La cour des miracles,
Vagabonds,
Voyous, les titres des nouvelles de ce recueil reflètent à merveille son contenu. Écrites entre la fin des années 60 et le début des années 70, elles mettent en scène le Tokyo de l’après-guerre et ses quartiers les plus pauvres, dans une ville encore loin de la reconstruction. On y croise des familles dysfonctionnelles, des arnaqueurs, des petites frappes, des filles de joie, autant d’hommes et de femmes qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Un bal des désenchantés, dans un décor où les sans-grades, les oubliés et les indésirables de la société s’attablent au banquet des déchets de l’humanité.
Tadao Tsuge est un auteur confidentiel, loin de l’aura et de la reconnaissance qu’a pu connaître son frère Yoshiaru. Le genre d’auteur auquel on fait appel pour remplacer au dernier moment un dessinateur n’ayant pu livrer ses planches à temps dans un magazine, un bouche-trou occasionnel en somme, qui n’a malheureusement pas pu vivre de son art et a dû continuer à enchaîner les boulots « alimentaires » pour subvenir à ses besoins. Sans doute n’a-t-il pas connu la gloire à cause de la noirceur de ses histoires au pessimisme exacerbé. Pourtant son trait limpide, son style épuré et son découpage sans chichi offrent une lecture d’une rare fluidité, surtout dans une période de l’histoire du manga où l’expérimentation graphique et narrative était de mise.
Ces Contes du caniveau dressent un tableau sordide et sans complaisance d’une communauté d’exclus, tour à tour résignés ou enragés. Le réalisme cru de ces tranches de vie a quelque chose de dérangeant mais il doit surtout être appréhendé comme un témoignage quasi documentaire d’une époque ou violence et misère allaient de pair pour toute une frange de la population japonaise.
Contes du caniveau de Tadao Tsuge (traduit du japonais par Fusako Halle-Saito et Lorane Marois). Cornélius, 2024. 250 pages. 26,50 euros.
Toutes les BD de la semaine sont à retrouver chez Noukette !
Très tentant !!
RépondreSupprimerN'est-ce pas !
Supprimerun Tokyo loin de la carte postale!
RépondreSupprimerCarrément !
Supprimeret beh, c'est pas gai !
RépondreSupprimerDu tout non.
SupprimerPas sure d'être tentée mais cela reste un sujet important à aborder!
RépondreSupprimerUn sujet trop rarement abordé surtout.
Supprimerah merci ! je note !!! heureuse de retrouver des lectures pour les grands
RépondreSupprimerIl n'y a quasiment que ça par ici en ce moment ;)
SupprimerUn titre qui, d'emblée, m'attire. Le contenu va encore au-delà du titre, apparemment :) Je note !
RépondreSupprimerLe titre est à la fois représentatif et réducteur.
SupprimerCet auteur ne s'est pas donné toutes ses chances non plus avec un tel titre.^^ Enfin, c'est quitte ou double. Ça peut intriguer aussi. Si je le trouve à la bibli, la curiosité l'emportera.:)
RépondreSupprimerMoi je l'adore ce titre !
SupprimerJe suis intriguée en tous les cas ;).
RépondreSupprimerC'est déjà un bon point.
SupprimerJe suis intriguée et curieuse. Cela me rappelle les romans de Ryu Murakami, très trash et durs ... sans complaisance avec la vision idyllique que nous pouvons avoir du Japon. Je note!
RépondreSupprimerSauf que les romans de Ryu Murakami se déroulent dans un Japon beaucoup plus contemporain ;)
Supprimerpour une fois une manga m'attire
RépondreSupprimerMiracle :)
SupprimerUn témoignage qui mérite d'être découvert malgré le côté très pessimiste que tu évoques. Je note.
RépondreSupprimerOui c'est une façon de découvrir un pan d'histoire méconnu du Japon
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