mercredi 18 avril 2018

Petite balade et grande muraille - Maïté Verjux

Pour moi, dans un carnet de voyage dessiné la mayonnaise prend ou ne prend pas en fonction de deux critères. D’abord le ton, la posture et l’état d’esprit de celui ou celle qui raconte son périple. Ensuite sa capacité à capturer et restituer l’atmosphère de ce qu’il ou elle a vécu. Maïté Verjux a su réunir ces deux critères en y ajoutant une pincée d’absurde qui épice à merveille son récit.

Son diplôme de graphisme en poche, la jeune femme décide de partir en Chine sur un coup de tête, en janvier 2016. Trois mois à Pékin en colocation alors qu’elle ne connaît absolument rien du pays et ne parle pas du tout la langue. Au bout d’un mois et d’une adaptation compliquée à son nouvel environnement, Maïté est rejointe par son amie Florie. Avec cette dernière le séjour se passe dans de meilleures conditions et les visites s’enchaînent, de la Cité interdite à la grande muraille, de Shangaï au tombeau des empereurs Qings. 

Loin du carnet de bord au jour le jour, cette balade chinoise se présente comme une succession de tranches de vie plus ou moins marquantes, plus ou moins anecdotiques : l’arrivée dans un appartement surpeuplé où la promiscuité n’est pas un vain mot, la pollution omniprésente, les arnaques sur les sites touristiques, la nourriture parfois difficilement identifiable, la surpopulation, le fait que la femme occidentale est une curiosité plus photographiée que les monuments historiques ou encore la célébration du nouvel an à Pékin, intense moment de ferveur collective.

Maïté Verjux ne cache rien de ses déboires, de ses déceptions, de sa naïveté, de ses erreurs. Elle le fait avec sincérité et une bonne dose d’autodérision, avec lucidité mais sans aigreur. Trois mois à l’autre bout du monde qu’elle voit au moment de son retour en France comme une parenthèse loin de la vie réelle qui restera forcément inoubliable.

Un roman graphique (et autobiographique) vif et joyeux qui n’a rien du guide touristique mais joue plutôt sur la corde du ressenti personnel, loin de toute vision universelle et caricaturale d’un pays dont il n’est de toute façon pas évident de saisir la complexité en quelques semaines. Une parenthèse rondement menée, instructive à sa façon, légère et savoureuse.

Petite balade et grande muraille de Maïté Verjux. Les éditions Fei, 2018. 184 pages. 19,00 euros.

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