mardi 22 mai 2018

Mamie gâteau s’emmêle le tricot - Gwladys Constant

A quatre ans et demi Côme connaît bien plus de mots que les enfants de son âge. Il en connaît beaucoup mais il les mélange tous, ce qui inquiète sa maman. Une maman célibataire qui jongle entre sa vie de famille et ses deux emplois. Heureusement mamie Madeleine est là pour s’occuper du petit. Mais depuis peu il se passe de drôles de choses chez mamie Madeleine. Ses affaires disparaissent, comme si quelqu’un s’amusait à les cacher. Un fantôme pense mamie, un fantôme qui lui joue de vilains tours…

Côme confond les mots et mamie a des oublis. Troubles du langage et troubles de la mémoire, chacun se retrouve en difficulté, à l’école ou dans la vie quotidienne. Mais plutôt que de mettre un mouchoir sur le problème, mieux vaut l’affronter. A chacun son spécialiste, à chacun son analyse. Et main dans la main, la grand-mère et son petit fils vont aller de l’avant.

Ne sortez pas les violons ni les mouchoirs, ce petit roman plein de fraîcheur déborde de peps et de vitalité. Loin de l’abattement, on se soutient, on discute, on cherche de l’aide. Les dialogues sont joliment troussés, la maman courageuse affrontant les soucis de sa mère et de son fils est touchante et le petit bonhomme au vocabulaire « décalé » craquant.

Un texte enjoué, positif, où rien ne se règle d’un coup de baguette magique mais où on ne baisse pas les bras devant les obstacles à surmonter. Après La révolte des personnages et Philibert Merlin apprenti enchanteur, Gwladys Constant montre une fois de plus sa capacité à donner le sourire en alliant bonne humeur et simplicité.

Mamie gâteau s’emmêle le tricot de Gwladys Constant et Gilles Freluche (ill.). Oskar, 2018. 64 pages. 8,95 euros. A partir de 7 ans.   










mardi 15 mai 2018

Les étrangers - Éric Pessan et Olivier de Solminihac

« Ils ont traversé la guerre, […] la famine, le désert, la mer. Ils ont plusieurs fois échappé à la mort et ils sont morts plusieurs fois. Ils ne savent plus avec certitude comment ils s’appellent, ils n’ont plus de papiers d’identité valables. Et beaucoup de gens ne croient pas en leur existence, soit qu’ils ne les voient pas, soit qu’ils ne veulent pas les voir, et en même temps ils en ont peur, et en même temps ils croient qu’ils sont partout. Mais quand tu commences à voir les fantômes et à les connaître, tu t’attaches à eux. Tu essaies de les faire repasser du côté de la vie. Tu te bats pour ça. » 

Toute l’histoire de ce court roman tient dans cet extrait je trouve. Basile, un lycéen à la vie bien rangée, croise un soir quatre jeunes migrants dans une gare désaffectée. Ils sont tendus, effrayés, ils fuient quelque chose. Quand l’un d’eux se fait enlever sous ses yeux par un passeur, Basile va tout faire pour lui venir en aide, pour lui éviter de disparaître définitivement.

Les migrants, les passeurs, la mafia, le regard porté sur une population « d’invisibles », la découverte d’une réalité face à laquelle on préfère se voiler la face, il y a tout ça dans ce texte rédigé à quatre mains. Bien sûr il y a aussi cette nuit où les événements s’enchaînent, où le suspens va crescendo.
Mais la mécanique du récit ne repose pas sur l’action à tout prix. Le but est de pousser à la réflexion sur le sort des réfugiés, d’ouvrir les yeux sur sa propre condition pour relativiser ses propres tracas, pour ne pas s’émouvoir de petits drames personnels alors que d’autres en vivent de bien plus grands.

Éric Pessan et Olivier de Solminihac signent un titre malheureusement d’actualité aussi instructif que percutant. A travers le regard de Basile ils montrent la terrible situation d’une population abandonnée, l’inhumanité de ceux prêts à toutes les abominations pour profiter de leur désespoir et le soutien sans limite apporté par les personnes qui prennent le risque de leur venir en aide. 

Les étrangers d’Éric Pessan et Olivier de Solminihac. L’école des loisirs, 2018. 125 pages. 13,00 euros.










mercredi 9 mai 2018

The Promised Neverland - Kaiu Shirai et Posuka Demizu

Ça commence comme dans un rêve. Un orphelinat où les enfants s’épanouissent sous le regard attendri de celle qu’ils appellent « maman », où les lits sont douillets et les repas délicieux, où chacun a l’impression d’appartenir à la même famille et où l’on coule des jours heureux. 38 enfants avec un numéro tatoué dans le cou qui ont pour seules consignes de ne pas s’approcher du portail et de ne pas franchir la barrière dans la forêt.
Tout s’écroule le jour où les trois pensionnaires les plus âgés découvrent que leur orphelinat chéri est en fait un élevage d’enfants destinés à finir dans l’assiette d’horribles monstres. Après le traumatisme de cette révélation, ils décident d’échafauder un plan pour s’évader en emmenant avec eux leurs camarades. Mais ils vont vite comprendre qu’il n’est pas simple de tromper la vigilance de leur « maman ».

LE manga de l’année. En tout cas le plus médiatisé, avec un premier tome tiré à 100 000 exemplaires et un démarrage en fanfare depuis son lancement le 25 avril. C’est ma grande fifille qui a absolument voulu le lire, je ne pouvais pas faire autrement que l’accompagner.

Verdict ? C’est drôlement bien fichu et drôlement addictif. Ce seinen (manga pour jeunes adultes) mêle habilement le fantastique, l’horreur et le suspens. Son pitch de prime abord simpliste ne cesse de gagner en profondeur, tournant dans les dernières pages à une partie d’échec à huis clos où chaque camp avance ses pions en cachant son jeu. 

Ça fonctionne parce qu’on se demande évidemment comment les choses vont tourner mais aussi parce que l’on se rend compte en même temps que les enfants qu’ils ne savent rien du monde extérieur, que les monstres auxquels ils sont destinés règnent peut-être sur toute la planète et qu’ils n’auront par conséquent aucune échappatoire.

Après il faut voir ce que cela va donner sur la durée mais le début est plus que prometteur !

The Promised Neverland de Kaiu Shirai et Posuka Demizu. Kazé, 2018. 192 pages. 6,80 euros.






mardi 8 mai 2018

Deux secondes en moins - Marie Colot et Nancy Guilbert

C’est l’histoire d’une gueule cassée et d’un cœur brisé.

Igor ne pardonnera jamais à son père son manque d’attention au volant. Les yeux rivés sur son smartphone, il n’a pu éviter l’accident. Depuis son fils est défiguré et ne veut plus de contact avec l’extérieur. Rhéa, elle, ne comprendra jamais pourquoi son petit ami s’est jeté sous un train. Quelques semaines après la tragédie elle survit, submergée par un chagrin sans fin. Je vous le concède, le pitch résumé de la sorte est terriblement plombant. Pourtant ce roman jeunesse écrit à quatre mains est un bijou à découvrir d’urgence.   

Une gueule cassée et un cœur brisé, des ados comme deux planètes en perdition dont les trajectoires vont se croiser, se rapprocher et s’aligner. Non sans encombre, cela va de soi. Et c’est toute la réussite de Marie Colot et de Nancy Guilbert d’avoir pris le temps de disséquer le cheminement de l’un et de l’autre. Bien sûr on s’attarde sur les moments difficiles, ceux où l’on sombre, ceux où la colère et la rancœur prennent le pas sur le reste. Mais peu à peu une porte s’entrouvre timidement et laisse passer un fin rayon de lumière. Et peu à peu Igor et Rhéa vont refaire surface, aidés par la musique de Schubert et par un prof de piano vraiment pas comme les autres.

Les ados s’expriment à tour de rôle, confiant leurs douleurs, leur mal-être, leurs doutes et leurs maigres espoirs. On suit également les balbutiements de leurs rapprochements, les jours avec et les jours sans, l’amitié fragile dont les racines finiront par s’ancrer profondément. Un texte porteur d’espoir, qui montre que l’on peut se relever et reprendre goût à la vie après un drame, aussi terrible soit-il. Un texte superbe, d’une infinie justesse, d’un réalisme qui serre les tripes. Assurément un de mes plus grands coups de cœur de ces derniers mois en littérature jeunesse.

Deux secondes en moins de Marie Colot et Nancy Guilbert. Magnard, 2018. 304 pages. 14,90 euros. A partir de 15 ans.












vendredi 4 mai 2018

Québec Bill Bonhomme - Howard Frank Mosher

1932. L’hiver a été trop rude dans le Vermont. Alors que le printemps s’annonce timidement, le bétail affamé a un besoin urgent de nourriture. Sans le sou, Québec Bill Bonhomme se lance pour sauver le troupeau de sa femme dans un vol de whisky de contrebande qui va mettre à ses trousses la bande du terrible Carcajou. Accompagné de son fils Wild Bill et de son beau frère Henry, Québec Bill va tenter coûte que coûte d’échapper au mal qui rôde dans les bois et sur les eaux limpides du lac Memphrémagog pour ramener la marchandise à bon port. Avec sa malice, son optimisme à toute épreuve et une forme de folie qui lui permettra de franchir des obstacles plus insurmontables les uns que les autres.

Un roman furieusement délirant, où tout s’enchaîne pied au plancher. Un roman à dévorer sans se poser de question et à prendre pour ce qu’il est, une farce picaresque sans limite qui enchaîne les péripéties improbables et les scènes rocambolesques. Au menu, voiture déglinguée, mâchoire brisée, flic décapité à coup de canon, train de marchandises qui déraille et whisky à gogo, le tout porté par des dialogues aux petits oignons et des personnages inoubliables, à commencer par notre héros éponyme d’un mètre cinquante qui voit du positif dans toutes les situations, surtout les plus dramatiques. Mention spéciale également à son ennemi Carcajou, diable incarné ne cessant de revenir d’entre les morts, même lorsque l’on est certain de s’en être débarrassé.   
Au-delà du picaresque (qui est décidément l’adjectif résumant le mieux ce texte), Howard Frank Mosher propose une construction tout sauf linéaire qui permet, à travers les yeux du narrateur Wild Bill, de découvrir l’histoire de la famille Bonhomme depuis le 18ème siècle jusqu’à nos jours, l’événement de 1932 faisant office d’axe central autour duquel tout gravite.

Une lecture divertissante, drôle, frôlant parfois l’absurde et le fantastique. Une lecture de vacances parfaite qui m’a accompagné sur les plages bretonnes la semaine dernière pour mon plus grand plaisir.

Québec Bill Bonhomme d’Howard Frank Mosher  (traduit de l’anglais par Brice Matthieussent). Cambourakis, 2018. 440 pages. 13,00 euros.










vendredi 27 avril 2018

Pour services rendus - Iain Levison

1969, au Vietnam. Le sergent Freemantle dirige sa section avec autorité. Billy Drake lui, débarque sur le terrain des opérations sans expérience et avec beaucoup de maladresse. Sous les ordres du sergent, la jeune recrue va connaître une carrière aussi brève qu’anecdotique.

2016, aux Etats-Unis. Drake est en pleine campagne pour sa réélection au poste de sénateur du Nouveau-Mexique. Freemantle est quant à lui chef de la police d’une petite ville du Michigan. Le premier, après avoir beaucoup enjolivé ses actes de bravoure durant la guerre, est mis en cause par l’un de ses anciens camarades. Il demande au second de valider sa glorieuse version des faits devant les médias. Une formalité, rien de plus. Juste un petit mensonge, l’air de rien, pour satisfaire les électeurs. Freemantle hésite, il a des principes. Il finit par céder, mais son petit mensonge va s’avérer dévastateur. Comme la chute d’un domino entraînant celle de tous les autres...

Toujours un plaisir de retrouver la plume acide de Iain Levison. Il dénonce ici les gros travers des politiques et leur capacité à tout mettre en œuvre pour arriver à leurs fins, coûte que coûte. Le mensonge est au cœur d’un récit alternant entre les événements de 1969 et leur répercussion sur ceux de 2016. Le lecteur, qui découvre ce qu’il s’est vraiment passé pendant la guerre, constate avec effarement à quel point la vérité peut devenir un détail effaçable d’un trait de plume pour peu que l’on sache se montrer persuasif et s’entourer de bons communicants.

Les dialogues sont comme toujours savoureux mais l’humour noir, si caractéristique de cet écossais exilé depuis près de cinquante ans au pays de l’Oncle Sam, est moins présent. Le ton se veut plus grave, désabusé, sans la moindre illusion. La fin est par contre inattendue et vient conclure avec une jolie pirouette ce court roman débordant de cynisme et de coups bas portés aux tristes manœuvres politiciennes. Enfin une lecture convaincante !

Pour services rendus de Iain Levison. Liana Levi, 2018. 220 pages. 18,00 euros.





mardi 24 avril 2018

Le journal de Gurty T4 : Printemps de chien - Bertrand Santini

Le premier chapitre annonce la couleur : un voyage en avion, une crotte de chien qui roule entre les sièges des passagers et finit sa course en première classe, voila des vacances de printemps qui s’annoncent palpitantes pour Gurty ! Il sera aussi question dans ce nouveau volume de bouse de vache, de problèmes gastriques, de pipi dans des pistolets à eau, d’allergies aux résultats surprenants ou encore d’un arbre centenaire à protéger.

Chaque jour est une aventure dans le monde de Gurty. Elle s’invite à une fête d’anniversaire où elle n’est pas la bienvenue, elle affronte ses ennemis jurés le chat Tête de fesses et l’écureuil sournois, elle subit la bêtise crasse des enfants du voisin et les moqueries des grenouilles avec une bonne humeur à toute épreuve, secondée comme il se doit par sa fidèle amie Fleur dont les déboires entrainent souvent des catastrophes en chaîne.

Rien de nouveau sous le soleil, le journal de cette petite bête pleine de poils déride toujours autant les zygomatiques. Comme d’habitude on frôle l’absurde, les dialogues ne volent pas bien haut, les gags ne sont pas du meilleur goût et les humains et les animaux ne brillent pas par leur intelligence. Et comme d’habitude on se prend au jeu et on dévore ces tranches de vie animalières avec un plaisir non dissimulé.

Je me répète (voir mes billets sur les tomes 1, 2 et 3) mais cette série est parfaite pour les enfants qui n’aiment pas lire car elle leur prouve que cette activité peut être un vrai moment de plaisir, sans autre enjeu que celui de divertir. D’ailleurs le cercle des fans de Gurty ne cesse de s’agrandir, c’est bien la preuve que cette petite chienne possède des atouts pour plaire à tous les lecteurs, petits ou grands. 

Le journal de Gurty T4 : Printemps de chien de Bertrand Santini. Sarbacane, 2018. 176 pages. 9,90 euros. A partir de 8 ans.





mercredi 18 avril 2018

Petite balade et grande muraille - Maïté Verjux

Pour moi, dans un carnet de voyage dessiné la mayonnaise prend ou ne prend pas en fonction de deux critères. D’abord le ton, la posture et l’état d’esprit de celui ou celle qui raconte son périple. Ensuite sa capacité à capturer et restituer l’atmosphère de ce qu’il ou elle a vécu. Maïté Verjux a su réunir ces deux critères en y ajoutant une pincée d’absurde qui épice à merveille son récit.

Son diplôme de graphisme en poche, la jeune femme décide de partir en Chine sur un coup de tête, en janvier 2016. Trois mois à Pékin en colocation alors qu’elle ne connaît absolument rien du pays et ne parle pas du tout la langue. Au bout d’un mois et d’une adaptation compliquée à son nouvel environnement, Maïté est rejointe par son amie Florie. Avec cette dernière le séjour se passe dans de meilleures conditions et les visites s’enchaînent, de la Cité interdite à la grande muraille, de Shangaï au tombeau des empereurs Qings. 

Loin du carnet de bord au jour le jour, cette balade chinoise se présente comme une succession de tranches de vie plus ou moins marquantes, plus ou moins anecdotiques : l’arrivée dans un appartement surpeuplé où la promiscuité n’est pas un vain mot, la pollution omniprésente, les arnaques sur les sites touristiques, la nourriture parfois difficilement identifiable, la surpopulation, le fait que la femme occidentale est une curiosité plus photographiée que les monuments historiques ou encore la célébration du nouvel an à Pékin, intense moment de ferveur collective.

Maïté Verjux ne cache rien de ses déboires, de ses déceptions, de sa naïveté, de ses erreurs. Elle le fait avec sincérité et une bonne dose d’autodérision, avec lucidité mais sans aigreur. Trois mois à l’autre bout du monde qu’elle voit au moment de son retour en France comme une parenthèse loin de la vie réelle qui restera forcément inoubliable.

Un roman graphique (et autobiographique) vif et joyeux qui n’a rien du guide touristique mais joue plutôt sur la corde du ressenti personnel, loin de toute vision universelle et caricaturale d’un pays dont il n’est de toute façon pas évident de saisir la complexité en quelques semaines. Une parenthèse rondement menée, instructive à sa façon, légère et savoureuse.

Petite balade et grande muraille de Maïté Verjux. Les éditions Fei, 2018. 184 pages. 19,00 euros.

mardi 17 avril 2018

Boom - Julien Dufresne-Lamy

Étienne tente de faire le deuil de Timothée, le deuil impossible de son meilleur ami. « Tu es parti avec ma tranquillité. Je ne dors plus, je vis mal, mes nuits sont bruyantes et mes journées deviennent de longs tunnels silencieux. »

Ils s’étaient rencontrés trois ans plus tôt. Trois ans dans le même lycée, trois ans à tout partager. Une amitié fusionnelle.  Timothée le bon élève, le bien éduqué. Étienne la grande gueule, le fêtard, le dilettante. Il aura fallu un voyage scolaire à Londres, une voiture folle sur le pont de Westminster et une jeunesse fauchée en quelques secondes pour que leurs chemins se séparent. A jamais.

Étienne s’en veut, il culpabilise de ne pas avoir été là au moment du drame. Son monologue s’adresse à l’ami disparu, il évoque les bons souvenirs, les moments inoubliables et ceux qu’ils ne pourront plus partager. L’absence est trop béante pour envisager une possible reconstruction, pour aller de l’avant, pour imaginer l’avenir.

D’une seule voix, comme une longue lettre à l’absent. C’est à la fois construit et décousu, hésitant et plein de certitudes. Étienne ne s’adresse pas à d’éventuels lecteurs, c’est à Timothée qu’il parle. Il oscille entre colère et confidences, tristesse et culpabilité.

Un texte touchant, pudique, qui ne fait qu’effleurer les causes de la mort pour se focaliser sur ses conséquences, sur cette blessure impossible à refermer. Le ton est juste, la douleur s’exprime sans débordements lacrymaux inutiles. Les mots se suffisent à eux-mêmes, l’amitié est si sincère qu’il n’est pas nécessaire d’en rajouter. Une confession sur un fil, fragile, avec les mots simples et directs d’un ado confronté à une tragédie qui le dépasse.

Boom de Julien Dufresne-Lamy. Actes sud junior, 2018. 112 pages. 9,80 euros. A partir de 15 ans










mardi 3 avril 2018

La course impitoyable - Guillaume Guéraud

Après la mort de ses parents, Max a été élevé par son grand-père. Dans le garage miteux tenu par ce dernier, le jeune garçon est cantonné au lavage des voitures. Fasciné par le bolide avec lequel son aïeul a remporté le Grand Prix de Miami quarante ans plus tôt, il rêve de se mettre au volant mais du haut de ses onze ans, il sait que son heure n’est pas encore venue. Jusqu’au au jour où un concours de circonstances dramatique le pousse à foncer à tombeau ouvert sur les routes de Floride aux cotés de la petite fille d’un terrible mafieux avec, à ses trousses, un non moins terrible tueur à gages.

Qu’il s’adresse aux grands ados ou aux plus jeunes lecteurs, guillaume Guéraud garde la même ligne de conduite, à savoir ne pas prendre de gants. Dans cette course impitoyable qui porte bien son nom, l’aventure se déroule à fond la caisse et l’action prend le pas sur tout le reste.

Guéraud fait donc du Guéraud. Dialogues enlevés, niveau de langue pas franchement soutenu mais terriblement moderne et vivant, tension qui ne cesse d’aller crescendo, on reconnait d’emblée la plume sans concession de l’auteur du terrifiant Plus de morts que de vivants. Ajoutez quelques coups de feu, quelques morts et quelques litres de sang et vous obtenez une recette épicée en diable qui laisse malheureusement en bouche un petit goût de trop peu (la fin est trop abrupte et c’est bien dommage).

Un roman jeunesse pied au plancher, aussi divertissant que trépidant, où les nerfs des jeunes lecteurs sont mis à rude épreuve. Les amateurs de sensations fortes vont se régaler !

La course impitoyable de Guillaume Guéraud. Thierry Magnier, 2018. 100 pages. 7,40 euros. A partir de 10 ans.