mardi 14 février 2012

La radio des blogueurs : spécial Saint Valentin

1991. J’avais 16 ans, les cheveux longs (qui a dit les idées courtes ?) et je portais des tee-shirts noirs siglés AC/DC ou Iron Maiden . Mes idoles s’appelaient Guns n’roses, Metallica, Slayer, etc. J’aimais aussi quelques groupes moins connu comme Skid Row, Faith no More ou Tesla. Ces derniers, originaires de Sacramento, faisaient dans le hard mélodique à la Bon Jovi. Avec un copain, nous sommes allés les voir à Bercy en première partie de Scorpion. Leur set était entièrement acoustique.

Je me rappelle une lumière bleutée et cinq gars chevelus sur scène. Des musiciens très techniques et la voix incroyable du chanteur Jeff Keith. Je me souviens surtout d’une chanson, Love Song qui avait littéralement électrisé le public (le comble pour un concert acoustique !). Bien sûr aujourd’hui je me suis pas mal éloigné de tout ça musicalement parlant. Il n’empêche, la voix de Jeff Keith me parle toujours autant.

Alors en ce jour de Saint Valentin, quoi de mieux que de repartir 20 ans en arrière pour vous faire partager cette Love Song qui m’a tant marqué à l’époque ?







Pour écouter d’autres chansons d’amour, rendez-vous chez Leiloona.



dimanche 12 février 2012

Chanson de la neige silencieuse

Selby © L'0livier 1998
J’ai lu la semaine dernière un article qui parlait d’un SDF accueilli dans un foyer Emmaüs. Ce jeune garçon, contraint de trouver refuge dans un endroit chaud au moment où le froid polaire avait envahi les rues, se plaignait de la promiscuité du foyer, de la violence et des vols. Il venait notamment de se faire dérober 140 euros et surtout le manteau qu’il considérait comme son bien le plus précieux. Ce témoignage m’a secoué et m’a donné envie de relire une nouvelle d’Hubert Selby Jr. intitulé Le manteau.

Selby fut une vraie déflagration dans ma vie de lecteur. Comparable à la découverte de Bukowski, de Carver ou de John Fante. C’est au début des années 90 que j’ai entendu parler de cet auteur dans une interview du chanteur Henry Rollins. J’avais à l’époque beaucoup d’admiration pour Rollins, ex-leader du groupe punk Black Flag, grand gaillard musculeux au cheveu ras et tatoué de la tête au pied. J’écoutais en boucle l’album The end of Silence de son nouveau groupe, le Rollins Band, sur mon walkman à cassette (je sais, c’était le moyen âge). Bref, tout ça pour dire que c’est parce que Rollins a toujours cité Selby comme une influence majeure que je me suis intéressé à lui. J’ai commencé par le sulfureux Last Exit to Brooklyn et j’ai pris une claque monumentale. J’ai enchaîné avec Le démon, La geôle, Retour à Brooklyn et enfin Chanson de la neige silencieuse. Ce dernier titre est un recueil de nouvelles publiées entre 1957 et 1981. Le manteau date de 1978 et c’est une de mes nouvelles préférées.

Le manteau raconte l’histoire d’Harry, un clochard new yorkais qui vit une véritable histoire d’amour avec son manteau. Harry le solitaire squatte les immeubles désaffectés. Il travaille au noir quelques soirs par semaine comme plongeur. Ce petit boulot lui permet de se payer ses bouteilles de muscat quotidiennes. Il ne demande rien de plus. Tant qu’il a son muscat et son manteau, la vie vaut la peine d’être vécue. Ce manteau est son seul ami, celui sur lequel il peut toujours compter pour lutter contre la morsure du froid hivernal. En été, il ne s’en sépare jamais, paniqué à l’idée de le perdre : « Il était long, tombant pratiquement sur ses chevilles, et lourd, et il faisait presque deux fois le tour de son corps, et quand Harry en relevait le col, il se sentait protégé du monde extérieur. C’était un manteau provenant de surplus militaires qui lui avait été donné par l’armée du Salut, l’un des derniers qui restaient. Ç’avait été le coup de foudre. » Un soir d’hiver, deux SDF l’agressent pour lui voler son vêtement préféré. S’accrochant désespérément à son bien, Harry est roué de coup et laissé pour mort mais il a toujours son manteau sur le dos. Il doit son salut à l’intervention d’une patrouille de police. Sauvé in-extremis par les médecins, il passe des mois à l’hôpital. Le jour de sa sortie, personne ne retrouve ses affaires dans les vestiaires. Pour Harry, la perte définitive de son meilleur ami signifierait la fin du monde...

Si vous passez régulièrement par ici, inutile de vous dire que c’est la littérature que j’aime. De la littérature à hauteur d’homme qui vous prend aux tripes. Pas de chichi, pas un mot de trop. L’écriture est brutale et réaliste. Selby déroule ses thèmes fétiches : la solitude, la misère et l’angoisse sans la vision apocalyptique qui caractérise ses romans. Car autant vous le dire tout de suite, Le manteau se termine sur une note positive.

Je me rappelle avoir lu cette Chanson de la neige silencieuse au cours de l’été 1998 sur les bords du lac d’Annecy. Je m’en souviens parfaitement tant ce moment à été magique. Grâce à un simple article paru dans un journal local, j’ai eu le plaisir de redécouvrir cette fabuleuse nouvelle. Comme quoi, il ne faut parfois pas grand-chose pour dépoussiérer les trésors de sa bibliothèque.


Chanson de la neige silencieuse, d’Hubert Selby Jr, L’olivier, 1998. 278 pages. 11 euros.




samedi 11 février 2012

Loto BD de Mo' : the winner is... bibi !

Ça a commencé par deux enveloppes dans la boîte aux lettres. Ma femme rentre à la maison un midi et m’appelle aussitôt au boulot : « C’est qui ces filles qui t’envoient du courrier ? ». Le ton est plutôt aimable, curieux, pas hystérique. Moi, l’esprit tranquille (c’est vrai quoi, j’ai rien à me reprocher !) : « Ah oui c’est parce que j’ai participé à un loto BD, je dois faire partie des gagnants.» Le soir même j'ai pu découvrir les suprises que me réservaient ces premiers envois.

Lun des paquets contenait Femmes de réconfort, un Manhwa de Jung Kyung-a offert par Marie.

Résumé :
A travers le récit de femmes coréennes, envoyées dans les camps de l'armée japonaise en tant qu'esclaves sexuelles, l'ouvrage rend compte de la dimension émotionnelle de ce drame de guerre et de l'expérience traumatisante des victimes.

 
 
 
 
 
 
Dans le second, pas moins de trois ouvrages envoyés par Valérie. Deux BD et un roman, que du bonheur ! La 1ère BD est une enquête de Jack Palmer, L'affaire du voile.

Résumé :
Mme Clara Pèlerin a un gros problème : sa fille a disparu. Elle fait donc le choix de confier à Jack Palmer la délicate tâche de la retrouver. Le détective découvre que la fille de Mme Pèlerin a changé de nom et s'est convertie à l'islam le plus radical...

 
 
 
 
 

La seconde BD a pour titre Octobre noir de Mako et Daeninckx.
 
Résumé :
A l'histoire du jeune Mohand, qui doit se produire à l'Olympia à Paris dans les années 1960, s'ajoute le récit de la journée du 17 octobre 1961 et de la répression sanglante par la police française sur ordre du préfet Papon.


 
 
 
 
 
 
Le roman est de Nicolas Fargues et a pour titre Tu verras.
 
Résumé :
Imaginer ce qu'il pourrait ressentir si son fils venait à mourir brutalement a été pour N. Fargues le point de départ de ce roman, qui parle aussi d'amour et de solitude. Dans les jours et les semaines qui suivent la mort accidentelle d'un préadolescent, son père revit les circonstances du drame mais aussi leur vie et tout ce qui commençait à les opposer.
 
 
 
 
 
 
Quelques jours plus tard, rebelote. Je découvre cette fois-ci l’album Dans la nuit la liberté nous écoute de Maximilien Le Roy offert par Oliv’.

Résumé :
En 1945, Albert Clavier est envoyé en Indochine. Très vite, il déserte et rejoint le camp du Vietminh. Il refuse de combattre ses compatriotes mais il est considéré comme un lâche et un traître, malgré sa conviction que l'humanisme doit être prépondérant sur le patriotisme.


 
 
 
 
 
Puis c’est au tour de Choco de me faire parvenir le manga Soldats de sables de Susumu Higa.

Résumé :
Recueil d'histoires se déroulant pour la plupart à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'auteur fait découvrir de l'intérieur la bataille d'Okinawa, des premiers signes aux conséquences, à travers différents points de vue d'habitants, de soldats japonais et américains. Les hommes se montrent tour à tour accablants de bêtise, pleins de sagesse ou encore touchants d'humanité.


 
 
 
 
Pour finir, c’est avant-hier que j’ai découvert le colis de Mo’ qui m’a vraiment plus que gâté avec les deux volumes de Maus et l’ouvrage Meta Maus d’Art Spiegelman auxquels elle a ajouté Les meilleurs ennemis de Jean-Pierre Filiu et David B.

Résumé :
Le père de l'auteur, Vladek, juif polonais, rescapé d'Auschwitz, raconte sa vie de 1930 à 1944, date de sa déportation. Ce récit est rapporté sous la forme d'une bande dessinée dont les personnages ont une tête d'animal : les juifs sont des souris, les nazis des chats, les Polonais des porcs et les Américains des chiens.






Résumé :
Vingt-cinq ans après la publication de MAUS (prix Pulitzer 1992), Art Spiegelman revient sur le chef-d'oeuvre qui a changé à jamais notre vision de la littérature, de la bande-dessinée et de l'Holocauste.
Art Spiegelman explore les questions cruciales soulevées par MAUS (Pourquoi l'Holocauste ? Pourquoi les souris ? Pourquoi la BD ?) et propose une oeuvre essentielle sur le processus de création.
Metamaus est accompagné d'un DVD comprenant la version numérisée de L'intégrale MAUS : un survivant raconte, assortie d'archives sonores très fournies des enregistrements de son père, survivant de camps, de documents historiques, ainsi que d'une multitude de carnets personnels et de croquis.


Résumé :
De la grande histoire à la petite anecdote, les auteurs retracent les relations entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient de 1783 à 1953, de la première intervention militaire contre la Libye, en passant par l'accord sur le pétrole entre le président Roosevelt et le roi d'Arabie saoudite en 1945, au coup d'Etat américain en Iran de 1953 contre Mossadegh.






D’après ce que j’ai compris, il me manque encore l’envoi d’un des participants. Quoi qu’il en soit inutile de vous dire  que je suis plus qu’heureux d’être le grand gagnant ! Je n’ai lu ni ne possède aucun des ouvrages offerts. Que de belles découvertes en perspective. Je m’engage évidemment à les lire et les chroniquer dans les semaines qui viennent.
Je tiens vraiment à tous vous remercier pour vos cadeaux et pour les petits mots gentils. J’ai été vraiment touché par toutes vos attentions. Un grand merci spécial à Mo’ pour son envoi et pour l’organisation du Loto. Inutile de vous dire que je suis partant si l’opération se renouvèle.

Dernière heure (Breaking news comme disent les américains) :

J'ai trouvé tout à l'heure dans ma boîte au lettre un paquet envoyé par Lunch. A l'intérieur, il y avait l'album Swallow me Whole de Nate Powell.

Résumé :
Ruth et Perry sont demi-soeur et demi-frère. Ces deux adolescents américains, ordinaires en apparence, nourrissent pourtant d'étranges obsessions intimes qui en font des individus un peu à la marge. Ruth voue un culte secret à des insectes conservés dans des bocaux. Perry perçoit la voix de son crayon-sorcier et vit des crises de dessin.







Voila, j'ai donc reçu en tout 9 albums et un roman. Ma PAL a gagné de nombreux centimètres et vous vous doutez bien que j'en suis ravi. Encore merci à tous !

jeudi 9 février 2012

Chroniques Express littérature de jeunesse

Scotton © Nathan 2012
Splat chante faux ! / Bonne nuit Splat ! de Rob Scotton, Nathan, 2012. 28 pages. 5,80 euros. A partir de 4 ans.

Splat a fait un malheur auprès de ma fille depuis qu’il a débarqué à la maison au mois de décembre dernier. Alors vous pensez bien que quand je lui ai montré ces deux nouveaux albums à la librairie, elle a été ravie. C’est toujours très drôle et les mimiques des chats sont impayables. En plus ces nouveautés sont publiées dans un petit format cartonné moitié moins cher que les albums parus précédemment. Alors pourquoi se priver ?

Scotton © Nathan 2012



Roi et Rajcak © Milan 2012
Animalia : voyage animé au pays des animaux, d’Arnaud Roi et Hélène Rajcak, Éditions Milan, 2012. 20 pages. 19,90 euros. A partir de 5-6 ans mais tellement fragile qu’il faut le tenir éloigné des brutes !

Un documentaire sous forme de pop-up dépliables verticalement. Chaque scène propose à l’enfant de découvrir les animaux dans leur milieu naturel : forêt tempérée, montagne, forêt amazonienne, savane, banquise et récif corallien sont au menu. Les animaux et leur environnement sont présentés de façon succincte. L’ensemble est très instructif mais c’est surtout un formidable objet livre magnifié par les illustrations d’Hélène Rajack dont j’avais déjà beaucoup apprécié le travail sur l’album Petites et grandes histoires des animaux disparus.

Attention, si vous mettez cet ouvrage dans les mains d’un enfant, il ne voudra plus le lâcher tant qu’il ne l’aura pas ramené à la maison. Je vous aurais prévenu !


Roi et Rajcak © Milan 2012


Dégruel © Delcourt 2011
La première lettre de Yann Dégruel, Delcourt, 2012. 44 pages. 10.95 euros. A partir de 7 ans.

Troisième adaptation en BD d’une nouvelle du recueil Histoires comme ça de Rudyard Kipling par Yann Dégruel après L’enfant d’éléphant et Le chat qui s’en va tout seul. Un texte qui raconte comment et pourquoi le premier courrier de l’histoire de l’humanité a été une source de quiproquo quasi fatale pour le « facteur » ! Drôle et superbement mis en image.


 
 
Dégruel © Delcourt 2011


C’est bébé qui commande, de Marla Frazee, Père Castor, 2012. 32 pages. 12,50 euros. A partir de 4 ans.

L’auteur compare l’arrivée de bébé à celle d’un nouveau PDG dans une entreprise. Les parents sont ici considérés comme des employés serviles. Bébé a des exigences, beaucoup d’exigences. Il soumet ses parents à un rythme d’enfer et pique une colère noire s’il n’obtient pas satisfaction. Sans compter que sa manie de convoquer le personnel en pleine nuit dans sa chambre n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur…
Un album qui arrachera plus d’un sourire aux parents. En tout cas beaucoup plus fin et plus intelligent que Dors et fais pas chier !


Frazee © Père Castor 2012


mercredi 8 février 2012

Le Scaphandre Fêlé

Le Cil vert 
© Le stylo bulle 2010
L’autofiction me sort par les yeux. Je déteste ces auteurs qui se regardent le trou de balle et tiennent absolument à coucher sur le papier leur histoire, persuadés que tout cela va passionner les lecteurs. Et pourtant, c’est la troisième fois en peu de temps que je me surprends à apprécier une BD « autofictionnelle ». Il y a d’abord eu Formose puis Une métamorphose iranienne et c’est maintenant au tour de ce Scaphandre fêlé. Est-ce que mes goûts changent ? Pas sûr. Disons plutôt que quand le propos est bien amené, je me laisse facilement embarquer.

Dans cet album, Le Cil Vert, pseudonyme de Sylvère Jouin, revient sur quelques moments charnières de sa vie professionnelle et artistique. Entre sa phobie de l’avion, la mort tragique de son père et sa rencontre avec la douce Chloé, l’auteur énumère ce qu’il appelle les « naissances douloureuses » ayant symbolisé les moments clés de son existence. Ce que j’ai apprécié ici c’est que Le Cil Vert relate les événements de façon non linéaire. Pas de chronologie hyper stricte, quelques touches d’humour bienvenues et d’étranges digressions sur la fabrication du cidre ou la vie de Boris Vian, l’ensemble peut paraître assez hétérogène mais au final tout se tient, c’est bien là l’essentiel.

Le dessin est assez minimaliste (c’est un peu la loi du genre) mais il reste quand même bien meilleur que chez certains auteurs ayant fait de l’autofiction leur fonds de commerce (je ne citerais pas de noms, l’inventaire serait trop long). L’absence de couleurs et le fait de jouer sur les tons de gris pour varier le contraste est par ailleurs un parti pris cohérent. Le vrai souci, c’est la taille riquiqui des cases et l’omniprésence du texte qui ne laisse pour ainsi dire aucune place aux décors. Mais bon, pour un ouvrage intimiste dans un petit format, c’est assez logique : pas la peine de se lancer dans un lyrisme échevelé avec des illustrations pleine page bourrées de détails et totalement hors de propos.

Assurément pas le coup de cœur du siècle mais une lecture beaucoup plus agréable que je ne l’aurais pensé. Je ne dis pas que l’autofiction va devenir mon genre préféré mais en tout cas je ne dis plus que jamais on ne me prendra à lire ces auteurs nombrilistes à la noix.


Le Scaphandre Fêlé par Le Cil Vert. Éditions Le stylo bulle , 2010. 68 pages. 12 euros.

Une BD offerte par Loula dans le cadre de son loto BD. Un grand merci à elle pour la découverte !

PS : après un premier essai à la radio pour présenter Formose, Libfly m'a demandé de renouveler l'opération autour d'Une métamorphose iranienne. J'ai toujours autant horreur d'écouter ma voix mais si le coeur vous en dit, ça se passe par ici : http://www.libfly.com/une-metamorphose-iranienne-mana-neyestani-fanny-soubiran-livre-1571057.html



Le Cil vert © Le stylo bulle 2010
 




lundi 6 février 2012

Le premier mardi, c'est permis (4) : Les combattants du feu T1

Davis © J'ai Lu 2010
Des mois que j’entends parler de la collection Passion intense grâce au rendez-vous mensuel de Stephie. La curiosité étant un de mes nombreux défauts, j’ai décidé de me lancer à corps perdu dans un des romans de cette collection qui, selon l’éditeur, recèle « un monde de sensualité ». Difficile à priori de choisir parmi tous ces titres plus alléchants les uns que les autres : « L’ivresse des sens », « Nuit intense », « Voluptueuse innocence », « Une lady nommée passion », « Liaisons sulfureuses » ou bien encore « Recherche un homme pour la nuit ». J’ai jeté mon dévolu sur la série « Les combattants du feu » de l’américaine Jo Davis. Pas parce que ce titre là me plaisait plus qu’un autre mais tout simplement parce que c’est le seul que j’ai trouvé à la librairie.

Alors, ça donne quoi un roman érotique « pour elle » ? Passons sur la couverture que n’aurait pas reniée le magazine Têtu pour nous intéresser au cœur de l’intrigue. Les combattants du feu est une série qui met en scène les pompiers de la ville de Sugarland au Tennessee. Ce premier tome s’attarde sur la rencontre entre le ténébreux lieutenant Howard Paxton et la charmante Kate McKenna, une jeune femme qu’il sort d’une maison en flammes dès les premières pages. Forcément, c’est le coup de foudre et le début d’une grande histoire d'amour. Tout serait parfait si le beau lieutenant n’était pas perturbé par les douloureux stigmates d’une enfance difficile...

Bon ok, je vous la fait comment ? Je pourrais vous dire qu’entre eux, ça fait des étincelles, qu’il lui a mis le feu ou qu’il l’a fait fondre. Si j’étais vulgaire, je pourrais vous dire que le feu, c’est plutôt au c** qu’elle l’a ou encore que ce pompier a un énorme tuyau et qu’il arrose sa belle de son jet puissant. Pas mon genre tout ça, voyons, je suis quelqu’un de respectable !

Disons juste que je me suis bien marré parce que j’ai pris ce roman au 3ème ou au 4ème degré. L’intrigue est cul-cul la praline en diable mais l’auteure a su l’orchestrer. Il y a du rythme, du suspens, une belle alternance entre les scènes d’action (je parle des interventions des pompiers, bandes de pervers) et la romance. Pour ce qui est de l’érotisme, c’est quand même plutôt gentil. Au final, je trouve qu’il y a trop peu moments chauds (et là je parle de sexe, bande de pervers) et que c’est bien dommage parce que c’est quand même ce qui m’intéressait le plus au départ. Bref j’ai eu du mal à aller jusqu’au bout mais je ne dirais pas pour autant que c’est un mauvais roman. Dans le genre, je pense qu’il doit y avoir bien pire.

Le vrai souci pour l’homme que je suis, c’est quand même les énormes clichés que Jo Davis enfile comme des perles. Forcément le lieutenant est beau comme un Dieu grec. Forcément, l’héroïne n’est pas un canon mais elle a le charme des femmes un peu rondes qui font craquer les hommes. Forcément, ce même lieutenant est monté comme âne et c’est un coup fabuleux au pieu. En plus, il roule en Harley et adore ses parents adoptifs (le brave garçon). Forcément, c’est un homme qui souffre, un homme en proie au doute dont le pire des vices est une addiction à la caféine (la vache, quel bad boy !). Bref, c’est le genre d’homme qu’on ne croise jamais dans une vie de femme lambda. Je sais bien, on a le droit de rêver, mais plus dure sera la chute.

Personnellement, j'aurais voulu lire un roman à l’eau de rose mettant en scène un homme normal. Le gars pas sportif pour deux ronds, éjaculateur précoce, qui n’aime rien moins que garder plusieurs jours son marcel taché sous les aisselles. Ou alors un gars tellement ventripotent qu’il n’a pas vu sa b*** depuis des années, fumeur de cigares à la calvitie prononcée et qui pète au lit. Je sais bien que l’on ne lit pas ce genre de romans pour retrouver l’image de son mec ou de son collègue de bureau. Il n’empêche que moi, ça me ferait plaisir de voir ces hommes là vivre une belle histoire d’amour. Quoi qu’il en soit, je suis bien content d’avoir découvert la collection Passion intense. Au moins maintenant je pourrais suivre plus facilement les chroniques publiées dans le cadre du rendez-vous mensuel de Stephie.

PS : petite précision en passant, les portraits dressés ci-dessus ne relèvent en aucun cas de l’autoportrait (ou alors juste pour quelques éléments, je vous laisse les choisir et les assembler à votre guise).

Les combattants du feu T1 : L’épreuve des flammes de Jo Davis. J’ai Lu, 2010. 380 pages. 6,90 euros.



samedi 4 février 2012

Chansons populaires de l’ère Showa - Ryu Murakami

Murakami © Picquier 2011
Six garçons paumés entrent en guerre avec six femmes divorcées. Tout commence lorsque l’un des garçons, assailli par une soudaine pulsion de meurtre, égorge une des femmes en pleine rue. Les cinq copines de la victime retrouvent la trace du meurtrier et l’assassinent sauvagement. Les deux groupes se rendent ensuite coup pour coup dans une tragique escalade qui se terminera par la destruction nucléaire d’un quartier de Tokyo...

« Désespoir sec, indifférence clinique, cruauté distanciée, scènes calmement angoissantes entraînant chez le lecteur une irrépressible envie de tout faire péter ». Ainsi parle Frédéric Beigbeder des textes de Murakami Ryu dans son ouvrage Dernier inventaire avant liquidation. L’analyse est juste même si la lecture de cet auteur ne me donne pas envie de tout faire péter mais plutôt de secouer violemment ces personnages apathiques, manquant totalement de repères, incapables de communiquer et symbolisant au final une société japonaise en perdition.

J’ai beaucoup aimé Murakami Ryu. Les bébés de la consigne automatique est un très grand roman. J’ai également adoré Bleu presque transparent, 1969, Lignes et Miso Soup. Mais depuis Parasites, j’ai beaucoup plus de mal. A chaque nouveau titre, je me dis qu’il pousse gratuitement le bouchon trop loin sans jamais parvenir à se renouveler. Ici, le scénario est tellement improbable qu’il frise le ridicule. Je sais bien que l’histoire n’est qu’un prétexte pour souligner l’état de déliquescence de la jeunesse nipponne mais je trouve que tout cela manque de finesse. Et puis le coup du final apocalyptique, il nous l’a déjà fait. Cette obsession de la désintégration totale comme seule solution pour tout remettre à plat est d’ailleurs une des caractéristiques (discutable) de son œuvre.

Une lecture pas désagréable mais qui laisse en bouche un arrière goût d’inutile et de déjà vu. « Rien de nouveau sous le soleil », voilà ce que j’ai pensé en refermant ce court roman loin d’être indispensable.


Chansons populaires de l’ère Showa, de Ryu Murakami, éditions Philippe Picquier, 2011. 198 pages. 17,50 euros.

vendredi 3 février 2012

Le Belem 4 : La dernière traversée

Delitte © Glénat 2011
Méditerranée, septembre 1915. Alors que son bateau à vapeur vient d’être coulé par un U-boot autrichien et qu’il a trouvé refuge avec ses hommes dans un canot de sauvetage, le capitaine Julien Chauvelon se souvient avec nostalgie du Belem, ce majestueux trois-mâts qu’il commanda de 1901 à 1914. Avec ce navire de commerce, il vogua avec bonheur sur les eaux de l’océan Atlantique et de la mer des Antilles. A la fin de l’année 1913, le Belem entama sa dernière campagne à destination d’Aruba (Venezuela). Son armateur français ayant fait faillite, le bateau fut vendu au Duc de Westminster qui en fit un navire de plaisance. Fleuron de la marine marchande au long cours, le Belem est aujourd’hui le plus ancien trois-mâts européen en état de navigation et il sert essentiellement de bateau école en offrant des stages d'initiation et de découverte aux passionnés.

Avec cet album, Jean-Yves Delitte clôt sa quadrilogie consacrée au Belem. Il relate ici la toute dernière traversée du célèbre trois-mâts, synonyme de passage de témoin entre la marine à voile et celle à vapeur. La fin d’une époque ! Basée sur une histoire vraie (le capitaine Chauvelon et ses hommes ayant réellement erré pendant onze jours en septembre 1915 avant d’accoster sur les côtes de la Crète), le scénario alterne entre les souvenirs du capitaine et sa situation délicate suite à l’attaque autrichienne. Une construction enchâssée qui ne pose finalement aucun problème de compréhension et qui permet de « casser » l’aspect linéaire des événements.

Visuellement, c’est évidemment superbe. J’adore Delitte donc mon avis ne sera pas objectif. Mais quand même, il faut bien avouer que ce dessinateur, peintre officiel de la marine belge, est passé maître dans l’art de restituer le mouvement des vagues et des bateaux. Ses grands aplats de noir, ses couleurs souvent crépusculaires et la précision des détails qu’il apporte à chaque case sont admirables. Autre aspect que j’apprécie dans son dessin, les visages des personnages qui se reconnaissent au premier coup d’œil. De plus, il a disséminé dans cet album de nombreuses doubles pages panoramiques du plus bel effet. Bref, au-delà de l’histoire, ce quatrième épisode des aventures du Belem vaut surtout pour sa maestria graphique.

Un très bel album qui n’est certes pas un chef d’œuvre mais qui reste suffisamment dépaysant et instructif pour emporter l’adhésion des lecteurs. D’ailleurs, c’est avec plaisir que j’achèterais l’intégrale de la série, si elle sort un jour !


Le Belem T4 : La dernière traversée de Jean-Yves Delitte. Glénat, 2011. 48 pages. 13,50 euros.


Delitte © Glénat 2011



jeudi 2 février 2012

Les années n°2

Au menu de ce second numéro, des portraits de Philippe Lacoche et d'Ambroise Croizat, une nouvelle de Dominique Cornet, la chronique du professeur Hernandez, la présentation d'une librairie bretonne et quelques notes de lecture concernant des recueils de nouvelles. De mon coté, je présente Scalped, un comics que j'ai tout simplement adoré.

Si vous souhaitez recevoir la revue par mèl, il suffit de me contacter.

Prochain numéro le 14 février !

Télécharger Les années N°2 au format pdf.

mercredi 1 février 2012

La lionne : livre 1

Mattiussi et Hess
© Treize étrange 2012
Léa la Lionne est une des plus célèbres courtisanes de Rome. Son « propriétaire » Egnatius l’a loue au plus offrant. Après le poète Catule, c’est au tour de ce gros porc de Publius de profiter d’elle pendant un an. Le contrat liant la courtisane à son nouveau maître est on ne peut plus clair : « Publius Afranius, consul respecté de notre ville de Rome, a donné vingt mines d’argent au Leno Egnatius afin d’avoir à sa guise la courtisane Léa, dite La Lionne, nuit et jour pendant un an. Durant cette période, celle-ci s’engage à ne recevoir chez elle aucun autre homme et à ne se rendre en aucun cas chez d’autres que Publius. Sauf bien sûr en cas de requête de ce dernier. » Ce contrat accepté, Léa ne pourra s’y soustraire sans risquer la torture et la mort. Malgré l’exclusivité qu’elle se doit d’accorder au consul, la jeune femme continue d’affoler la gente masculine. De Rufus le Grec à Samuel le Juif, nombreux sont ceux prêts à tout pour partager sa couche…

Attention, cette lionne est une vraie tigresse (je sais, c’est couillon comme phrase, mais j’aime bien). De toute façon, mieux vaut oublier le politiquement correct pour parler de ce péplum. Alors oui, je l’affirme bien haut, voila une dessinatrice qui n’a pas hésité à réaliser un album sacrément couillu ! Elle traîne sans vergogne ses personnages dans les bas-fonds de la Rome antique. C’est cru, furieusement vulgaire, licencieux en diable, bref, totalement décomplexé. Au moment où la ville est victime de la peste, la population semble se rouler dans la fange, comme si l’imminence de la mort poussait chacun à se perdre dans d’interminables orgies.

Même si Laureline Mattiussi et le scénariste anglais Sol Hess campent un portrait de courtisane libre à une époque où le droit des femmes à disposer de leur corps était inimaginable, je ne suis pas certain que La Lionne soit une BD à message. On sent sur la fin que l’aventure va prendre le pas sur la dénonciation du machisme ambiant.

Au niveau graphique, le trait élastique de la dessinatrice épouse les corps et donne du mouvement aux ébats. On pense forcément à Christophe Blain et à son Isaac le pirate mais je trouve que Mattiussi garde une patte bien à elle. Un mot également sur les couleurs d’Isabelle Merlet qui participent grandement à l’ambiance et intensifie l’aspect décadent de l’ensemble.

Franchement, il ne fallait pas avoir froid aux yeux pour oser créer un univers baroque à la Fellini avec des dialogues particulièrement salés et de nombreuses scènes très érotiques. Oubliez les dessinatrices qui ne donnent que dans l’autofiction Girly et jetez donc un œil au travail de Mattiussi, vous risquez d’être sacrément secoués.

A terme, La lionne devrait être une trilogie. Le vrai problème de ce premier tome, c’est qu’il ne fait que poser les bases de l’intrigue. 48 pages, c’est trop court, surtout quand on a la douloureuse impression que tout démarre pour de bon à la dernière case. Vite, la suite !


La Lionne T1 de Laureline Mattiussi et Sol Hess. Treize étrange, 2012. 48 pages. 15,50 euros.


Mattiussi et Hess © Le Lombard 2012