Contrairement à Autant en
emporte le vent, Les saisons et les jours ne s’intéresse pas aux riches
planteurs esclavagistes de la côte mais se focalise sur les fermiers blancs du
Sud profond d’avant la guerre de sécession. Des familles trop pauvres pour
posséder un esclave qui tentent juste de survivre dans un environnement
difficile. Saga familiale centrée sur le personnage de Cean Smith, jeune fille
mariée à l’adolescence que l’on suit pendant des dizaines d’années, le roman
dresse le plus fidèlement possible le portrait d’une époque. Cean aura en tout
15 enfants et deux maris. Une femme remarquable, totalement accaparée par la
vie domestique, épuisée par les grossesses à répétition et qui ne sera pas
épargnée par les drames. Autour de Cean et de son clan, Caroline Miller évoque
le plus scrupuleusement possible l’existence de ces pionniers marquée par la
succession des saisons, des semailles, des récoltes, des naissances et des
deuils. Un travail presque ethnologique transcendé par une écriture proche du
naturalisme. Entre le roman régionaliste et le Nature Writing, Les saisons et
les jours relate à travers Cean et les siens une vie quotidienne fruste et
répétitive, sans véritable horizon.
Un texte fleuve qui, je l’avoue,
ne m’a pas toujours emballé. Beaucoup de références religieuses (certes
légitimes au 19ème siècle dans ces communautés isolées) plombent la
fluidité de l’ensemble. Et puis à force de voir les personnages scier du bois, cuisiner
des pains de maïs, traire les vaches, accoucher et récolter le coton, j’ai
senti un petit relent de La petite maison dans la prairie assez désagréable. En
plus réaliste et sans Nelly Olson, certes, mais quand même. Reste un beau
portrait de femme, fière et lucide : « Maintenant, elle avait
compris : ce monde avait été créé pour que les êtres humains y fassent
leur devoir et prouvent qu’ils n’étaient pas des brutes. Il fallait qu’elle
fasse son devoir, qu’elle donne la vie continûment, lave, s’occupe du bébé
jusqu’à ce qu’il marche, puis en ait un autre. Pourtant, elle ne l’acceptait
pas sans rechigner, même si elle se taisait et faisait son devoir. »
Quoi qu'il en soit, je suis drôlement content d’avoir découvert un tel classique, tellement éloigné de mes
lectures habituelles (si vous voyez ce que je veux dire...).
Les
saisons et les jours, de Caroline Miller. Belfond, 2013. 438 pages. 19 euros.
Bon, je note tes bémols, mais ça a l'air intéressant... Pour changer de Gone with the wind, quoi.
RépondreSupprimerNe t'occupe pas de mes bémols, je pense que tu trouverais cela vraiment bien et je suis certain que d'ici peu je vais lire des avis enthousiastes sur ce roman.
SupprimerMince ! le sujet, l'époque, le lieu, tout pour me plaire (avec en plus un air de "Autant en emporte le vent" ...) et bing sur le museau "La petite maison dans la prairie" ! Tant pis, au moins je saurai rendre grâce à un roman qui a permis à Scarlett et à Rhett de se rencontrer, sans forcément le lire.
RépondreSupprimerAh non, je ne voudrais pas te faire rater un roman qui pourrait vraiment te plaire. Évidemment que j'exagère avec ma comparaison. On est quand même super loin de La petite maison dans la prairie. Ce roman est très réaliste, âpre, et je suis certain que tu aimerais. C'est juste ma mauvaise foi légendaire et un agacement à la lecture de certains passages qui ont pris le dessus (comme souvent) et m'ont poussé émettre ces quelques bémols.
Supprimerbon je crois que ne vais pas me précipiter sur ce roman , le milieu petit blanc du sud , et une femme absorbée par ses grossesses et le travail de la ferme ? Cela ne me tente pas trop
RépondreSupprimerlUOCINE
Je comprends, il faut aimer cette ambiance un peu particulière.
SupprimerJe ne sais pas. Au premier abord, l'histoire ne me tente pas, mais si tu fais référence à "Autant en emporte le vent"..., je note le titre.
RépondreSupprimerIl y a sur la 4ème de couv une citation de Margaret Mitchell "Le plus grand livre sur le Sud et ses habitants." Si ça peut t'aider...
SupprimerJe n'avais jamais entendu parler de ce livre, merci pour cette découverte.
RépondreSupprimerA vrai dire moi non plus? C'est juste que je m'intéresse de très près à cette collection.
SupprimerLa petite maison dans la prairie, mouarf :) J'allais me retirer sur la pointe des pieds quand j'ai vu le logo, donc je reste un peu. Intéressante, n'empêche, cette collection de réédition Belfond.
RépondreSupprimerTrès intéressante cette collection. Le prochain sur ma liste est "Le bâtard" de Caldwell qui doit sortir en avril.
SupprimerC'est très tentant! L'époque, un roman méconnu, un sujet peu commun, je vais m'empresser de noter le titre avant d'oublier! Merci!
RépondreSupprimerPas de quoi. Pour moi aussi ce fut une vraie découverte.
SupprimerPourquoi pas? mais difficile peut-être après "Autant en emporte le vent" et même, mais oui, "La petite maison..." qui m'a apporté tant de moments de paix, tellement ça scotchait les enfants de la famille même lors des nombreuses rediffusions! Au moins j'étais tranquille pendant tout ce temps-là!
RépondreSupprimerJ'aimearis beaucoup connaître ton avis sur ce titre.
SupprimerEt "La petite maison dans la prairie" sans Nelly Olson, ça n'est plus qu'une grande leçon de catéchisme... ;-)
RépondreSupprimerPas certain de me laisser tenter mais je vais me renseigner sur la collection.
"une grande leçon de catéchisme" : y a un peu de ça en fait, notamment de grandes digressions sur le paradis que j'ai trouvé assez barbantes.
Supprimerj'ai l'impression que ce roman est plus proche des héros de Faulkner ou des petits blancs de James Agee dans Louons les grands hommes ! je n'avais même jamais lu le nom de cette auteur, toc c'est noté et je vais m'intéresser à cette collection chez Belfond
RépondreSupprimerC'est quand même moins rugueux que chez Faulkner.
SupprimerPrix Pullizer 1934 : l'écriture n'est pas un peu datée ?
RépondreSupprimerL'écriture est simple et facile à lire mais je ne l'ai pas du tout trouvée datée.
SupprimerAucun rapport...j'ai juste pris un ti' nounours...mmmm...cro bon...bon dimanche...n'hésite pas à venir sur mon blog...y'a une petite sucrerie aussi...joke...bon dimanche...^.^...
RépondreSupprimerJ'arrive de suite !
SupprimerJe ne ferai pas de ce classique une priorité ;)
RépondreSupprimerJe peux te comprendre ;)
SupprimerBen quoi la Petite maison dans la prairie ! Une série qui a bercé mon enfance, ah ah ! Tu parles de cette garce de Nelly mais que dire de Scarlett...grr ! Trêve de plaisanterie.J'aime déjà ce roman pour ce que tu en dis et le contenu qui me semble correspondre à ce que j'aime lire. J'apprécie les histoires qui prennent appui sur la réalité puis cette vision un peu nouvelle des fermiers blancs du Sud me semble intéressante. Je me suis promis de ne plus acheter de livres pour le moment mais si je le trouve en médiathèque je le lirai ;)
RépondreSupprimerIl me semble aussi que tu pourrais l'aimer ce roman^^
Supprimerce n'est pas mon genre de lecture non plus, comme tu dis, c'est bien de varier ;-) (et je ne connaissais pas ce titre!)
RépondreSupprimerJe sais que certains lecteurs aiment rester constamment dans le même genre mais ce n'est pas du tout mon cas.
SupprimerJe ne connaissais pas du tout ce titre. Un classique, donc?
RépondreSupprimerUn classique qui ne l'est plus vraiment puisque si j'ai bien compris dans la postface il n'est plus édité aux États-Unis depuis un bon bout de temps.
SupprimerL'autre jour où j'étais d'humeur à dépenser en librairie, j'ai tourné et retourné ce livre dans mes mains pour finalement le reposer. Alors maintenant que je lis tes réserves, je crois que je vais attendre des avis vraiment positifs (s'il en arrive !) Par contre j'ai bien envie d'essayer de lire La petite maison dans la prairie :)
RépondreSupprimerJe suis certain que ce roman va avoir nombre d'avis positifs. Il faut juste qu'il trouve son public.
SupprimerBon, La petite maison dans la prairie, ça me plaisait bien quand j'étais gosse (et je parle des livres, pas de la série TV)... mais bon, pas trop envie de remettre le couvert là même pour un prix Pulitzer...
RépondreSupprimerJe te comprends, on n'a pas forcément envie de se replonger dans cet univers impitoyable^^
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