vendredi 29 juillet 2016

Les ombres de Canyon Arms - Megan Abbott

Penny rêvait de paillettes en débarquant à Hollywood au début des années 50. Sa carrière d’actrice ayant du mal à prendre son envol, il lui a fallu se reconvertir temporairement en maquilleuse. Un moindre mal pour garder le contact avec le milieu du cinéma. Elle décide même de s’installer tout près des studios, dans un bungalow libre depuis peu. Sa rencontre avec deux autres résidents va lui apprendre que le locataire précédent a été retrouvé la tête dans le four. Suicide a conclu la police. L’histoire perturbe la jeune femme qui entend des bruits chaque nuit semblant venir des murs. Elle a aussi l’impression de voir courir des petites créatures le long des plinthes. Sans compter que sa logeuse, qui avait une liaison avec le suicidé, a un comportement de plus en plus bizarre.

Une novella que j’ai délibérément choisie pour me faire peur, histoire de changer un peu et de bousculer ma petite nature. Je m’attendais à un truc angoissant à souhait, une atmosphère sombre et flippante à la David Lynch. Pour le coup c’est raté. Pas la moindre sueur froide dans ce récit oscillant entre rêve et réalité dont l’étrangeté m’a simplement poussé au bord de l’ennui. Tout juste si j’ai apprécié l’atmosphère hollywoodienne des fifties plutôt bien rendue.

En fait, on en reste à une histoire de basculement progressif vers la folie sans autre issue possible que la mort. L’auteure, dans une courte interview en fin d’ouvrage, cite comme influences Poe et le Horla de Maupassant. De superbes influences qui, à mes yeux du moins, ne suffisent pas à faire bon texte, loin de là.

Les ombres de Canyon Arms de Megan Abbott. Ombres noires, 2016. 130 pages. 8,00 euros.




mercredi 27 juillet 2016

Qu’ils y restent - Régis Lejonc, Riff Reb’s et Pascal Mériaux

Les temps sont durs, même pour les monstres les plus fameux. Au nord, plus de  grands-mères ni de petits chaperons pour le loup. A l’Ouest, l’ogre a décimé toute la population locale, animaux compris. A l’Est, le vampire cherche du sang à se mettre sous la dent. Et au sud, le sorcier connaît lui aussi la famine. Chacun quitte donc son territoire en quête de chair fraîche. Après un long voyage, au cœur du monde les quatre se retrouvent. Et livrent leur dernière bataille…



Le trio Lejonc-Reb’s-Mériaux règle leur sort  aux méchants des contes pour enfants. Avec une cruauté jubilatoire. Une façon d’exorciser les frayeurs des nuits cauchemardesques vécues par les bouts de chou du monde entier. Le texte se résume à quelques courts récitatifs faisant monter la tension crescendo et les illustrations de Riff Rebs, aux motifs ornementaux encadrant chaque planche inspirés de l’artiste russe Ivan Bilibine, finissent d’installer une ambiance angoissante à souhait. Le découpage est somptueux, le choix des couleurs pertinent et le trait de l’auteur du Loup des mers est comme d’habitude à tomber par terre.

Le dos toilé, le format XXL et le papier glacé font de cet album à déguster dès huit ans un objet-livre somptueux, ce qui ne gâche rien.Classieux à tout point de vue.

Qu’ils y restent de Régis Lejonc, Riff Reb’s et Pascal Mériaux. Editions de la Gouttière, 2016. 48 pages. 16,00 euros.

mardi 26 juillet 2016

Sauveur et fils, saison 1 - Marie-Aude Murail

A Orléans, dans la famille Saint-Yves, le père s’appelle Sauveur et le fils Lazare. Le premier est psy, noir, et mesure 1,90 mètre tandis que le second, métisse, espionne du haut de ses huit ans les consultations planqué derrière une porte. Comme le dit Sauveur, les ados chiants, c’est son fonds de commerce. Son quotidien de praticien est donc peuplé d’une fille adepte de scarification, d’une autre frappée de phobie scolaire, d’un accro aux jeux en ligne dont la mère vient d’être internée, d’un garçons souffrant d’énurésie ou de trois sœurs digérant difficilement la séparation de leurs parents suite au coup de foudre de leur mère pour une autre femme.

Et si Sauveur est à l’écoute de cas toujours compliqués, il a bien plus de mal avec son propre enfant, auquel il ne parvient pas à parler du décès de sa maman dans un accident de voiture survenu en Martinique alors qu’il n’avait que trois ans.

Un roman jeunesse hyper construit, ambitieux, foisonnant, riche d’une multitude de personnages tous plus attachants les uns que les autres. L’écriture est digne d’une excellente série télé où les intriguent se multiplient, mêlant vie privée et quotidien professionnel. Toutes les situations font mouche, des scènes se déroulant à l’école en passant par les soirées entre père et fils et les nombreuses consultations.

Marie-Aude Murail  dresse en finesse et avec un réalisme surprenant les portraits d’ados déboussolés, souvent perplexes face à leurs parents, imprégnés de nouvelles technologies, de réseaux sociaux et de rapports humains de plus en plus complexes à gérer. Elles n’éludent pas des sujets plus graves comme la dépression, le suicide et les abus sexuels, mais avec une pertinence et une forme de « légèreté »  éloignant tout pathos. Tout simplement magistral. La saison deux est d’ores et déjà annoncée pour novembre, je serai évidemment au rendez-vous.

Sauveur et fils, saison 1 de Marie-Aude Murail. L’école des loisirs, 2016. 330 pages. 17,00 euros.





Une telle pépite méritait que Noukette et moi fassions une entorse à notre pause estivale !





vendredi 22 juillet 2016

Celle qui en savait trop - Linwood Barclay

Keisha Ceylon est une arnaqueuse. Prétextant des dons de voyance, elle contacte des familles dont un proche a disparu et se propose de le retrouver, moyennant finances. Wendell Garfield sera sa prochaine cible. Ce mari éploré n’a plus de nouvelles de sa femme, volatilisée en plein après-midi à la sortie d’un supermarché. Une semaine plus tard, la police n’a aucune piste, la presse s’est emparée de l’affaire et Keisha s’apprête à sonner chez sa future victime, persuadée de l’embobiner comme elle sait si bien le faire. Problème, la voyante va pour une fois voir clair. Très clair. Trop clair…

C’était mal barré avec cette couverture digne des thrillers flippants que ma petite nature exècre. Heureusement, cet artifice commercial censé attirer l’œil du lecteur en mal de sensations fortes ne correspond pas du tout au contenu de l’ouvrage. Car « Celle qui en savait trop » est un avant tout un roman à l’humour plutôt noir sans véritable suspens, porté par une galerie de personnages inoubliables. Des personnages prêts à tout pour arriver à leurs fins, plus retords les uns que les autres. J’adore quand il n’y a personne à sauver, quand chacun tire la couverture à lui, manigance, joue d’alliances de circonstance et se croit (à tort) plus malin que le voisin.

C’est cruel et tragique, cocasse aussi. Le tout porté par une narration bien ficelée, une écriture nerveuse et des dialogues au cordeau. Suffisant pour m’offrir un excellent moment de lecture empreint d’une certaine férocité qui, vous vous en doutez surement, n’est pas pour me déplaire, bien au contraire.

Celle qui en savait trop de Linwood Barclay. J’ai lu, 2016. 320 pages. 8,00 euros.  






mercredi 20 juillet 2016

Un petit bout d’elles - Zidrou et Raphaël Beuchot

Yue, bûcheron employé par une entreprise chinoise implantée au Congo, fréquente Antoinette malgré l’interdiction faite aux salariés de « sortir avec des filles d’ici ». Amoureux fou, le jeune homme découvre pendant leurs ébats une cicatrice que sa compagne voulait à tout prix lui cacher. Alors que Yue ignorait tout de cette pratique barbare qu’est l’excision, Antoinette lui raconte comment elle a été mutilée et lui confie son souaot de ne jazmais voir sa fille subir le même sort…

Fin de la trilogie africaine de Zidrou et Rapahël Beuchot avec cet album qui fait suite au « Montreur d’histoires » et à « Tourne-disque ». Ici, le sujet abordé est plus grave, dramatique même. L’excision, ce fléau ancestral présent dans nombre de sociétés patriarcales, cette abominable « tradition  culturelle » sans la moindre connotation religieuse (il n’est pas inutile de le rappeler), est traitée avec la finesse qui caractérise le scénariste des « Beaux étés ». Une histoire à la fois touchante et sans complexe qui fait mouche en appuyant là où ça fait mal. Sans se focaliser sur un seul thème, Zidrou aborde également la mainmise chinoise sur les ressources naturelles des pays d’Afrique, une nouvelle forme de colonisation violente et destructrice.

Le dessin de Beuchot est lumineux et minimaliste, il représente tout en suggestion les scènes « délicates », rendant de fait les choses encore plus explicites.

Au final, le but est atteint et le lecteur garde en bouche le goût amer d’une légitime indignation. Un album d’une grande force au propos sans concession mais mené avec une vraie sensibilité. Bonus non négligeable, un dossier documentaire en fin d’ouvrage explique de façon très pédagogique ce qu’est l’excision, ainsi que les causes et conséquences de cette effroyable blessure intime.

Un petit bout d’elles de Zidrou et Raphaël Beuchot. Le Lombard, 2016. 104 pages. 17,95 euros.





mardi 19 juillet 2016

Cat 215 - Antonin Varenne

Marc quitte la métropole, sa compagne et ses enfants pour rejoindre la Guyane et mener à bien une mission confiée par Julo, son ancien associé. Il sait qu’avec lui le plan est forcément foireux mais ses soucis d’argent le pousse à accepter. Sur place, ce mécanicien chevronné apprend qu’il va devoir changer le moteur d’un tractopelle utilisé pour l’orpaillage clandestin. En pleine jungle et avec l’aide d’un brésilien taiseux et d’un ancien légionnaire psychopathe. Entre la nature hostile, la mécanique capricieuse et des compagnons de galère flippants, Marc comprend vite qu’il a mis les pieds dans un sacré traquenard.

Un texte sec, nerveux, tendu comme un arc. Un texte poisseux dont la chaleur humide transpire à chaque page. La folie gagne chacun sous la canopée, les vêtements trempés de sueur collent à la peau, les insectes sont aussi agressifs que les hommes. Et dans le huis clos de cette jungle inhospitalière, les conflits peuvent virer au tragique à la moindre étincelle. Une novella à lire d’une traite, de préférence en pleine canicule. J’ai aimé l’ambiance étouffante, la tension palpable dans chaque geste, chaque dialogue. Une vraie force d’évocation qui bouscule le lecteur, dommage que la conclusion m’ait laissé dans le flou, j’aurais préféré refermer ce western Guyanais avec une fin plus limpide. Mais qu’on se le dise, cela ne gâche rien à la qualité de l’ensemble.

Cat 215 d’Antonin Varenne. La Manufacture des livres, 2016. 96 pages. 9,00 euros.


dimanche 17 juillet 2016

Purée de cochons - Stéphane Servant et Laetitia Le Saux

Le loup a cueilli trois petits cochons dans la forêt, il se réjouit à l’idée de déguster une délicieuse purée de cochons. Mais au moment d’attaquer la préparation de son plat, les porcelets se moquent de lui et lui disent qu’il ne sait pas s’y prendre. Pour vérifier, le loup ouvre son livre de recettes. Malheureusement, il ne sait pas lire. Bien décidés à ne pas se laisser dévorer, les garnements dans leur casserole lui annoncent alors qu’ils vont lui révéler la liste des ingrédients nécessaires, en commençant par un gros pot de miel. Puis ce sera un bon gros fromage et un gros morceau de beurre. Autant d’occasions d’éloigner « le vieux barbichu » et de le faire tourner en bourrique !

Un duo d’auteurs qui m’avait régalé avec Boucle d’ours et qui poursuit ici dans la même veine rigolote et intelligente. Car derrière les mésaventures désopilantes du pauvre loup se cache un plaidoyer pour la lecture et son pouvoir. Le loup subit les moqueries et multiplie les mauvais choix parce qu’il ne sait pas lire. Sa rencontre avec la Grand-Mère institutrice lui permet de vaincre son illettrisme, d’accéder à son tour à la connaissance et de prendre ses détracteurs à leur propre piège. Ou comment l’instruction en général et la lecture en particulier participent au développement de l'esprit critique, de la réflexion et de la liberté d'action en toute conscience.

J’aime toujours autant le graphisme si expressif de Laetitia Le Saux ainsi que les clins d’œil aux contes classiques et l’humour noir de Stéphane Servant. Il y a notamment dans la chute finale une petite pointe de férocité absolument savoureuse. Un régal !

Purée de cochons de Stéphane Servant et Laetitia Le Saux. Didier Jeunesse, 2016. 28 pages. 12,50 euros. A partir de 4 ans.





vendredi 15 juillet 2016

La ferme de cousine Judith - Stella Gibbons

« D’une façon générale, je n’aime pas mon prochain, je le trouve trop difficile à comprendre ; mais j’ai de l’ordre dans l’esprit, et les vies désordonnées m’irritent. D’ailleurs, le désordre est un signe de barbarie ».

Après avoir perdu ses parents suite à une épidémie de grippe espagnole, la jeune et délicate Flora Poste, issue de la bonne société londonienne, trouve refuge chez des cousins éloignés au fin fond du Sussex. Bien décidée à abuser de la générosité des Starkadder, paysans frustes et excentriques vivant repliés sur eux-mêmes dans une ferme décrépite, Flora veut en outre rééduquer ses rustres et leur apprendre « Le Bon Sens supérieur ».  Pour leur bien et surtout pour le sien…

Un roman culte de la littérature anglaise, publié en 1932 et qui remporta en France le prix Fémina 1946. C’est  frais, léger et pétillant. Un peu brouillon parfois, avec des situations qui évoluent à la vitesse grand V et avec une facilité déconcertante pour Flora, comme si les obstacles s’effondraient d’eux-mêmes devant elle dès qu’elle bouge le petit doigt. J’ai beaucoup aimé cette jeune fille fonceuse et maligne ainsi que le décalage permanent entre cette cousine venue de Londres et sa famille de culs terreux sans la moindre finesse. Un décalage qui permet de dresser une galerie de personnages secondaires tous plus savoureux les uns que les autres, avec une mention spéciale pour le prédicateur Amos, la cousine Judith dépressive et la grande-tante Ada Doom, recluse dans sa chambre depuis des décennies et qui tient le clan Starkadder d’une main de fer en jouant le registre de la pauvre folle totalement instable émotionnellement.

Au-delà de la comédie truculente multipliant les épisodes plus ou moins farfelus, le récit tient de la satire, brocardant la bourgeoisie, ses travers, ses mœurs et sa médiocrité avec une ironie toute britannique. Et puis les touches d’humour acide disséminées au fil des pages m’ont souvent arraché un sourire, comme cette petite pique entre parenthèses balancée l’air de rien : « Sa voix avait un timbre amorti et fêlé pareil au ton flûté et sans sexe des voix d’enfants de chœur (seulement les enfants de chœur sont rarement sans sexe, comme plus d’une épouse de pasteur peut en témoigner à ses dépens) ».

Pas le roman du siècle mais un vrai plaisir de lecture et un texte dont l’atmosphère « so british » ravira à coup sûr les amateurs de littérature anglaise.

La ferme de cousine Judith de Stella Gibbons. Belfond, 2016. 345 pages. 15,00 euros.




mercredi 13 juillet 2016

Un maillot pour l’Algérie - Bertrand Galic, Kris et Javi Rey

Avril 1958. Après un match à Saint-Etienne, le footballeur professionnel d’origine algérienne Rachid Mekhloufi quitte la France en direction de l’Italie. Onze de ses compatriotes, eux aussi footballeurs, disparaissent en même temps que lui. Tous se retrouvent à Tunis sous l’égide du FLN pour fonder clandestinement la première équipe nationale algérienne alors que la guerre pour l’indépendance fait rage dans leur pays.

Le football comme outil de propagande, le football comme étendard. Une épopée incroyable, une prise de risque immense pour des hommes ayant choisi de tout plaquer, de mettre entre parenthèses une situation professionnelle confortable, voire une vie de famille heureuse, pour défendre une cause étant à leurs yeux au-dessus de toute considération personnelle. Loin du long fleuve tranquille, l’odyssée de ces ambassadeurs de la cause indépendantiste aura connu des épisodes douloureux, des moments de tension à l’intérieur du groupe mais aussi des conditions de transport ou d’hébergement particulièrement rudes, sans compter sur l’accueil parfois belliqueux d’adversaires prêts à tout pour faire chuter une équipe reconnue pour ses exceptionnelles qualités techniques. Du Maghreb à l’Europe de l’Est en passant par la Chine ou le Moyen-Orient, portés par une volonté et un courage inébranlables, ces hommes en mission auront représenté fièrement les désirs d’émancipation d’un pays en construction, au point de devenir des icônes pour tout un peuple.

Encore un album engagé pour Kris, qui ne tourne pas pour autant à l’exercice d’admiration dénué de tout regard critique. Solidement documenté sans être d’une parfaite exactitude, le récit couvre quatre années intenses et chaotiques, de 1958 à la signature des accords d’Evian en mars 1962. A travers le prisme du football se cristallisent les tensions géopolitiques de l’après-guerre, de la décolonisation à l’expansion du communisme.

Le dessin de Javi Rey est réaliste et efficace, les scènes de matchs sont fluides, les moments plus intimes donnent dans la sobriété et l’expressivité des visages est extrêmement travaillée. Beaucoup de précision au niveau des décors et un choix de couleurs pertinent retranscrivent à merveille l’atmosphère de l’époque.

Une histoire qui va bien au-delà de la simple aventure humaine. Le sport est ici un outil de combat politique au service d’une cause qui dépasse chaque protagoniste. Une histoire qui m’était jusqu’alors inconnue et que j’ai pris un réel plaisir à découvrir.

Un maillot pour l’Algérie de Bertrand Galic, Kris et Javi Rey. Dupuis, 2016. 136 pages. 24,00 euros.






mardi 12 juillet 2016

Le printemps d’Oan - Éric Wantiez et Marie Deschamps

C’est la guerre, elle dévaste tout. 
Tu crois qu’elle finira un jour, la guerre ?
Bien sûr, nous allons remporter la victoire et…
Tais-toi ! Tant que vous parlerez de victoire, alors ça continuera ! Faut que la guerre s’arrête, c’est tout. On n’a pas besoin d’un gagnant. C’est pas un jeu, tu sais.


21 mars 1915, sur le front de la Somme. Oan le poilu breton s’est perdu dans le no man’s land du champ de bataille. Dans les ruines d’une ferme, il découvre une petite fille venant d’enterrer ses parents après un bombardement. Ensemble, Oan et Angèle vont tenter de rejoindre les lignes françaises pour se mettre à l’abri. Un voyage dangereux qui va permettre à chacun de deviser sur la guerre et sa folie…


Jolie réflexion sur la barbarie d’un abominable conflit, cet album au noir et blanc dense et profond, uniquement éclairé par le rouge de la robe d’Angèle, offre une dimension onirique laissant à distance un réalisme dont la portée serait au final bien moins forte. La boucherie est là, partout, présente dans chaque brin d’herbe roussi, dans chaque arbre déraciné, dans chaque carcasse de cheval éventré, dans les barbelés délimitant les tranchées, mais le graphisme tout en suggestion fait basculer le récit dans une sorte de douce poésie nimbée d’une touche de fantastique.



Une histoire belle et triste, porteuse d’espoir malgré tout, sublimement mise en images par la grâce d’un découpage inventif jouant sur les ombres et la lumière et n'hésitant pas à s'affranchir des codes narratifs propres à la BD pour, entre autres, profiter au maximum des possibilités offertes par le format à l'italienne.

Un superbe album, dédicacé et ramené rien que pour moi du dernier festival d’Angoulême par une bande de blogueuses amatrices de mojitos. Merci les filles, j’ai vraiment apprécié ce cadeau à sa juste valeur

Le printemps d’Oan d’Éric Wantiez et Marie Deschamps. Comme une orange, 2015. 120 pages. 12,00 euros.