lundi 21 juin 2010

Waylander


Le roi est mort, vive le roi ! Le peuple Drenaï n’a pas pu faire sienne cette phrase traditionnelle censée célébrer la venue d’un nouveau monarque. Pour les Drenaïs, c’est la désolation qui a succédé à la mort du roi Niallad. Les ennemis vagrians ont envahi le pays, détruisant tout sur leur passage. Les quelques îlots de résistance restants sont sur le point de tomber. Le dernier espoir repose sur un homme, Waylander, le voleur d’âme. Ce tueur légendaire doit retrouver l’armure de bronze, le seul objet censé donner aux combattants Drenaïs la force suffisante pour repousser l’envahisseur. Mais peut-on faire confiance à Waylander ? Après tout, c’est lui qui a assassiné le roi.

Bienvenue dans le monde charmant et bucolique de David Gemmell. On y étripe à tour de bras, on viole femmes et enfants, on tue avec une froideur inhumaine... On philosophe aussi de temps en temps sur la foi ou le sens de la vie. Mais l’action reprend toujours très vite le dessus. Gemmel a l’intelligence de ne pas s’embourber dans une succession de scènes de combat qui deviendraient rapidement indigestes. La narration n’est pas linéaire en termes d’espace. On passe sans transition d’un lieu à l’autre, d’un protagoniste à l’autre. Cela permet d’éviter le ronronnement et donne au récit beaucoup de dynamisme.

Les scènes d’action sont à l’évidence le point fort du roman. L’auteur est très à l’aise dans les descriptions de combat. Elles se visualisent avec facilité. Tout se passe avec une fluidité remarquable, sans fioriture et avec un réalisme sidérant. Par ailleurs, le moins que l’on puisse dire, c’est que David Gemmel n’épargne pas ses lecteurs. Il fait disparaître sans sourciller de nombreux personnages pour lesquels on éprouve une réelle sympathie. Waylander est donc un texte violent et sans concession qui décrit crûment une guerre impitoyable. C’est ce qui fait son charme pour certains ou au contraire constitue un défaut rédhibitoire pour d’autres.

Alors, des points faibles ? Bien sûr, qui n’en n’a pas ? Déjà, pour les « gros lecteurs » de Fantasy, Waylander n’est qu’une variation de plus sur le sempiternel thème du héros- indestructible-qui-cache-en-lui-une-blessure-intime-et-qui-va-mener-à-bien-sa-quête-malgré-les-embûches-à-surmonter. Personnellement, étant un novice dans le genre, cet aspect déjà-vu et rabâché des dizaines de fois ne m’a pas gêné. Par contre, j’ai eu plus de mal avec quelques dialogues trainant en longueur, notamment les échanges entre soldats Drenaïs lors du siège de la forteresse de Purdol. Disons que le texte aurait gagné en concision en perdant une vingtaine de pages de blabla sans réel intérêt.

Pour conclure, je ne regrette pas d’avoir découvert l’univers de David Gemmel avec le premier tome (chronologiquement) du cycle Drenaï. Un vrai bon moment de lecture, dépaysant et sans prise de tête. Je me laisserai tenter sans problème par Waylander II lorsqu’il sortira en poche.

Waylander, de David Gemmel, Éditions Milady, 2008. 442 pages. 7 euros.

L’info en plus : Le dernier roman du cycle Drenaï est annoncé par Bragelonne pour l’été. Les épées du jour et de la nuit raconte la résurrection de Druss et Skilgannon. Mille ans après leur mort, ils vont combattre la diabolique et éternelle reine noire. A paraître le 16 juillet 2010.

Lu dans le cadre du défi de printemps de Livraddict et du challenge La fantasy pour les nuls de Craklou.
 
 

lundi 14 juin 2010

Le rayon de la mort

Andy est un lycéen américain semblable à beaucoup d’autres. Si ce n’est qu’il est orphelin et qu’il vit avec son grand-père. Si ce n’est également qu’il se découvre un jour des super pouvoirs en fumant sa première cigarette. A chaque bouffée inhalée, ses forces décuplent. Cette découverte ne va pas le bouleverser plus que ça de prime abord. Son copain Louie l’imagine déjà patrouiller dans les rues, faisant la chasse à tous les malfrats du coin, mais Andy à du mal à le suivre. Et puis dans cette petite ville du New Jersey, il y a peu de torts à redresser. Certes, Andy va s’attaquer à quelques petites frappes pas vraiment à la hauteur, mais il va surtout commencer à utiliser ses pouvoirs pour des raisons plus personnelles. C’est alors que les choses vont basculer du mauvais coté…

Daniel Clowes est dans son jardin avec cette histoire au départ banale qui devient rapidement effrayante. L’évolution psychologique d’Andy est la clé de voute du récit. Le portrait dressé d’une middle class américaine qui s’ennuie à mourir sonne juste. L’élément fantastique permet de montrer qu’il faut peut de choses pour transformer un ado lambda en justicier. Mais toute la problématique du récit tient dans cette notion de justice. Andy rend la justice selon ses propres critères. L’ouverture et la fin de l’histoire nous montre un Andy devenu adulte. Il se considère comme un sage : « Je n’ai jamais fait de mal à quiconque ne le méritait pas. Ma justice est clémente avant tout.» C’est d’ailleurs au bas de la deuxième page de l’album que tout est dit : « Je m’efforce toujours de faire ce qui est juste. […] Mais Bon Dieu que peut faire un homme seul face à quatre milliards de connards ? ».

Le rayon de la mort raconte donc essentiellement la construction d’une personnalité complexe qui va tomber dans les pires déviances. Et force est de reconnaître que ça fait froid dans le dos…

Graphiquement, Daniel Clowes est un adepte de la ligne claire à l’européenne. Son découpage alterne le très classique en gaufrier avec deux ou trois pages complètement déstructurées à la construction vraiment originale. Le récit est découpé en historiettes d’une ou deux pages, jamais plus. Il se dégage de l’ensemble un coté vintage particulièrement séduisant.

C’est bien beau tout ça, mais est-on en face du chef d’œuvre annoncé par tous les critiques dignes de ce nom ? En fait tout l’art de Daniel Clowes tient dans cette propension à délivrer son message sans avoir l’air d’y toucher. Tout en finesse. Mais doit-on pour autant considérer cet auteur comme un génie du 9ème art, comme le sont d’ailleurs beaucoup d’auteurs nord-américains portés au pinacle par la presse bobo/intello (Télérama et Technikart en tête) ? Franchement, je ne crois pas. Attention, ne me voyez pas là en pourfendeur de la pensée unique ou je ne sais quelle autre étiquette à la c… C’est juste que cet album est certes bon, fort bien réalisé et surtout excellemment édité (félicitations aux éditions Cornélius pour la qualité de la maquette et du produit fini), mais il souffre de quelques passages sans véritable intérêt. Disons que l’histoire aurait pu être quelque peu écourtée sans que cela nuise à l’ensemble. Je me suis d’ailleurs surpris à voir poindre l’ennui au cours de la lecture. Mais force est de reconnaître que l’impression d’ensemble reste très positive et que je ne regrette aucunement d’avoir découvert ce titre. C’est juste que pour, ma part, je ne crierais pas au chef d’œuvre, même si je sais pertinemment que Le rayon de la mort sera sans doute récompensé à Angoulême l’année prochaine. Tant pis, une fois de plus, je ne me reconnaîtrais pas dansde le palmarès du plus grand festival BD de France. Mais c’est une autre histoire…

Le rayon de la mort, de Daniel Clowes, éditions Cornélius, 2010. 64 pages. 16 euros.

L'info en plus : Les éditions Cornélius publieront à la rentrée un nouveau volume de Daniel intitulé Wilson. L’histoire d’un homme qui cherche à reprendre sa vie en main avant de replonger dans la déprime quotidienne. Une réflexion sur la médiocrité humaine à paraître le 23 septembre 2010.





Le Roaarrr challenge de Mo'
 

lundi 7 juin 2010

Tête de chien


L’histoire des Eriksson est celle d’une famille norvégienne de la seconde moitié du 20ème siècle. La rencontre entre Askild et Bjork, les grands parents, scelle le destin familial pour plusieurs générations. Cela se passe à Bergen, à la fin des années 30. Pendant la guerre, Askild passe deux ans dans les camps allemands. Marqué à jamais par cette expérience il revient en Norvège méconnaissable. Bjork épouse malgré tout ce fantôme revenu d’entre les morts, et après avoir séjourné quelques temps chez la belle-mère paternelle, le couple part s’installer à Stavanger. Mais l’expérience est de courte durée et les Eriksson reviennent bien vite à Bergen où Askild achète un terrain pour construire une maison. Entre temps, leurs trois enfants sont nés. Il y a Niels junior, l’ainé, Anne Katrine et Knut, le petit dernier.

Viré des chantiers navals de Bergen pour cause d’alcoolisme aggravé, Askild emmène les siens au Danemark. C’est là que la tragi-comédie des Eriksson va prendre toute son ampleur…

Le narrateur se nomme Asger. C’est le petit fils d’Askild et Bjork, le fils de Niels junior. Il retrace la saga familiale avec le plus de détails possibles, n’omettant aucun des moments importants. De ses grands-parents à ses parents en passant par son oncle et sa tante il déroule le fil dévénements souvent hauts en couleurs. Askild est un alcoolique passionné de cubisme. Bjork, une grand-mère volage qui se prend de passion à la fin de sa vie pour les cercles de jeu. Niels junior, surnommé feuille de chou, va connaître une enfance difficile à cause de ses oreilles surdimensionnées. Anne Katrine accuse un retard mental qui fait d’elle « un gros légume pâle ». Quand à Knut, c’est un gamin perturbé qui va très vite fuir ses parents pour voyager au long cours. Et puis il y a Stinne, la sœur du narrateur, Leila sa mère et des figures secondaires importantes tels que Tête de pomme, La Bonde, Madame Maman ou encore Thor Gunnarsson, le médecin amant de Bjork. Cette pléthore de personnages rend la lecture exigeante. Il faut beaucoup d’attention pour ne pas se perdre dans le flot des événements racontés et s’y retrouver parmi tous les membres de la famille.

Mais quel plaisir de se plonger dans ce roman déjanté et cocasse. Cette famille d’allumés notoires fait parfois penser à une troupe de freaks en goguette qui passe son temps à déménager (notamment lors de l’arrivée à Stavanger quand la famille traverse la ville dans une carriole tirée par un vieux canasson). On passe en deux pages du rire aux larmes. Le tableau dressé par l’auteur est bigarré à souhait. La palette des situations et des personnages présentés est d’une folle richesse. L’humour est aussi très présent, le langage est parfois très cru parfois onirique, l’intrigue vous surprend en permanence… Bref, voila tout simplement un grand roman.

A l’évidence, Morten Ramsland a lu Knut Hamsun (le plus célèbre écrivain norvégien du 20ème siècle) et son fabuleux roman La Faim. Il a sans doute aussi lu le Bandini de John Fante. On y retrouve la même truculence dans la description d’une famille vraiment pas comme les autres qui mérite que l’on s’attarde sur son cas avec la plus grande attention. Je ne pensais pas retrouver un jour une telle filiation chez un auteur européen. La surprise est d’autant plus belle et je ne peux que vous encourager à lire et à faire lire Tête de chien.

Comme quoi les écrivains scandinaves ne savent pas faire que des polars. Et c’est tant mieux !

Merci à Blog-O-Book et à Folio de m’avoir fait découvrir ce petit bijou.

Tête de chien, de Morten Ramsland, Folio, 2010. 465 pages. 7,70 euros.

L’info en plus : la littérature danoise reste encore assez confidentielle en France. Pourtant, le pays natal d’Andersen possède d’excellents auteurs contemporains. C’est notamment le cas de Carsten Jensen, dont le roman Nous, les noyés, vient de paraître aux éditions Libella-Maren Sell. Une épopée maritime de plus de 700 pages qui raconte l'histoire de trois générations de marins du port de Marstal, ville située sur une île de la Baltique, au sud du Danemark, entre 1848 et 1945. Un roman d'aventures qui présente le destin d'hommes quittant la rocaille de Terre-Neuve pour des destinations lointaines. Récompensé par de nombreux prix : Danske Banks Litteraturpris 2007. Prix Olof Palme 2009 (Suède). Prix Gens de mer 2010. Avis aux amateurs de grand large !

Apparemment, je ne suis pas le seul à avoir apprécié : ChocoPicwick, Mazel ont aussi beaucoup aimé.

mercredi 2 juin 2010

La Barbe-bleue

Ah , La Barbe-bleue ! Voila sans doute l’un des plus célèbres contes de la littérature française. L’histoire d’un homme à la barbe bleue qui parvint à séduire une jeune femme et à l’épouser. Cet homme a déjà été marié plusieurs fois auparavant, mais personne ne sait ce que ses ex-femmes sont devenues. Le jour où il doit partir en voyage il confie à son épouse un trousseau de clés en la mettant en garde de ne jamais utiliser la clé du petit cabinet qui se trouve au bout de la grande galerie. La tentation étant trop forte, la jeune femme ne respecte pas la volonté de son mari et se rend dans le lieu interdit. Elle y découvre avec horreur les corps sans vie des ex-épouses de la Barbe-bleue. De retour chez lui, l’homme découvre que sa femme ne l’a pas écouté et il décide de l’égorger. Elle ne devra finalement son salut qu’à l’arrivée de ses frères...

Aux illustrations souvent réalistes qui caractérisent la mise en image de ce conte, l’auteur a préféré la suggestion. Personnages et décors semblent irréels. L’absence d’encrage renforce le coté évanescent des illustrations. Ethéré. Voila sans doute l’adjectif qui convient le mieux pour qualifier le travail de Thierry Dedieu sur cet album. Malgré cette ambiance générale vaporeuse, chaque double page est extrêmement explicite et l’équilibre texte/image se fait naturellement.

Une très belle adaptation donc, qui renouvelle avec modernité un conte que l’on pensait figer à jamais dans des représentations ultra-classiques et visuellement un peu « vieillottes ».

La Barbe-bleue, de Thierry Dedieu, édition Seuil jeunesse, 2005. 36 pages. 15,00 euros. A partir de 5 ans.


L’info en plus : Le dernier album de Thierry Dedieu est sorti début avril. Le roi des sables raconte l’histoire d’un souverain qui vit dans un château construit au bord des vagues. Il y jouit d'une vue magnifique et de couchers de soleil sans pareil mais doit reconstruire son palais très régulièrement. Un jour, son cousin du Nord, le roi des bois, vient lui rendre visite. Une fable sur la sagesse des hommes à accepter leur place dans le respect de la nature (éditions Seuil Jeunesse).

Album lu dans le cadre des Mercredis de l'album et du challenge Je lis aussi des albums.
 

mardi 1 juin 2010

Ovnis : enquête sur un secret d’États

J’aime beaucoup l’opération Masse critique de Babelio parce qu’elle me permet de découvrir des ouvrages dont je n’aurais jamais soupçonné l’existence autrement. Après Les gaulois expliqués à ma fille en début d’année me voila donc avec entre les mains un essai au titre on ne peut plus explicite : OVNIS, enquête sur un secret d’états. Quand on s’apprête à se lancer sur un sujet aussi sensible, il importe en premier lieu de savoir qui sont les auteurs. Egon Kragel et Yves Couprie ne sont à priori pas de grands spécialistes des OVNIS même si le premier nommé à consacré plusieurs articles à la question. Cette neutralité apparente est plutôt un gage de sérieux et de crédibilité. Rien ne m’aurait plus exaspéré que de tomber sur des fous furieux cherchant à tous prix à faire adhérer le lecteur à leurs thèses les plus farfelues.

Le point de départ du livre est la récente déclassification de documents officiels par de nombreux pays (Argentine, Australie, Canada, Finlande, France, Grande-Bretagne, Italis, Portugal, Suède, Russie, Etats-Unis….). Cette déclassification est une avancée majeure pour tous les chercheurs puisqu’elle permet de confirmer officiellement que tous ces pays ont montré un intérêt réel et permanent à la question OVNI depuis plus de 50 ans. En effet pourquoi la plupart des pays industrialisés révéleraient-ils s’être intéressés de près au phénomène si celui-ci n’était pas sérieux ?

Les deux auteurs balaient en 350 pages toutes les thématiques propres à l’ufologie (l’étude des objets volants non identifiés). De la création des agences officielles (le GEIPAN en France) au point de vue des scientifiques, de la désinformation à la manipulation en passant par la place des ovnis dans l’histoire, le tableau est dressé avec la volonté de convaincre que le phénomène ovnis existe bien. Au fil de la lecture, on constate que les auteurs ont pris partie : pour eux, il ne fait aucun doute qu’il existe des objets volants dont on ne connaît pas la provenance et dont les capacités technologiques dépassent tout ce que les humains ont pu créer jusqu’alors.

La partie la plus intéressante concerne évidemment les observations dans le monde : la vague française de 1954 , Roswel, la vague belge de 1990, les lumières de Phoenix en 1996, les témoignages de pilotes et de militaires... Viennent ensuite les phénomènes liés aux OVNIS (crop circles, enlèvement, mutilation du bétail) et pour conclure différentes hypothèses censées expliquer toutes ces étranges manifestations.

Les deux reproches que l’on peut faire à l’ouvrage sont, d’une part, le manque de contradicteurs (il aurait été intéressant de donner la parole aux sceptiques pour connaître leur point de vue sur la question) et d’autres part, le fait que tous les thèmes ne sont que survolés en quelques paragraphes. Certes, l’éditeur le précise d’emblée : « cette enquête se veut avant tout un ouvrage de vulgarisation, accessible et référencé ».

Un titre idéal, donc pour les débutants qui s’intéressent à la question. Je dois également reconnaître que la partie consacrée aux observations est assez fascinante et qu’il est difficile de lâcher le livre avant d’avoir parcouru l’ensemble des témoignages.

Merci à Babelio et au Cherche Midi de m’avoir permis de découvrir ce document qui tente d’apporter des éclaircissements sur une problématique complexe.

Ovnis : enquête sur un secret d’États, d’Egon Kragel et Yves Couprie, Éditions le cherche midi, 2010. 348 pages. 17 euros.

L’info en plus : La littérature ufologique est incroyablement productive. Rien que depuis le début de l’année 2010, près de 20 ouvrages traitant de la question des ovnis sont parus. Quelques titres au hasard ? Le complot cosmique : théorie du complot, ovnis, théosophie et extrémisme politique ; Ovnis, enlèvements extraterrestres, univers parallèles : certitude ou fiction ? ; La science des extraterrestres ; Le miracle de Fatima : la plus grande opération de communication extraterrestre des temps modernes ; Ovnis, vers la fin du secret ?

Tout un programme !

jeudi 27 mai 2010

Swap Sherlock Holmes : mon colis est arrivé !

J'ai reçu vendredi dernier un colis envoyé par Coralie dans le cadre du Swap Sherlock Holmes.

Mon premier Swap, mon premier colis reçu et un peu de fébrilité au moment d'ouvrir le carton !

Comme il faisait un soleil radieux, je me suis installé dehors pour le grand déballage :

Une vue d'ensemble du contenu du colis

J'ai évidemment commencé par lire les post-it.

Petit présentation en commençant par ce qui se mange :

Du pop Corn salé. Dès vendredi soir tout avait été englouti !


Des gressins au romarin. Dégustés dimanche à l'apéro avec un petit verre de vin blanc de Savoie bien frais.


Les livres ensuite : un beau trio de recueils du sieur Sherlock. Il y a un roman (Le signe des 4) et deux recueils de nouvelles (Un scandale en bohème et Son dernier coup d'archet). Je vais m'emmener tout ça en août sur la plage. Un bon moment de lecture en perspective !
 

Un petit bloc-note, indispensable pour tout bon détective (même si, en fait, ma fille me l'a déjà piqué pour écrire des petits mots et faire quelques dessins. Je la soupçonne de préparer un cadeau de fête des mères. L'enquête se poursuit...)
   


Et pour finir, les chefs d'oeuvre du violon en CD (Bach, Schubert, Beethoven...). Pas du tout mon univers, mais c'est l'occasion de découvrir quelque chose de nouveau et de parfaire ma culture musicale classique (qui en a bien besoin, je dois l'avouer).



Voila, j'ai donc été sacrément gâté pour mon premier swap ! Un grand merci à Coralie qui a pris le temps de préparer ce colis. Un contenu très varié où tout me plait. Que demander de plus ?

Et un grand merci également à Emma et Fashion qui ont organisé ce Swap avec beaucoup d'efficacité.


PS : Le colis que j'ai préparé est parti le 12 mai et ma swappé ne l'a toujours pas reçu. Certes, elle habite en Belgique, mais quand même ! Le site de la Poste indique que le colis est en cours d'acheminement. Surement à dos de tortue ! J'espère que tout va s'arranger très vite.

mercredi 26 mai 2010

Philippe Crognier : on a marché sur la terre

En début d'année, un partenariat entre le site Livraddict et les éditions Abel Bécanes avait permis à un certain nombre de blogolecteurs de découvrir la très jolie prose du picard Philippe Crognier. Son roman Tête de Piaf avait alors fait la quasi unanimité chez l'ensemble des participants du partenariat (voir les avis de Nathalie ; Cynthia ; Myarosa ; Pimprenelle ; Aily).

J'ai reçu aujourd'hui par mèl une présentation du nouveau nouvel ouvrage de Philippe Crognier qui paraît ce mois-ci aux Éditions du Petit Véhicule, un éditeur Nantais qui gagne à être connu.




Voila, comme je sais que ce recueil de nouvelles ne sera peut-être pas facile à trouver en librairie, je passe l'info ici. Il me semble important de défendre les petits éditeurs passionnés qui travaille comme des artisans et font un boulot formidable avec très peu de moyens.


mardi 25 mai 2010

Empowered


Empowered est une jeune super héroïne faisant partie de la Super-Bande, une équipe de justiciers qui veille sur la ville. Les super-pouvoirs d’Empowered sont liés à son costume. Mais dès que celui-ci a le moindre accroc, tous les pouvoirs disparaissent. Ce même costume est ultra fragile, ultra moulant et doit se porter sans aucun sous-vêtement. Vous voyez où je veux en venir ? En gros, à chaque combat, Empowered se retrouve à moitié nue. Pire, elle est tellement nulle que les super-vilains la capturent systématiquement et elle se retrouve ficelée, exhibant ses charmants attributs au lecteur en mal de sensations fortes.

Présenté comme cela, le tableau paraît vraiment peu engageant. On a l’impression de tenir un comic macho, dégradant pour l’image de la femme où rien ne se passe au-dessus de la ceinture. Pourtant, c’est plus compliqué (ou plus fin) que cela. Il est certain qu’à la lecture des 60 premières pages, on se dit que l’on a encore fait un mauvais choix avec ce titre qui tourne en rond puisque chaque très courte histoire semble identique (Empowered se fait capturer, elle se retrouve ligotée et quasiment nue avant d’être délivrée par la super bande). Mais par la suite, l’univers d’Empowered gagne en épaisseur. Il y a d’abord le sbire, un garçon faisant partie des vilains qui va devenir l’amoureux de la jeune fille. Puis apparaissent Ninjette, sa meilleure amie et Le Prince Démon, une engeance cosmique prisonnière d’un harnais de bondage qui trône sur la table de son salon et dont la répartie est souvent très très drôle. Les rapports à l’intérieur de la super-bande se complexifient également.

Au final, Adam Warren met en scène une jeune fille d’aujourd’hui, fragile, un rien fleur bleue, manquant cruellement de confiance en elle et très libérée sexuellement (c’est le moins que l’on puisse dire !). Grâce à la multiplication des personnages secondaires, il diversifie ses intrigues et créé une série qui mérite vraiment que l’on y jette un œil. Attention néanmoins, je préviens d’emblée les lecteurs de Télérama que ce titre n’est pas pour eux ! On est ici souvent dans l’humour graveleux

Graphiquement, Adam Warren a été un des tout premiers auteurs à synthétiser les influences du manga et des comics. Empowered est entièrement en noir et blanc avec une très grosse utilisation des différents tons de gris. Le dessin semble par ailleurs ne pas être encré. Le découpage est très cinématographique avec une alternance de gros plans et de plan d’ensemble.

Que dire en conclusion ? J’ai passé un vrai bon moment de lecture plaisir, idéal pour se détendre. Ceux qui recherchent une œuvre profonde et forte peuvent passer leur chemin. On est plus ici dans la pantalonnade légère qui ne se prend pas au sérieux. Et franchement, il parfois agréable de tomber sur ce genre de titre.

Empowered T1, d’Adam Warren, Éditions Milady, 2009. 244 pages. 12,90 euros.



L’info en plus : Le second tome vient de paraître en français, toujours chez Milady. Pour ceux qui aiment lire en VO, sachez qu’il existe pour l’instant cinq volumes publiés aux Etats-Unis. Le sixième devrait sortir en septembre 2010.

Lu dans le cadre du Challenge BD 2010.

mardi 18 mai 2010

Yakari, l’ami des castors

Depuis plus de 35 ans, Yakari parcourt la grande prairie avec Petit Tonnerre, son fidèle poney. Le petit indien possède un don particulier, il peut dialoguer avec les animaux. Sa relation à la nature est donc très intime. Les éditions du Lombard ont décidé de rééditer les aventures de Yakari en intégrales thématiques regroupant trois albums. Cette nouvelle collection intitulée Yakari, l’ami des animaux compte pour l’instant deux volumes. Si le premier était consacré aux liens entre Yakari et les chevaux, le second s’intéresse à un autre animal, le castor. La première histoire (Yakari chez les castors) raconte la rencontre entre le jeune papoose et la tribu de castors dirigée par Digue-de-Bois. Dans la seconde (Le souffleur de nuages), ces mêmes castors vont aider un bélouga égaré dans un bras de la rivière. Enfin, dans la dernière, ils vont affronter un terrible Carcajou qui s’attaque aux polatouches de la forêt (La vengeance du carcajou).

Les trois albums contenus dans ce recueil reposent sur un concept simple : l’altruisme. Le point de départ de chaque histoire est identique : un animal est dans une situation difficile et Yakari intervient pour l’aider. A partir de là, un léger suspens se met en place mais très vite on comprend (même si l’on a que 8 ans) que le petit indien va trouver le moyen d’arranger la situation. Pour le jeune lecteur, la vie de Yakari s’apparente à une vie de rêve. Il se lève le matin, sort du tepee, grimpe sur Petit Poney et il part à l’aventure à travers les prairies, la forêt ou au bord de la rivière. Libre comme l’air, il ne rend de comptes à personne et possède des amis formidables toujours prêts à lui rendre service. Les grands espaces et la liberté, que demander de plus ?

Le dessin de Derib est d’une qualité rare, d’un grand classicisme digne des plus grands auteurs franco belge (même si Derib est suisse !). Il alterne parfaitement les plans d’ensemble où la nature domine et les gros plans sur les personnages. Son découpage, très cinématographique, est ultra dynamique. Lire Yakari permet de découvrir dès le plus jeune le langage de la bande dessinée, ce genre narratif à dominante visuelle où l’ellipse joue un rôle majeur. C’est une magnifique entrée en matière pour aborder le 9ème art. Rares sont les enfants qui, après avoir lu un Yakari, ne sont pas demandeurs pour en dévorer d’autres ! Alors n’hésitez pas à leur faire plaisir et offrez leur une BD de qualité, pétrie de bons sentiments et dénuée de violence gratuite. Ce n’est pas tous les jours que l’on tombe sur de telles pépites pour les 8-10 ans !

Yakari, l’ami des castors, de Derib et Job, édition du Lombard, 2010. 144 pages. 14,95 euros. A partir de 8 ans.



L’info en plus : Parallèlement à la publication des albums de Yakari sous forme de recueils thématiques, les éditions du Lombard entreprennent l’édition intégrale de l’excellente série Buddy Longway. Créée comme Yakari au début des années 70 par le seul Derib, cette série se veut en quelque sorte le pendant « adulte » de Yakari. Elle relate la destinée des Longway (Buddy, Chinook, Jérémie et Kathleen), une famille de trappeurs vivant au pied des montagnes rocheuses et dans les grandes plaines de l’Ouest. Entre nature sauvage et guerres indiennes, c’est avant tout une histoire d’amour superbe et violente qui s’est achevée en 2006 dans le 20ème album par la mort de Buddy Longway. Fait assez rare, Derib a choisi de faire vieillir ses personnages au fil de la série et de la terminer par la disparition de son héros. L’intégrale devrait compter en tout 5 volumes. Le premier est paru en début d’année et le second sort en juin. Vous pouvez foncer les yeux fermés.



Lu dans le cadre du Challenge BD 2010.


mardi 11 mai 2010

Cuisiner, un sentiment

Jachy Durand est chroniqueur gastronomique à Libération. Chaque jeudi, il passe en cuisine pour réveiller les papilles des lecteurs. Les éditions Carnets Nord ont eu la bonne idée de regrouper ses chroniques (plus quelques inédits) dans un recueil au titre on ne peut plus explicite : Cuisiner, un sentiment. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Entre souvenirs, rites, saisons, envies et lieux, tout part des sentiments. Et Jacky Durand expose avec talent le cheminement qui le pousse à cuisiner.

Chaque texte s’organise à peu près de la même façon. Tout commence par une introduction plutôt littéraire laissant se dérouler une très jolie écriture. On rentre ensuite dans le vif du sujet avec la présentation du produit du jour et surtout la recette qui va avec. A la fin de la chronique, le constat est sans appel. Le lecteur a faim !

Evidemment, Jacky Durand fait de la cuisine un plaisir en dehors de toute contrainte bassement matériel, loin des considérations terre à terre (du genre qu’est ce qu’on va faire ce soir avec ces gosses qui n’aiment rien ?) ou économiques (élaborer un menu régional en achetant les ingrédients sur les stands du salon de l’agriculture, je veux bien, mais il faut avoir le porte monnaie solide !).

Le chroniqueur de Libé est hédoniste, curieux, ouvert sur le monde. Tantôt salé, parfois furieusement sucré. Peut-être trop respectueux des grands classiques et des tours de main ancestraux, il est surtout passionné. Au final, le recueil oscille entre tradition et modernisme (même si l’on sent une réelle aversion pour la mode des verrines !) avec un seul véritable crédo : le plaisir avant tout. Celui de réunir les gens que l’on aime autour d’une bonne table ou, tout simplement, se faire plaisir en solitaire, égoïstement.

Quand la lecture devient à ce point gourmande et vous ouvre l’appétit, on ne peut que s’incliner devant ce mélange de gouaille et d’élégance. Savoureux.

PS : un mot sur la couverture du recueil qui est absolument hideuse et ne pourra jamais inciter qui que ce soit à saisir l’ouvrage posé à plat sur la table d’une librairie. L’illustration centrale censée représenter en très gros plan le cul d’une casserole n’est pas du tout parlante. Bref, c’est un gros raté et c’est bien dommage. Une dernière petite info en passant. Le tirage de départ de ce livre n’est que de 3000 exemplaires. Il sera donc peut-être assez difficile à trouver d’ici quelques semaines.

Cuisiner, un sentiment, de Jacky Durand, Carnets Nord, 2010. 246 pages. 17 euros.

L’info en plus : Carnets Nord est une jeune maison d’édition née en 2007. Son catalogue, riche d’une trentaine de titres, contient des essais, des romans, des chroniques, des carnets de voyages et des reportages au long cours. Un travail de qualité pour cet éditeur indépendant qui mérite que l’on se penche avec attention sur sa production.