Un documentaire pour ados au titre culotté, c’est le moins que l’on puisse dire ! Et un contenu sans complexe, comme annoncé, c’est le moins que l’on puisse dire ! Franchement, j’adore cette prise de risque, assumée de bout en bout et sans faux semblant.
Un ouvrage aux illustrations suggestives ne tombant jamais dans la vulgarité. Après une description des plus précises des organes génitaux, deux chapitres abordent la question de l’estime de soi et du regard des autres, des paramètres importants à l’heure de l’adolescence et de la post adolescence. On enchaîne ensuite directement avec la masturbation, LE sujet tabou par excellence (et l’activité la plus pratiquée chez les ados), puis la question cruciale de la virginité. Viennent ensuite les règles et la contraception qui précèdent le désir et l’amour, les stéréotypes et l’intimité. On entre ensuite dans le vif du sujet avec les préliminaires et l’actes en lui-même, puis les fantasmes, la place du porno dans la société ou encore les sextapes.
C’est hyper complet, sans langue de bois, dans un vocabulaire simple, précis, clair et accessible (le tutoiement est de rigueur). Le texte se met à la hauteur des interrogations du public visé, même des questions pouvant paraître les plus naïves (et étant par définition celles que l’on ose le moins poser), comme par exemple, comment «
trouver le trou » lors d’un premier rapport ou combien de temps doivent durer les préliminaires. La mise en page aérée, les chapitres courts allant à l’essentiel permettent de se sentir très vite à l’aise et de naviguer avec facilité d’un sujet à l’autre.
J’aime beaucoup le ton trouvé par les auteurs, les interventions rassurantes et «
dédramatisantes » comme «
faire l’amour c’est s’offrir un terrain de jeu et d’exploration » ou «
le sexe n’est pas une compétition ». Et puis j’adore le fait que rien, absolument rien n’est occulté, de l’hygiène à la santé, des problèmes « mécaniques » ou « de taille » au harcèlement et au viol en passant par le sexe entre filles ou entre garçons. Les conseils permettent d’aborder sereinement une activité sexuelle à venir ou qui en est à ses balbutiements, en mettant le plaisir et l’épanouissement au cœur de la problématique, sans nier les éventuels soucis physiologiques et/ou psychologiques.
Reste à savoir à quel moment on peut mettre un tel ouvrage entre les mains de nos enfants. C’est bien moins une question d’âge que de maturité. Ma grande fille, bientôt quatorze ans, ne me semble pas prête à lire le chapitre intitulé «
Alors, clitoridienne ou vaginale ? », mais je me trompe peut-être, et il est évident que ce «
Sexe sans complexe » finira entre ses mains un jour ou l’autre. Du moins je lui en proposerai la lecture, libre à elle ensuite de s’y plonger ou pas, cela va de soi.
Sexe sans complexe de Bérangère Portalier (ill. Frédéric Rébéna). Actes Sud junior, 2016.
80 pages. 14,00 euros.
A partir de 15 ans.
Une dernière pépite jeunesse épicée que je partage avec
Noukette avant une pause estivale bien méritée. Rendez-vous fin août pour attaquer la rentrée du bon pied.