mardi 3 septembre 2013

Le premier mardi c'est permis (20) : Faire l'amour à un homme

C’est le billet de Canel qui a titillé ma curiosité. A la lire j’ai compris qu’il me fallait absolument découvrir cette pépite. Comme elle, je tique sur le titre. Pourquoi « à » ? Le « avec » aurait été bien plus approprié. Ce « à » réduit l’homme au rôle d’objet et fait de sa sexualité un exercice purement mécanique. Alors que je le dis bien haut : nous ne sommes pas des machines ! (et en ce qui me concerne il y a un petit cœur qui bat sous cette énorme paire de c*******). 

Passons. Quatre grandes parties pour faire le tour de la question, c'est finalement assez peu : Comprenez et réveiller le désir de votre homme / Aimez-vous, votre homme vous aimera / Comment le rendre fou ? / Jeux raffinés et scénarios.

La première moitié de l’ouvrage empile les clichés et enfonce des portes grandes ouvertes. Allez, quelques exemples : aimez-vous, ne laissez pas le quotidien prendre le pas sur votre sexy attitude (qui doit évidemment être permanente), prenez le temps de vous occuper de vous pour nous faire plaisir (épilation, maquillage, coiffure, fringues...), faites du sport. Concernant les fringues, un conseil incontournable parmi tant d’autres : « Le seul critère qui doit orienter votre choix pour l’achat d’un pantalon est le suivant : me fait-il un joli cul ou pas ? ». Donc si vous avez la taille un peu serrée et que vous passez vos journée en apnée peu importe car n’oubliez jamais que la seule chose qui compte c’est d’avoir un joli cul. Aucun mot sur le potentiel érotique du short en jean dans cette partie, autant vous dire que j’ai lu tout ça en diagonal.

Dans les pages suivantes on vous parle mécanique avec LA question fondamentale, la taille ! Et cette révélation incroyable : « Les hommes sont totalement obsédés par la taille de leur queue, dont ils sous-estiment presque toujours la longueur. » Pas faux. Moi par exemple, je passe mes journées à tirer dessus. Bon j’espère que vous avez compris le message, on a besoin d’être rassuré par rapport aux dimensions de notre engin alors n’hésitez pas à nous dire qu’elle est énorme même si c’est pas vrai, ça fait toujours plaisir à entendre. Je vous passe les détails sur le viagra, la panne et l’éjaculation précoce parce que sinon ce billet va être interminable. Quand même par rapport à l’éjaculation précoce, j’adore ce conseil : « incitez-le à se masturber de temps en temps dans la journée, il sera sans doute plus endurant quand il vous retrouvera le soir. » Et mes collègues qui se demandent pourquoi je passe autant de temps aux toilettes... 

La seconde partie rentre dans les détails si je puis dire. Des zones érogènes masculines en passant par les massages et la stimulation manuelle, les généralités s’enchaînent. S’attardant plus longuement sur « L’art de la fellation », l’auteur se pose en grand spécialiste de la question. Ses conseils vont du purement hygiénique (ne pas faire ça juste après s’être brossé les dents parce que les gencives sont irritées et laissent plus facilement passer les bactéries) au terriblement technique (de la meilleure position aux figures les plus compliquées à exécuter comme « la savonnette » ou « le tire-bouchon ». Tout un programme n’est-ce pas ?). Puis vient le petit laïus sur une autre question fondamentale : faut-il avaler ou pas ? Dans cette longue partie consacrée au sexe oral j’ai adoré le tableau listant les choses à éviter : ne pas fermer les yeux (ah bon ?) / ne pas croquer (tu m’étonnes !) / ne pas mettre un doigt dans le derrière du monsieur sans crier gare en pleine fellation, il pourrait mal le prendre (je veux mon neveu !) / faire très attention si on joue avec les incisives à ne pas faire de copeaux (bon ok ça c’est moi qui l'ai rajouté…), j'en passe et des meilleures.

Tout cela se termine avec le kama-sutra revisité et quelques scénarios soi-disant émoustillants mais surtout terriblement clichés et déjà-vu.

Franchement je ne vois aucun intérêt à ce bouquin. Une femme avec un minimum d’expérience n’a pas besoin d’entendre ce monceau de conneries. Pour une débutante, c’est encore pire. Si, lorsque le grand soir arrive, elle cherche à mettre en application tous les conseils contenus dans ce livre, c’est la cata assurée. Et puis à quoi bon un manuel pour faire l’amour à un homme ? De l’écoute, du respect, des échanges, une vraie complicité et pourquoi pas même, soyons fous, un soupçon de sentiments réciproques seront toujours mille fois supérieurs à tous les guides pratiques de la terre.


Faire l’amour à un homme de Pierre des Esseintes. First, 2013. 158 pages. 2,99 euros.

L'avis de Saxaoul





dimanche 1 septembre 2013

La conscience de l’ultime limite - Carlos Calderon Fajardo

Calderon est pigiste dans un quotidien. Pour combler une page blanche à quelques heures du bouclage, il invente un assassinat. Sa rubrique intitulée « La Chronique du crime étrange » connaît d’emblée un vif succès. Mais pour Calderon, écrivaillon qui rêve de littérature, difficile de tenir la cadence. Ses affaires se compliquent encore lorsqu’un étrange personnage appelé « le dompteur de mouches » lui envoie le récit de ses propres meurtres, qui eux semblent bien réels...

Un roman qui me conforte (et me rassure !) dans l’idée que ce n’est pas la taille qui compte. A peine 110 pages qui m’ont paru interminables. Aucun intérêt à lire ces faits divers inventés par un gratte plume aigri dont l’inspiration se tarit au fil des jours. Aucune envie de suivre ces personnages si peu incarnés et pas attachants pour deux ronds. Je suis allé jusqu’au bout parce que je pensais qu’il y aurait une savoureuse pirouette finale pour rattraper le coup mais ce n’a même pas été le cas. Déception sur toute la ligne.

La quatrième de couverture annonce un roman noir, gothique et fantastique, elle aurait mieux fait de préciser que c’est surtout un roman chiant comme la pluie. Et puis l’air de rien j’ai besoin de me sentir à l’aise quand je lis. Je veux dire avec la forme même du livre, sa présentation, sa mise en page. Là, tout est très petit, à commencer par le format et la taille des caractères. Si on rajoute les interlignes hyper serrés et l’absence de chapitres, on se retrouve avec la désagréable impression d’étouffer et je n’aime pas ça du tout.

Entendons-nous, je ne veux pas condamner la littérature péruvienne à la lecture de ce seul titre et encore moins la littérature sud américaine que j’ai pour l’instant très peu fréquentée (et sans réussite je dois le dire). Disons seulement qu’entre ce roman et moi ce fut une rencontre sacrément ratée. Et puis concernant la littérature sud américaine (et la littérature argentine en particulier) je sais qu’une bonne âme œuvre actuellement afin de trouver un texte qui me convienne. Et comme je lui fais entièrement confiance, je sais qu’une bonne surprise m’attend.

La conscience de l’ultime limite de Carlos Calderon Fajardo. L’arbre vengeur, 2012. 110 pages. 12 euros.

samedi 31 août 2013

Moi après mois : août 2013

Moi après mois, d’après une idée de Moka.

Une belle surprise de Cristie // 6 mois et deux dents // 8 ans et plein de cadeaux // voir les schtroumpfs 2 au ciné : totalement merdique // Voir Percy Jackson 2 au ciné : pas extraordinaire mais quand même beaucoup moins merdique // Chantilly, son musée du cheval, son château et sa fameuse crème // descendre les jouets de bébé des filles du grenier pour la petite sœur et faire un bond dans le passé // un merveilleuse soirée au casino // le délicieux billet de Cristina qui m’a tant fait sourire // les copinautes qui pensent à moi, ça me touche // retour au boulot // une histoire de short  // la « gaulle antique », ça n’existe pas // trouver le bon sac pour l’entrée de pépette n°1 au collège, une vraie gageure // des échanges précieux (et nombreux) avec ma blogueuse préférée // un joli cadeau venu tout droit de Montréal (merci Florence !) // Regarder autour de soi, voir ceux qui nous entourent et se dire qu’on est bien // Celle que j’admire tant et qui lit Selby // Roger m’a dit à propos des écrivains : « Ils ont les lecteurs qu’ils méritent. » (pas faux) // déguster les tomates du jardin // « Jérôme, vous êtes un anarchiste. » (mon patron quand je lui ai dit sans rire que notre centre de doc pourrait sans problème se passer d’un directeur) // un festival des arts de la rue gâché par la pluie // une entrée à la crèche // « calmement je vous crache à la gueule » : André Laude mon amour //  le roi du babycook.

vendredi 30 août 2013

La radio des blogueurs : la rentrée n’aura pas notre peau !

Leiloona nous propose d'oublier pour un temps la déprime de la rentrée avec une chanson qui a marqué notre été. Alors j'avoue, la chanson qu'on a écouté en boucle cet été est très con, je ne sais pas du tout d'où elle sort ni comment elle est arrivée jusqu'à nous (il me semble qu'on l'a entendu dans un documentaire sur le air guitar mais je n'en suis pas certain). Il suffit que pépette n°2 entende les premières notes pour bouger son petit popotin et j'adore ça. Alors voila, ça vole pas haut mais c'est pêchu en diable. En même temps on peut pas tout avoir...









Le guide des voyages (4)

Voila, c’est fini. Comme prévu dès le départ, le Guide des voyages, périodique sporadique animé par des passionnés de lecture et de littérature, tire sa révérence à la fin des vacances.

Ce dernier numéro clôt ce modeste projet estival en beauté. D’abord l’éditorial fustigeant la rentrée littéraire est excellent (et pourtant j’adore la rentrée littéraire). Ensuite le grand chef a accepté de passer mon texte sur Calaferte publié ici même il y a quelques temps. J’en suis bien heureux parce que Calaferte est pour moi un des plus grands écrivains français du 20ème siècle, rien de moins. Après il y a du lourd au menu avec Jean Teullé, Jean-Paul Dubois, Véronique Ovaldé, Michel Lesbre, Françoise Xenakis et François Bon. Sans compter les deux articles consacrés à la langue française (dont une délicieuse descente en flèche du dictionnaire « Français mon amour » de Jean-Loup Chifflet). Bref, une fois encore, je trouve (en toute impartialité !) que ce numéro est une excellente cuvée.

Ça ne coûte rien de vous en rendre compte par vous-même, il suffit juste de me le demander !

jeudi 29 août 2013

Frisson l’écureuil - Mélanie Watt

Comment ai-je pu passer à coté de Frisson l’écureuil ? Il a fallu qu’une copine de retour d’un voyage à Montréal me prête l’édition canadienne pour que je découvre ce petit animal crétin à souhait. Crétin, j’exagère peut-être un peu mais on en n’est pas loin. Disons que Frisson est surtout casanier. Et trouillard, très trouillard. Sa vie est réglée comme du papier à musique. Et s’il ne quitte jamais son arbre,  c’est parce qu’il a peur de l’inconnu. Peur de tout en fait. Des orties, des araignées, des extraterrestres, des abeilles, des microbes et même des requins. Au moins dans son nid douillet il est en sécurité.  Et puis en cas d’imprévu il a préparé un plan d’évacuation et une trousse d’urgence. Mais l’imprévu porte bien son nom et au premier grain de sable la machine parfaitement huilée se grippe. Et alors-là c’est panique à bord !

Trop drôle, déjanté à souhait, très original visuellement parlant, cette première aventure de Frisson est juste un régal ! Cet écureuil n’est pas très fute-fute, c’est ce qui fait son charme. On voudrait se moquer de toutes ses petites manies et de sa couardise mais en même temps il a un petit coté tellement attachant qu’on aurait presque envie de le plaindre et de l’aider.

Si j’ai bien compris, la série compte une dizaine de titres publiés au Canada par Scholastic et Bayard en a « importé » un peu plus de la moitié en France. Chic, chic, je sais déjà que je vais me régaler avec de nouvelles aventures de Frisson. Mon chouchou Splat n’a qu’à bien se tenir car un sérieux concurrent va débarquer à la maison !

Frisson l’écureuil de Mélanie Watt. Bayard jeunesse, 2006. 34 pages. 9,90 €. A partir de 3-4 ans.

Les avis de Kikine et Canel.




mercredi 28 août 2013

Mélodie au crépuscule - Renaud Dillies

Elle est pénible Noukette. Elle sait bien qu’en écrivant à propos d’un album « la fin est belle et triste à pleurer… », elle va me faire craquer. Un album de Dillies en plus, le papa d’Abélard. Ça fait beaucoup, ça fait trop pour moi. Pénible je vous dis…

Coup de bol, ce titre est dispo à la médiathèque. Coup de bol ma pause le mercredi midi est un peu plus longue que les autres jours. Résultat j’ai passé cette pause à lire ce délicieux moment de poésie et à rédiger mon avis dans la foulée. Un billet fait en urgence, un peu à l’arrache vu que je n’avais pas sur moi ma carte d’emprunteur et que j’ai donc dû reposer l’ouvrage dans les bacs en partant. Bon, j’ai pas eu le temps de manger mais ça valait la peine.

Oui parce qu’autant vous le dire, la poésie dégouline de toutes les pages de cet album. Ça tient à l’histoire mais aussi et surtout au talent de dessinateur de Dillies qui ne s’interdit aucune liberté et déploie au fil des planches, dans un gaufrier de six cases hyper répétitif, une inventivité graphique qui m’a laissé baba. Après, si la magie opère c’est aussi parce que l’on retrouve les thèmes récurrents chers à cet auteur. Il est donc ici question de musique, de belles rencontres, du sens de la vie et de la connerie humaine, de rêverie (beaucoup), d’un petit cœur brisé, de solitude et de tristesse.

Scipion Nisimov est un grand échalas un poil mélancolique qui aime « se promener très souvent dans la nature mais plus encore dans sa tête. » Un anti-héros dont le quotidien d’une absolue banalité va être bouleversé pas sa rencontre avec Tchavolo le tzigane. Pas envie de vous en dire plus, ça risquerait de vous gâcher le plaisir de la découverte. Sachez juste que la fin est en effet très belle et très triste mais elle représente assez bien ma conception de l’existence. Comprenne qui pourra…

Avec tout ça, j’ai deux BD du mercredi chez Mango aujourd’hui. Première fois que ça m’arrive et c’est pas près de se reproduire. Mais je ne regrette pas, je me répète, ça valait la peine. Merci Noukette !

Mélodie au crépuscule de Renaud Dillies. Paquet, 2006. 78 pages. 15,50 euros.









Manolis - Allain Glykos et Antonin

1923. Suite à la défaite des armées grecques face aux troupes de Mustafa Kémal, des centaines de milliers de grecs vivant sur la côte ouest de la Turquie furent expulsés vers leur mère patrie. Un déplacement de population massif effectué à marche forcée et qui laissa sur le carreau nombre de réfugiés. Ayant tout perdu au moment de leur départ ces réfugiés durent de plus, une fois de retour en Grèce, affronter les réactions hostiles de la population locale qui ne les considérait pas comme des compatriotes mais voyait plutôt en eux des immigrés. Une intégration difficile voir impossible et des conditions de vie extrêmement précaires ont longtemps fait de ces Micrasiates (Grecs d’Asie Mineure) des parias dans leur propre pays.

Ce roman graphique raconte l’histoire de Manolis, enfant grec né en Turquie et frappé de plein fouet par « la grande catastrophe ». Séparé de ses parents et de ses frères au moment de monter sur le bateau devant les ramener en Grèce, le jeune garçon reste sous la protection de sa grand-mère. Ensemble ils vont connaître bien des épreuves et échouer dans une ville du Péloponnèse où personne ne fait grand cas d’eux. Placé un temps en famille d’accueil, Manolis apprend que les membres de sa famille sont en Crète. Décidé à les rejoindre coûte que coûte, il part seul pour Athènes afin d’embarquer dans le port du Pirée…

Voila une fois encore un album qui entremêle la petite et la grande histoire. Personnellement j’ai préféré m’attarder sur l’aspect individuel du destin de Manolis plutôt que sur l’universalité de la réflexion concernant les ravages de la guerre. Ce récit d’exil et d’initiation à hauteur d’enfant est simple et touchant, sans excès de pathos. Il est intéressant de constater qu’en grandissant le gamin au départ un peu perdu se forge une identité forte et pose un regard lucide et déterminé sur son avenir.

La narration, surtout dans les premières pages m’a fait penser à la très jolie série « Marzi » de Sylvain Savoia et Marzena Sowa. Graphiquement, on sent l’influence de Craig Thompson mais aussi du Sergio Salma de « Marcinelle, 1956 » (surtout à cause de l’encrage épais et charbonneux).

Tout en émotion et en retenu, ce destin individuel pris dans le tourbillon de l’histoire permet de mettre en lumière un épisode tragique sans doute trop peu connue sous nos contrées. Une belle réussite.

Manolis d’Allain Glykos et Antonin. Cambourakis, 2013. 190 pages. 20 euros.












mardi 27 août 2013

Encore un Award !


Chic, un tag, il y avait longtemps. Cette fois-ci c’est L’irrégulière qui a eu la gentillesse de penser à moi et qui m’a décerné cet Award. Sincèrement touché par sa démarche, je vais me plier à l’exercice de bon cœur mais je préfère prévenir tout de suite que si d’autres venaient à avoir la même idée, je serais obligé de décliner. D’une part parce que ma vie n’est pas assez palpitante pour que je trouve à chaque fois des choses à raconter et d’autre part parce qu’il va m’être difficile de dénicher 15 « victimes » pas encore désignées par d’autres…

Le principe est simple :
Afficher le logo de cet award en tête du billet ; remercier la blogueuse/le blogueur qui vous l’a décerné ; lister 7 points sur soi ; nominer 15 autres blogueurs méritants ; les prévenir que vous avez pensé à eux.

J’ai déjà rempli haut la main les deux premières conditions ci-dessus alors j’enchaîne avec 7 choses me concernant, entre le sans intérêt et le parfaitement lamentable. Tout moi quoi…

- Je n’exclus pas entièrement le fait de devenir un jour ou l’autre l’égal du Dr March.
- Attention scoop : j’adore ce bébé.

- Non, je n’ai jamais vu Dirty Dancing et j’en suis fier.
- On a promis à Pépette n°1 qu’on l’emmènerait à Londres visiter les studios Harry Potter l’an prochain. Si vous avez des bons plans pour les hôtels ou des infos diverses et variées sur la question, je suis preneur.
- Plus jamais je ne dormirai tout nu dans une chambre infestée de moustiques. Certaines parties de mon anatomie sont vraiment trop sensibles aux piqûres. Résultat, quelques séances de grattage intempestifs certes incontrôlables mais visuellement tout sauf glamour.
- J’ai vu "Les schtroumpfs 2" au cinéma il y a peu et je n'arrive pas à m'en remettre. C’est sans doute l’une des pires horreurs commises par le cinéma d’animation ces dernières années. La vie de parent n’est pas facile tous les jours.
- J’ai développé cet été une passion aussi soudaine qu’inattendue pour les shorts en jean. J’ai eu l’impression d’en voir partout. Quand on y pense, c’est un des rares accessoires qui, en fonction de celle qui le porte, peut être extrêmement sexy ou totalement vulgaire et j’avoue que ça me fascine…

Voila, voila, je vous avais prévenu…

Pas facile de trouver 15 blogueurs / blogueuses, entre ceux qui vont être sollicités plus souvent qu’à leur tour et que je ne voudrais pas embêter à nouveau et ceux qui ne répondent jamais aux tags… Pour faire simple, j’ai mis des tas de noms qui me tiennent à cœur dans un grand chapeau et voila ce que ça donne :

Mo’
Cristina
manU
Nahe
Un chocolat dans mon roman
Aaliz
Athalie
Marie
Choco
Soukee
In Cold Blog
Canel
Philisine Cave
Le petit carré jaune
Un autre endroit

Voila, je pense avoir joué le jeu. A qui le tour ?




lundi 26 août 2013

La Lettre à Helga - Bergsveinn Birgisson

A plus de 90 ans, Bjarni Gislason a décidé d’écrire une dernière lettre. Une lettre destinée à sa chère Helga, son seul véritable amour. Avec sa femme Unnur, ce n’était pas pareil. Elle n’a jamais pu avoir d’enfant et leurs relations en ont été particulièrement détériorées. Une vie de couple pleine de rancœur et d’amertume que Bjarni fuyait dès qu’il le pouvait. Éleveur de moutons et contrôleur cantonal des réserves de fourrage, il devait souvent se rendre dans les fermes alentour pour évaluer la santé des cheptels. C’est dans une de ces fermes, pendant la seconde guerre mondiale, qu’il a rencontré Helga. Une femme sensuelle à la poitrine opulente qui l’a rendu fou de désir. Leur adultère fut aussi passionné que foudroyant. Lorsqu’Helga tomba enceinte, elle lui proposa de quitter leur trou perdu pour partir à Reykjavik. Mais le fermier refusa d’abandonner sa terre et brisa à jamais leur relation. Quarante ans plus tard, il ressent le besoin d’écrire cette longue lettre pour expliquer à Helga les raisons de son choix. Forcément trop tard…  

Ce pourrait être la triste litanie d’un vieillard en bout de course. Ce pourrait être un texte tire-larmes où un homme se retourne une dernière fois sur des occasions manquées. Et bien c’est tout sauf ça. Certes Bjarni constate qu’il a raté quelque chose. Mais il le fait avec tellement de détachement, d’humour et d’autodérision que c’est un régal. Avec lui on découvre la vie dans les campagnes islandaises au tournant de la modernité. On accueille les premiers tracteurs mais l’isolement est tel qu’il faut parfois fumer les morts comme des poissons au cœur de l’hiver pour les conserver en attendant de pouvoir les enterrer au printemps. Pour traiter les brebis contre la gale, il faut les tremper manuellement dans une mixture composée à 90% d’urine. Il raconte aussi son échec au concours du plus beau bélier où il était pourtant certain de gagner. Des pratiques d’un autre âge sur lesquelles il revient sans amertume mais avec un réel plaisir. Concernant la fin de leur histoire, il assume totalement son choix même s’il sait que c’était sans doute une erreur : « Ici, à la campagne, j’ai eu de l’importance. Et si ce n’est qu’une idée, au moins aurais-je eu l’impression d’en avoir. Voila une différence qui compte. »     

Ce qui est formidable, c’est le ton sur lequel il rédige sa lettre. Léger et fleuri, souvent très drôle (« Te voir nue dans les rayons de soleil était revigorant comme la vision d’une fleur sur un escarpement rocheux. Je ne connais rien qui puisse égaler la beauté de ce spectacle. La seule chose qui me vienne à l’esprit est l’arrivée de mon tracteur Farmall. »), c’est franc, direct, en toute sincérité. J’ai aussi adoré la façon dont il parle du désir qui a été l’aiguillon de sa relation avec Helga : « Ensuite je t’aurais embrassée, des attouchements hâtifs auraient eu lieu avant que je ne baisse mon froc tandis que tu relevais ton pull de grosse laine pour dénuder tes seins et là, mes cuisses couleur d’aspirine se seraient mises à claquer contre toi, tandis que le courlis roucoulais dans l’air lourd du parfum de la bruyère, et nous deux, pauvres créatures, là, dans le creux, n’en aurions plus fait qu’une, l’espace d’un instant, jusqu’au dernier soupir de la montée de sève, quand la gelée blanche aurait dégouliné sur la face  interne de ta cuisse sur quelques brins d’herbe sèche, seuls témoins de l’embrasement qui nous avait saisis. »  Ces quelques lignes sont à des années lumières du purin que nous offre les Cinquante nuances de grey et consorts. Tellement supérieur, tellement plus proche de la littérature que j’aime.

Un premier roman somptueux, tragi-comique à souhait et qui m’a fait passer un délicieux moment de lecture. Un véritable coup de cœur. Pour le plaisir, je vous offre une dernier extrait : « Je te le dis du fond du cœur, ma Belle, je ne suis plus qu’une vieille bûche vermoulue et pourrie gisant sur le rivage du temps, d’où le ressac m’emportera bientôt. Et nul ne pleurera ma disparition. C’est bien vrai ce que disaient les anciens : on devient lâche en vieillissant. »  


La Lettre à Helga
de Bergsveinn Birgisson. Zulma, 2013. 130 pages. 16,50 euros. 


Comme hier c'est une lecture commune que je partage avec Marilyne et comme hier c'est un coup de cœur commun. Jamais deux sans trois ?