au dégoût.
L’écriture de John Fante est très orale, elle coule avec une sidérante simplicité. J’adore la variété de son registre de langue. Le vulgaire côtoie des moments de pure beauté, les dialogues sonnent parfaitement juste, c’est tout ce que j’aime en fait.
Les cinq pages du chapitre six sont à tomber par terre. C’est pour moi l’exemple même de l’écrivain touché par la grâce. Jugez plutôt : "J’ai regagné ma chambre, remontant les escaliers de poussière de Bunker Hill, le long des bicoques en bois mangées par la suie qui longent cette rue obscure, avec ses palmiers étouffés par le sable, le pétrole et la crasse, ces palmiers si futiles qui se tiennent là comme des prisonniers moribonds, enchaînés à leur petit bout de terrain, les pieds dans le goudron. Rien que de la poussière partout et des vieilles bâtisses, avec tous ces vieux assis aux fenêtres, tous ces vieux qui sortent de chez eux à petits pas, qui se déplacent douloureusement dans la rue noire. Les vieux de l’Indiana, de l’Iowa et de l’Illinois, de Boston et Kansas City et DesMoines, qui vendent maisons et pas-de-porte et s’en viennent ici en train et en automobile, au pays du soleil, histoire de mourir au soleil, avec juste assez d'argent pour vivre jusqu'à ce que le soleil les tue. [...] Juste assez pour entretenir l'illusion que c'est vraiment le paradis et que leurs petites bicoques en papier mâché sont des vrais châteaux. Les déracinés, les gens vides et tristes [...] On est du même pays, eux et moi, on est les nouveaux californiens."
Fante mon amour ! Sans John Fante, je n’aurais jamais connu Selby et consorts. Sans John Fante, une certitude, ma vie de lecteur aurait été bien plus triste !
Demande à la poussière de John Fante. 10/18, 2002. 272 pages. 7,10 euros.
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Syl, Nahe et Manu.
Un billet qui signe ma 1ère participation au mois américain |
J'ai aussi beaucoup aimé !
RépondreSupprimerC'est un de mes romans préférés.
SupprimerWoawww...bel extrait en effet....et ce titre...déjà une invitation à la lecture...je note...merci...devrait pas être difficile à trouver celui-là...
RépondreSupprimerNon il doit être très à facile à trouver, c'est devenu un classique.
SupprimerTu me donnes envie de le relire!
RépondreSupprimerC'est le but !
SupprimerGloups ! j'ai oublié de parler du style de l'auteur ! Gros oubli...
RépondreSupprimerEn fait, j'ai été embarquée dans l'histoire et lorsque je l'ai terminée, je ne pensais qu'à Camilla et Arturo.
J'ai préféré "Bandini". J'ai aimé la gouaille du père et la sainteté de la mère.
Je suis bien contente d'avoir lu ces 2 titres. Merci Jérôme ! Tu es associé à Fante à présent !
Quant à ton billet, il est un très bel éloge.
C'est parce que tu as eu envie de le lire que je m'y suis replongé. Merci à toi !
SupprimerJ'ai "Mon chien stupide" et "L'orgie" dans ma PAL.
RépondreSupprimerJe les ai moi aussi, tu penses bien. Lus depuis longtemps mais si tu veux continuer l'aventure avec John Fante je t'accompagnerais avec plaisir.
SupprimerEh ben dis moi, quand tu aimes, ça se voit...! Bel article, vraiment... Mais au fait, vaut mieux lire Bandini avant non pour une néophyte...?
RépondreSupprimerPas forcément la peine de lire Bandini. Demande à la poussière est pour moi son chef d'oeuvre, autant commencer par celui-là.
SupprimerLa vache!!!! Quelle conviction... Quelle verve ! Quelle extrait! C'est tout simplement beau to billet. Tu sais que je ne sais plus où donner de la tête moi.... tssssss......
RépondreSupprimerEt comment je fais moi hein ???? :D
Désolé mais avec John Fante je ne pouvais pas faire autrement.
SupprimerJe note ce titre, car ma précédente expérience avec l'auteur n'a pas été concluante.
RépondreSupprimerSi tu ne dois lire qu'un titre de cet auteur, prends celui-là.
SupprimerJérôme, je te déteste quand tu me rappelles que je dois absolument lire cet auteur... ^_^
RépondreSupprimerKeisha, il faut abso-lu-ment que tu lises cet auteur !! Tu sais ce livre, c'est un non-lecteur qui m'en avait parlé avec enthousiasme à l'époque (j'entends par non-lecteur, des gens qui lisent occasionnellement, sans trouver ça désagréable, mais en tout cas loin de notre passion des livres - même pas dans leur rubrique "hobbies"^_^). Forcément j'étais curieuse de ce livre qui avait réussi à passionner un non-lecteur ! Et j'ai compris. Hé ben depuis, je l'écoute.^_^ (heureusement que vu son rythme de lecture, il ne contribue pas trop à augmenter ma PAL;)).
SupprimerA girl, non mais quand même, tu augmentes ma LAL chez les autres? Tu sais, j'ai déjà lu un de ses livres, mais il y a siiiiiiiiiiiiiii longtemsp (tu ne devais pas savoirl ire à l'époque)
Supprimerhahaha oui c'est un nouveau concept, comme les LAL en photo sur son phone, augmenter les LAL chez les autres.^_^ Si tu te mets sur un Fante en 2014, invite-moi à une LC (Jérôme, on fait salon ici, désolée ^_^)
SupprimerVous pouvez faire salon ici, vous serez toujours les bienvenues. C'est un plaisir de lire vos échanges.
SupprimerUne belle découverte, je comprends ton enthousiasme !
RépondreSupprimerN'est-ce pas. C'est un roman et un auteur spécial pour moi...
SupprimerWaouw, une vraie déclaration d'amour ! "In illo tempore" j'ai lu Bandini et Le vin de la jeunesse... j'avais aimé mais n'en ai pas lu d'autre...
RépondreSupprimerTu dois absolument lire "Demande à la poussière" !
SupprimerEncore un qui attend dans ma PAL depuis des lustres...
RépondreSupprimerMais comment est-ce possible ?
SupprimerJe veux absolument découvrir cet auteur !
RépondreSupprimerT'as intérêt !
SupprimerMerci de m'avoir encouragée à le sortir de ma PAL celui-ci ! Tu lui fais une magnifique déclaration :-)
RépondreSupprimerC'est drôle, je dis des choses pareilles, mais bien moins bien que toi !
Ah ben non, pas moins bien, il est très beau ton billet je trouve.
Supprimerquel texte! j'aime bien cet auteur et je vais le relire grâce à toi
RépondreSupprimerMerci
Luocine
Pas de quoi, je suis le VRP officiel de John Fante et ça me plait !
SupprimerUn de mes auteurs préférés!
RépondreSupprimerJe sais que tu l'aimes beaucoup, comme Carver d'ailleurs. Tu es une femme de goût^^
SupprimerLu il y a quelques années, qu'est ce que j'avais aimé ce roman...
RépondreSupprimerSans doute un des cinq incontournables de ma bibliothèque.
SupprimerJe viens de le terminer. C'est pas le coup de coeur ( après Céline et Buk, je crois que les coups de coeur dans ce genre-là seront très rares )mais j'ai passé un super bon moment. C'est le genre de livre qui marque et dont on garde un souvenir ému. Ton billet est magnifique et lui rend bien honneur ! Je compte lire Bandini dans quelques temps. Tu as un autre de ses titres à me conseiller ?
RépondreSupprimerParmi ses autres titres, j'aime beaucoup "Mon chien stupide". A éviter par contre selon moi "Rêves de Bunker Hill" et surtout "La route de Los Angeles" qui n'est vraiment pas bon.
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