Jean Teulé a choisi de faire naître François de Montcorbier le 30 mai 1431, jour de la pendaison de son père condamné pour vol. Six ans plus tard, sa mère est accusée du même crime et finit enterrée vivante dans la fosse aux chiens, vouée à « souffrir mort et être enfouie toute vive devant le gibet de Montfaucon ». Recueilli et élevé par Guillaume de Villon (dont il prendra le nom vers 1456), chapelain de l’église Saint Benoît le Bétourné, près de la Sorbonne, François suit un enseignement qui doit faire de lui un clerc. Mais le futur grand poète est un piètre élève. Davantage intéressé par les plaisirs faciles et les activités licencieuses, il devient un trublion honni par les bonnes gens du quartier. A la fin de ce premier tome, alors que la police réprime dans le sang une émeute d’étudiants dont il est l’un des meneurs, François tombe dans les bras d’Isabelle de Bruyère, nièce de l’impitoyable évêque d’Orléans Thibault d’Aussigny. Une rencontre qui marquera à jamais la destinée des deux jeunes gens…
Portrait saisissant d’une figure incontournable des lettres françaises, Je, François Villon plonge le lecteur dans l’invraisemblable violence de la fin du Moyen âge. Pendaison, torture, mutilation, prostitution… l’horreur est à chaque coin de rue. Fasciné par tout ce qui est crapuleux, le poète est un individu infect. Totalement incontrôlable, c’est une sorte de rock star avant la lettre dont les excès ne feront que repousser les limites de l’ignominie (notamment lors de son passage dans la bande des coquillards). C’est là tout le paradoxe et la complexité du personnage, à tel point que l’on en vient à se demander comment un homme aussi immonde a pu également être un fabuleux poète ? A l’évidence, il ne fait pas le mal par plaisir. Il semble juste viscéralement attiré par le coté sombre et atroce de son époque.
Pour avoir lu le roman de Jean Teulé, je dois dire que l’adaptation de Luigi Critone est d’une belle fidélité. Quasiment sans aucun récitatif, il parvient à retranscrire en image la quintessence du texte. Il faut dire que l’écriture de Teulé est à la base très visuelle, ce qui facilite les choses. Alternant les scènes contemplatives et celles pleines de frénésie, Critone installe une ambiance où l’horreur et la beauté ne sont jamais très éloignées. Lavis, encrage ou couleur directe, les procédés utilisés illuminent avec finesse la poésie morbide du texte.
Une superbe adaptation qui aura demandé trois ans de travail au dessinateur. Espérons que le second volume restera du même tonneau et qu’il ne faudra pas attendre trop longtemps avant d’avoir le plaisir de retrouver le sulfureux François Villon.
Je, François Villon T1 : Mais où sont passées les neiges d’antan ? de Luigi Critone, d’après Jean Teulé, Éditions Delcourt, 2011. 72 pages. 14.95 euros.
Gasp !! Je m'attendais à un petit polar aujourd'hui ! ;)
RépondreSupprimerTeulé à la BD... encore un coup ! Il n'y est pas manchot d'ailleurs. En espérant que les deux autres tomes de ce triptyque sortiront vite. J'attendrais qu'il soit complet pour le lire
eh oui Mo', une petite erreur d'aiguillage a changé mes plans. Le polar, ce sera pour mercredi prochain^^
RépondreSupprimerVoilà un album qui fait envie. Une rock-star moyennageuse, je demande à lire ^^
RépondreSupprimerQuel être complexe que ce Villon, poète et truand à la fois! J'espère que j'aimerai davantage la BD que l'œuvre originale que je n'ai pas su apprécier pour ma part. Trois ans de travail pour l'adaptation: j'admire!
RépondreSupprimerL'adaptation t'a semblé réussie. J'avais particulièrement aimé la reconstitution du quotidien médiéval, mais dans la planche que tu proposes, j'ai l'impression que l'ambiance générale a été aseptisée. La grosse Margot y paraît bien moins crasseuse et repoussante que dans le roman, par exemple, non ?
RépondreSupprimer@ Yaneck : n'hésite pas, tu devrais aimer.
RépondreSupprimer@ Mango : si c'est le coté mortifère du roman avec les nombreuses descriptions de torture qui t'ont déplues, tu devrais davantage apprécier la BD car Critone a choisi de suggérer plutôt que de tomber dans la descriptionultra précise et un brin complaisante.
@ In Cold Blog : c'est marrant parce que j'ai lu dans une interview de Teulé qu'il imaginait vraiment la grosse Margot comme Critone l'a représentée. Par contre, il précise que le Villon du dessinateur n'est pas son Villon. Peut-être que le dessin est trop "clean" mais je trouve que l'ambiance générale du roman est bien rendue.
Je n'ai pas lu le roman mais en ai entendu beaucoup de bien. Pourquoi pas l'adaptation BD ? Mais c'est vrai que j'étais fâchée avec Teulé depuis Le Montespan... A voir donc !
RépondreSupprimerDu bon boulot visiblement ! Toujours pas lu Teulé pour ma part, je ne sais d'ailleurs pas pourquoi ! Mais cette BD sur Villon j'avoue que ça m'intrigue ! 3 tomes donc ? Patience alors...
RépondreSupprimerJe n'entends que des avis positifs sur cet album, mais mon dieu que cette couverture est moche...
RépondreSupprimerJ'ai lu courageusement 52 romans de Teulé. Je vais en rester là!
RépondreSupprimerFaute de frappe. Je voulais dire 2!
RépondreSupprimerj'ai feuilleté l'ouvrage qui m'a plu lors de mon passage chez mon libraire. Je l'avais noté.
RépondreSupprimerJe serais très tentée par cette BD, très bonne idée d'avoir adapté le roman de Teulé. Merci d'attirer notre attention sur elle !
RépondreSupprimer@ soukee : il faut envisager ce titre comme l'oeuvre de Critone, pas celle de Teulé.
RépondreSupprimer@ Noukette : tu pourras peut-être lire les en même temps dans 6 ou sept ans^^
@ Yvan : Je te l'accorde, le choix de la couverture est très moyen.
@ Marie : tu m'a fait peur ! Moi, je n'ai lu qu'un seul roman de Teulé.
@ wens : si tu le lis, je serais ravi de voir ce que tu en penses.
@ Hélène : il faut savoir se laisser tenter !
Cette BD me tente bien, d'autant plus que j'ai apprécié le roman de Teulé. Et puis rien que la couv' me plait déjà...
RépondreSupprimer@ Ys : pour ceux qui ont lu le roman de Villon, c'est une belle façon de revisiter le texte.
RépondreSupprimerCette BD me fait bien envie. Surtout que j'adore celle du Montespan.
RépondreSupprimerMais je n'ai pas lu le roman sur François Villon donc je prendrai tout en même temps pour être bien au point!
Merci pour ton avis car il donne vraiment envie :D
@ Pauline : lire le roman et la BD en même temps, c'est la meilleure solution. Je l'ai fais avec Construire un feu et Le vent dans les saules. C'est un plus incomparable pour voir la qualité (ou pas) de l'adaptation.
RépondreSupprimerChangement de décor depuis quelques jours... C'est plus sobre je trouve ^^
RépondreSupprimer@ Mo' : pour fêter ses deux ans, j'ai offert à mon blog un petit lifting. C'est plus sobre et surtout plus agréable pour le visiteur : largeur de ligne moins importante, couleur de fond moins agressive que le blanc et puis ces oiseaux qui semblent partis pour voler d'une berge à l'autre (oui, je sais, c'est sacrément tiré par les cheveux comme image mais après tout les interprétations, ça peut être très personnel^^).
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