Une belle surprise de Cristie // 6 mois et deux dents // 8 ans et plein de cadeaux // voir les schtroumpfs 2 au ciné : totalement merdique // Voir Percy Jackson 2 au ciné : pas extraordinaire mais quand même beaucoup moins merdique // Chantilly, son musée du cheval, son château et sa fameuse crème // descendre les jouets de bébé des filles du grenier pour la petite sœur et faire un bond dans le passé // un merveilleuse soirée au casino // le délicieux billet de Cristina qui m’a tant fait sourire // les copinautes qui pensent à moi, ça me touche // retour au boulot // une histoire de short // la « gaulle antique », ça n’existe pas // trouver le bon sac pour l’entrée de pépette n°1 au collège, une vraie gageure // des échanges précieux (et nombreux) avec ma blogueuse préférée // un joli cadeau venu tout droit de Montréal (merci Florence !) // Regarder autour de soi, voir ceux qui nous entourent et se dire qu’on est bien // Celle que j’admire tant et qui lit Selby // Roger m’a dit à propos des écrivains : « Ils ont les lecteurs qu’ils méritent. » (pas faux) // déguster les tomates du jardin // « Jérôme, vous êtes un anarchiste. » (mon patron quand je lui ai dit sans rire que notre centre de doc pourrait sans problème se passer d’un directeur) // un festival des arts de la rue gâché par la pluie // une entrée à la crèche // « calmement je vous crache à la gueule » : André Laude mon amour // le roi du babycook.
samedi 31 août 2013
Moi après mois : août 2013
Moi après mois, d’après une idée de Moka.
Une belle surprise de Cristie // 6 mois et deux dents // 8 ans et plein de cadeaux // voir les schtroumpfs 2 au ciné : totalement merdique // Voir Percy Jackson 2 au ciné : pas extraordinaire mais quand même beaucoup moins merdique // Chantilly, son musée du cheval, son château et sa fameuse crème // descendre les jouets de bébé des filles du grenier pour la petite sœur et faire un bond dans le passé // un merveilleuse soirée au casino // le délicieux billet de Cristina qui m’a tant fait sourire // les copinautes qui pensent à moi, ça me touche // retour au boulot // une histoire de short // la « gaulle antique », ça n’existe pas // trouver le bon sac pour l’entrée de pépette n°1 au collège, une vraie gageure // des échanges précieux (et nombreux) avec ma blogueuse préférée // un joli cadeau venu tout droit de Montréal (merci Florence !) // Regarder autour de soi, voir ceux qui nous entourent et se dire qu’on est bien // Celle que j’admire tant et qui lit Selby // Roger m’a dit à propos des écrivains : « Ils ont les lecteurs qu’ils méritent. » (pas faux) // déguster les tomates du jardin // « Jérôme, vous êtes un anarchiste. » (mon patron quand je lui ai dit sans rire que notre centre de doc pourrait sans problème se passer d’un directeur) // un festival des arts de la rue gâché par la pluie // une entrée à la crèche // « calmement je vous crache à la gueule » : André Laude mon amour // le roi du babycook.
Une belle surprise de Cristie // 6 mois et deux dents // 8 ans et plein de cadeaux // voir les schtroumpfs 2 au ciné : totalement merdique // Voir Percy Jackson 2 au ciné : pas extraordinaire mais quand même beaucoup moins merdique // Chantilly, son musée du cheval, son château et sa fameuse crème // descendre les jouets de bébé des filles du grenier pour la petite sœur et faire un bond dans le passé // un merveilleuse soirée au casino // le délicieux billet de Cristina qui m’a tant fait sourire // les copinautes qui pensent à moi, ça me touche // retour au boulot // une histoire de short // la « gaulle antique », ça n’existe pas // trouver le bon sac pour l’entrée de pépette n°1 au collège, une vraie gageure // des échanges précieux (et nombreux) avec ma blogueuse préférée // un joli cadeau venu tout droit de Montréal (merci Florence !) // Regarder autour de soi, voir ceux qui nous entourent et se dire qu’on est bien // Celle que j’admire tant et qui lit Selby // Roger m’a dit à propos des écrivains : « Ils ont les lecteurs qu’ils méritent. » (pas faux) // déguster les tomates du jardin // « Jérôme, vous êtes un anarchiste. » (mon patron quand je lui ai dit sans rire que notre centre de doc pourrait sans problème se passer d’un directeur) // un festival des arts de la rue gâché par la pluie // une entrée à la crèche // « calmement je vous crache à la gueule » : André Laude mon amour // le roi du babycook.
vendredi 30 août 2013
La radio des blogueurs : la rentrée n’aura pas notre peau !
Leiloona nous propose d'oublier pour un temps la déprime de la rentrée avec une chanson qui a marqué notre été. Alors j'avoue, la chanson qu'on a écouté en boucle cet été est très con, je ne sais pas du tout d'où elle sort ni comment elle est arrivée jusqu'à nous (il me semble qu'on l'a entendu dans un documentaire sur le air guitar mais je n'en suis pas certain). Il suffit que pépette n°2 entende les premières notes pour bouger son petit popotin et j'adore ça. Alors voila, ça vole pas haut mais c'est pêchu en diable. En même temps on peut pas tout avoir...
Le guide des voyages (4)
Voila, c’est fini. Comme prévu dès le départ, le Guide des voyages, périodique sporadique animé par des passionnés de lecture et de littérature, tire sa révérence à la fin des vacances.
Ce dernier numéro clôt ce modeste projet estival en beauté. D’abord l’éditorial fustigeant la rentrée littéraire est excellent (et pourtant j’adore la rentrée littéraire). Ensuite le grand chef a accepté de passer mon texte sur Calaferte publié ici même il y a quelques temps. J’en suis bien heureux parce que Calaferte est pour moi un des plus grands écrivains français du 20ème siècle, rien de moins. Après il y a du lourd au menu avec Jean Teullé, Jean-Paul Dubois, Véronique Ovaldé, Michel Lesbre, Françoise Xenakis et François Bon. Sans compter les deux articles consacrés à la langue française (dont une délicieuse descente en flèche du dictionnaire « Français mon amour » de Jean-Loup Chifflet). Bref, une fois encore, je trouve (en toute impartialité !) que ce numéro est une excellente cuvée.
Ça ne coûte rien de vous en rendre compte par vous-même, il suffit juste de me le demander !
Ce dernier numéro clôt ce modeste projet estival en beauté. D’abord l’éditorial fustigeant la rentrée littéraire est excellent (et pourtant j’adore la rentrée littéraire). Ensuite le grand chef a accepté de passer mon texte sur Calaferte publié ici même il y a quelques temps. J’en suis bien heureux parce que Calaferte est pour moi un des plus grands écrivains français du 20ème siècle, rien de moins. Après il y a du lourd au menu avec Jean Teullé, Jean-Paul Dubois, Véronique Ovaldé, Michel Lesbre, Françoise Xenakis et François Bon. Sans compter les deux articles consacrés à la langue française (dont une délicieuse descente en flèche du dictionnaire « Français mon amour » de Jean-Loup Chifflet). Bref, une fois encore, je trouve (en toute impartialité !) que ce numéro est une excellente cuvée.
Ça ne coûte rien de vous en rendre compte par vous-même, il suffit juste de me le demander !
jeudi 29 août 2013
Frisson l’écureuil - Mélanie Watt
Comment ai-je pu passer à coté de Frisson l’écureuil ? Il a fallu qu’une copine de retour d’un voyage à Montréal me prête l’édition canadienne pour que je découvre ce petit animal crétin à souhait. Crétin, j’exagère peut-être un peu mais on en n’est pas loin. Disons que Frisson est surtout casanier. Et trouillard, très trouillard. Sa vie est réglée comme du papier à musique. Et s’il ne quitte jamais son arbre, c’est parce qu’il a peur de l’inconnu. Peur de tout en fait. Des orties, des araignées, des extraterrestres, des abeilles, des microbes et même des requins. Au moins dans son nid douillet il est en sécurité. Et puis en cas d’imprévu il a préparé un plan d’évacuation et une trousse d’urgence. Mais l’imprévu porte bien son nom et au premier grain de sable la machine parfaitement huilée se grippe. Et alors-là c’est panique à bord !
Trop drôle, déjanté à souhait, très original visuellement parlant, cette première aventure de Frisson est juste un régal ! Cet écureuil n’est pas très fute-fute, c’est ce qui fait son charme. On voudrait se moquer de toutes ses petites manies et de sa couardise mais en même temps il a un petit coté tellement attachant qu’on aurait presque envie de le plaindre et de l’aider.
Si j’ai bien compris, la série compte une dizaine de titres publiés au Canada par Scholastic et Bayard en a « importé » un peu plus de la moitié en France. Chic, chic, je sais déjà que je vais me régaler avec de nouvelles aventures de Frisson. Mon chouchou Splat n’a qu’à bien se tenir car un sérieux concurrent va débarquer à la maison !
Frisson l’écureuil de Mélanie Watt. Bayard jeunesse, 2006. 34 pages. 9,90 €. A partir de 3-4 ans.
Les avis de Kikine et Canel.
Trop drôle, déjanté à souhait, très original visuellement parlant, cette première aventure de Frisson est juste un régal ! Cet écureuil n’est pas très fute-fute, c’est ce qui fait son charme. On voudrait se moquer de toutes ses petites manies et de sa couardise mais en même temps il a un petit coté tellement attachant qu’on aurait presque envie de le plaindre et de l’aider.
Si j’ai bien compris, la série compte une dizaine de titres publiés au Canada par Scholastic et Bayard en a « importé » un peu plus de la moitié en France. Chic, chic, je sais déjà que je vais me régaler avec de nouvelles aventures de Frisson. Mon chouchou Splat n’a qu’à bien se tenir car un sérieux concurrent va débarquer à la maison !
Frisson l’écureuil de Mélanie Watt. Bayard jeunesse, 2006. 34 pages. 9,90 €. A partir de 3-4 ans.
Les avis de Kikine et Canel.
mercredi 28 août 2013
Mélodie au crépuscule - Renaud Dillies
Elle est pénible Noukette. Elle sait bien qu’en écrivant à propos d’un album « la fin est belle et triste à pleurer… », elle va me faire craquer. Un album de Dillies en plus, le papa d’Abélard. Ça fait beaucoup, ça fait trop pour moi. Pénible je vous dis…
Coup de bol, ce titre est dispo à la médiathèque. Coup de bol ma pause le mercredi midi est un peu plus longue que les autres jours. Résultat j’ai passé cette pause à lire ce délicieux moment de poésie et à rédiger mon avis dans la foulée. Un billet fait en urgence, un peu à l’arrache vu que je n’avais pas sur moi ma carte d’emprunteur et que j’ai donc dû reposer l’ouvrage dans les bacs en partant. Bon, j’ai pas eu le temps de manger mais ça valait la peine.
Oui parce qu’autant vous le dire, la poésie dégouline de toutes les pages de cet album. Ça tient à l’histoire mais aussi et surtout au talent de dessinateur de Dillies qui ne s’interdit aucune liberté et déploie au fil des planches, dans un gaufrier de six cases hyper répétitif, une inventivité graphique qui m’a laissé baba. Après, si la magie opère c’est aussi parce que l’on retrouve les thèmes récurrents chers à cet auteur. Il est donc ici question de musique, de belles rencontres, du sens de la vie et de la connerie humaine, de rêverie (beaucoup), d’un petit cœur brisé, de solitude et de tristesse.
Scipion Nisimov est un grand échalas un poil mélancolique qui aime « se promener très souvent dans la nature mais plus encore dans sa tête. » Un anti-héros dont le quotidien d’une absolue banalité va être bouleversé pas sa rencontre avec Tchavolo le tzigane. Pas envie de vous en dire plus, ça risquerait de vous gâcher le plaisir de la découverte. Sachez juste que la fin est en effet très belle et très triste mais elle représente assez bien ma conception de l’existence. Comprenne qui pourra…
Avec tout ça, j’ai deux BD du mercredi chez Mango aujourd’hui. Première fois que ça m’arrive et c’est pas près de se reproduire. Mais je ne regrette pas, je me répète, ça valait la peine. Merci Noukette !
Mélodie au crépuscule de Renaud Dillies. Paquet, 2006. 78 pages. 15,50 euros.
Coup de bol, ce titre est dispo à la médiathèque. Coup de bol ma pause le mercredi midi est un peu plus longue que les autres jours. Résultat j’ai passé cette pause à lire ce délicieux moment de poésie et à rédiger mon avis dans la foulée. Un billet fait en urgence, un peu à l’arrache vu que je n’avais pas sur moi ma carte d’emprunteur et que j’ai donc dû reposer l’ouvrage dans les bacs en partant. Bon, j’ai pas eu le temps de manger mais ça valait la peine.
Oui parce qu’autant vous le dire, la poésie dégouline de toutes les pages de cet album. Ça tient à l’histoire mais aussi et surtout au talent de dessinateur de Dillies qui ne s’interdit aucune liberté et déploie au fil des planches, dans un gaufrier de six cases hyper répétitif, une inventivité graphique qui m’a laissé baba. Après, si la magie opère c’est aussi parce que l’on retrouve les thèmes récurrents chers à cet auteur. Il est donc ici question de musique, de belles rencontres, du sens de la vie et de la connerie humaine, de rêverie (beaucoup), d’un petit cœur brisé, de solitude et de tristesse.
Scipion Nisimov est un grand échalas un poil mélancolique qui aime « se promener très souvent dans la nature mais plus encore dans sa tête. » Un anti-héros dont le quotidien d’une absolue banalité va être bouleversé pas sa rencontre avec Tchavolo le tzigane. Pas envie de vous en dire plus, ça risquerait de vous gâcher le plaisir de la découverte. Sachez juste que la fin est en effet très belle et très triste mais elle représente assez bien ma conception de l’existence. Comprenne qui pourra…
Avec tout ça, j’ai deux BD du mercredi chez Mango aujourd’hui. Première fois que ça m’arrive et c’est pas près de se reproduire. Mais je ne regrette pas, je me répète, ça valait la peine. Merci Noukette !
Mélodie au crépuscule de Renaud Dillies. Paquet, 2006. 78 pages. 15,50 euros.
Manolis - Allain Glykos et Antonin
1923. Suite à la défaite des
armées grecques face aux troupes de Mustafa Kémal, des centaines de milliers de
grecs vivant sur la côte ouest de la Turquie furent expulsés vers leur mère
patrie. Un déplacement de population massif effectué à marche forcée et qui
laissa sur le carreau nombre de réfugiés. Ayant tout perdu au moment de leur
départ ces réfugiés durent de plus, une fois de retour en Grèce, affronter les
réactions hostiles de la population locale qui ne les considérait pas comme des
compatriotes mais voyait plutôt en eux des immigrés. Une intégration difficile
voir impossible et des conditions de vie extrêmement précaires ont longtemps
fait de ces Micrasiates (Grecs d’Asie Mineure) des parias dans leur propre
pays.
Ce roman graphique raconte l’histoire de Manolis, enfant
grec né en Turquie et frappé de plein fouet par « la grande catastrophe ».
Séparé de ses parents et de ses frères au moment de monter sur le bateau
devant les ramener en Grèce, le jeune garçon reste sous la protection de sa
grand-mère. Ensemble ils vont connaître bien des épreuves et échouer dans une
ville du Péloponnèse où personne ne fait grand cas d’eux. Placé un temps en famille d’accueil, Manolis apprend que les membres de sa famille sont en Crète. Décidé à
les rejoindre coûte que coûte, il part seul pour Athènes afin d’embarquer dans
le port du Pirée…
Voila une fois encore un album qui entremêle la petite et la grande histoire. Personnellement j’ai préféré m’attarder sur l’aspect individuel du destin de Manolis plutôt que sur l’universalité de la réflexion concernant les ravages de la guerre. Ce récit d’exil et d’initiation à hauteur d’enfant est simple et touchant, sans excès de pathos. Il est intéressant de constater qu’en grandissant le gamin au départ un peu perdu se forge une identité forte et pose un regard lucide et déterminé sur son avenir.
La narration, surtout dans les
premières pages m’a fait penser à la très jolie série « Marzi » de Sylvain
Savoia et Marzena Sowa. Graphiquement, on sent l’influence de Craig
Thompson mais aussi du Sergio Salma de « Marcinelle, 1956 » (surtout
à cause de l’encrage épais et charbonneux).
Tout en émotion et en retenu, ce
destin individuel pris dans le tourbillon de l’histoire permet de mettre en
lumière un épisode tragique sans doute trop peu connue sous nos contrées. Une belle
réussite.
Manolis d’Allain Glykos et
Antonin. Cambourakis, 2013. 190 pages. 20 euros.
mardi 27 août 2013
Encore un Award !
Le principe est simple :
Afficher le logo de cet award en tête du billet ; remercier la blogueuse/le blogueur qui vous l’a décerné ; lister 7 points sur soi ; nominer 15 autres blogueurs méritants ; les prévenir que vous avez pensé à eux.
J’ai déjà rempli haut la main les deux premières conditions ci-dessus alors j’enchaîne avec 7 choses me concernant, entre le sans intérêt et le parfaitement lamentable. Tout moi quoi…
- Je n’exclus pas entièrement le fait de devenir un jour ou l’autre l’égal du Dr March.
- Attention scoop : j’adore ce bébé.
- Non, je n’ai jamais vu Dirty Dancing et j’en suis fier.
- On a promis à Pépette n°1 qu’on l’emmènerait à Londres visiter les studios Harry Potter l’an prochain. Si vous avez des bons plans pour les hôtels ou des infos diverses et variées sur la question, je suis preneur.
- Plus jamais je ne dormirai tout nu dans une chambre infestée de moustiques. Certaines parties de mon anatomie sont vraiment trop sensibles aux piqûres. Résultat, quelques séances de grattage intempestifs certes incontrôlables mais visuellement tout sauf glamour.
- J’ai vu "Les schtroumpfs 2" au cinéma il y a peu et je n'arrive pas à m'en remettre. C’est sans doute l’une des pires horreurs commises par le cinéma d’animation ces dernières années. La vie de parent n’est pas facile tous les jours.
- J’ai développé cet été une passion aussi soudaine qu’inattendue pour les shorts en jean. J’ai eu l’impression d’en voir partout. Quand on y pense, c’est un des rares accessoires qui, en fonction de celle qui le porte, peut être extrêmement sexy ou totalement vulgaire et j’avoue que ça me fascine…
Voila, voila, je vous avais prévenu…
Pas facile de trouver 15 blogueurs / blogueuses, entre ceux qui vont être sollicités plus souvent qu’à leur tour et que je ne voudrais pas embêter à nouveau et ceux qui ne répondent jamais aux tags… Pour faire simple, j’ai mis des tas de noms qui me tiennent à cœur dans un grand chapeau et voila ce que ça donne :
Mo’
Cristina
manU
Nahe
Un chocolat dans mon roman
Aaliz
Athalie
Marie
Choco
Soukee
In Cold Blog
Canel
Philisine Cave
Le petit carré jaune
Un autre endroit
Voila, je pense avoir joué le jeu. A qui le tour ?
lundi 26 août 2013
La Lettre à Helga - Bergsveinn Birgisson
A plus de 90 ans, Bjarni Gislason a décidé d’écrire
une dernière lettre. Une lettre destinée à sa chère Helga, son seul véritable
amour. Avec sa femme Unnur, ce n’était pas pareil. Elle n’a jamais pu avoir
d’enfant et leurs relations en ont été particulièrement détériorées. Une vie de
couple pleine de rancœur et d’amertume que Bjarni fuyait dès qu’il le pouvait.
Éleveur de moutons et contrôleur cantonal des réserves de fourrage, il devait
souvent se rendre dans les fermes alentour pour évaluer la santé des cheptels.
C’est dans une de ces fermes, pendant la seconde guerre mondiale, qu’il a
rencontré Helga. Une femme sensuelle à la poitrine opulente qui l’a rendu fou
de désir. Leur adultère fut aussi passionné que foudroyant. Lorsqu’Helga tomba
enceinte, elle lui proposa de quitter leur trou perdu pour partir à Reykjavik.
Mais le fermier refusa d’abandonner sa terre et brisa à jamais leur relation. Quarante
ans plus tard, il ressent le besoin d’écrire cette longue lettre pour expliquer
à Helga les raisons de son choix. Forcément trop tard…
Ce pourrait être la triste litanie d’un vieillard en
bout de course. Ce pourrait être un texte tire-larmes où un homme se retourne
une dernière fois sur des occasions manquées. Et bien c’est tout sauf ça.
Certes Bjarni constate qu’il a raté quelque chose. Mais il le fait avec
tellement de détachement, d’humour et d’autodérision que c’est un régal. Avec
lui on découvre la vie dans les campagnes islandaises au tournant de la
modernité. On accueille les premiers tracteurs mais l’isolement est tel qu’il
faut parfois fumer les morts comme des poissons au cœur de l’hiver pour les
conserver en attendant de pouvoir les enterrer au printemps. Pour traiter les
brebis contre la gale, il faut les tremper manuellement dans une mixture
composée à 90% d’urine. Il raconte aussi son échec au concours du plus beau
bélier où il était pourtant certain de gagner. Des pratiques d’un autre âge sur
lesquelles il revient sans amertume mais avec un réel plaisir. Concernant la
fin de leur histoire, il assume totalement son choix même s’il sait que c’était
sans doute une erreur : « Ici, à la campagne, j’ai eu de
l’importance. Et si ce n’est qu’une idée, au moins aurais-je eu l’impression
d’en avoir. Voila une différence qui compte. »
Ce qui est formidable, c’est le ton sur lequel il
rédige sa lettre. Léger et fleuri, souvent très drôle (« Te voir nue dans
les rayons de soleil était revigorant comme la vision d’une fleur sur un
escarpement rocheux. Je ne connais rien qui puisse égaler la beauté de ce
spectacle. La seule chose qui me vienne à l’esprit est l’arrivée de mon
tracteur Farmall. »), c’est franc, direct, en toute sincérité. J’ai aussi
adoré la façon dont il parle du désir qui a été l’aiguillon de sa relation avec
Helga : « Ensuite je t’aurais embrassée, des attouchements hâtifs auraient
eu lieu avant que je ne baisse mon froc tandis que tu relevais ton pull de
grosse laine pour dénuder tes seins et là, mes cuisses couleur d’aspirine se
seraient mises à claquer contre toi, tandis que le courlis roucoulais dans
l’air lourd du parfum de la bruyère, et nous deux, pauvres créatures, là, dans
le creux, n’en aurions plus fait qu’une, l’espace d’un instant, jusqu’au
dernier soupir de la montée de sève, quand la gelée blanche aurait dégouliné
sur la face interne de ta cuisse sur
quelques brins d’herbe sèche, seuls témoins de l’embrasement qui nous avait
saisis. » Ces quelques lignes sont à des années lumières du purin que nous
offre les Cinquante nuances de grey et consorts. Tellement supérieur, tellement
plus proche de la littérature que j’aime.
Un premier roman somptueux, tragi-comique à souhait
et qui m’a fait passer un délicieux moment de lecture. Un véritable coup de cœur. Pour le plaisir, je vous offre une dernier
extrait : « Je te le dis du fond du cœur, ma Belle, je ne suis plus
qu’une vieille bûche vermoulue et pourrie gisant sur le rivage du temps, d’où
le ressac m’emportera bientôt. Et nul ne pleurera ma disparition. C’est bien
vrai ce que disaient les anciens : on devient lâche en
vieillissant. »
La Lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson. Zulma, 2013. 130 pages. 16,50 euros.
Comme hier c'est une lecture commune que
je partage avec Marilyne et comme hier c'est un coup de cœur commun.
Jamais deux sans trois ?
dimanche 25 août 2013
Monde sans oiseaux - Karin Serres
C’est un village isolé au bord d’un lac. Un village sur roulettes où chaque maison peut être déplacée quand les eaux montent pour éviter l’inondation. Un village où les cochons sont fluorescents et savent nager. Au fond du lac repose une forêt de cercueils, ceux des habitants morts qu’on laisse glisser sous les flots sombres en guise d’enterrement. Dans ce village est née « Petite boîte d’os », la fille du pasteur. A l’adolescence, la gamine est en crise : « Je ne les supporte plus, tous, leurs vies, nos vies ordonnées, régulières et policées. Je déteste notre joli village aux maisons multicolores, bien droites et propres au-dessus de leur joli reflet. Je hais les jours qui se succèdent, toujours les mêmes. Le temps passe, je grandis, mon destin se dessine au-dessus de l’eau plate, planche après planche, pas après pas : mariage, enfants, promenade, vaisselle… et je n’en veux pas. » Mais quand le vieux Joseph réapparaît comme par enchantement, la donne change. Le vieux Joseph que la légende qualifie de cannibale et qui va devenir l’amour de sa vie.
Ce premier roman est magique. Une bulle hors du temps et des modes. Karin Serres vous prend par la main et vous emmène dans un univers étrange, à la fois improbable et tellement réel. Elle raconte une histoire d’amour et de mort(s), la fin d’un monde. Sa prose au lyrisme contenu est ciselée, très musicale. On traverse avec délice l’existence de Petite boîte d’os, ses joies et ses peines. L’originalité tient dans le ton choisi, ce souffle de liberté que l’on ressent dans chaque phrase. Aucune timidité dans cette écriture qui allie poésie, sensualité et réalisme mais au contraire beaucoup d’audace. Forcément je suis fan.
Le texte est truffé de très beaux passages :
- sur la mort (après une fausse couche) : « Je ne pense qu’à la mort. Elle est entrée en moi, elle y a tué quelque chose que je n’ai pas su protéger réparer, ressusciter, alors elle peut bien rester, me coloniser tout entière, je ne résisterai pas. Plus de force. Je suis une enveloppe vide, une cosse humaine qui parle, mange ou dort sans savoir pourquoi. »
- sur la douleur (au moment d’un accouchement) : « La douleur est peut-être un organisme vivant, invisible mais réel, qui habite à l’intérieur de notre corps. Parfois il se réveille, s’agite violemment, mais le reste du temps il dort. Du bout de ses tentacules, soudain, il appuie sur nos gencives, nos tympans, nos seins adolescents ou notre utérus comme là, maintenant, aaargh ! […] Mais que devient-il quand on meurt ? »
- sur la perte des êtres chers : « On ne sait jamais, la dernière fois qu’on voit les gens qu’on aime, que ce sera la dernière fois. »
Un grand premier roman, je pèse mes mots.
Monde sans oiseaux de Karin Serres. Stock, 2013. 106 pages. 12,50 euros.
Un lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Marilyne. Mon petit doigt me dit qu'elle a aussi beaucoup aimé.
Ce premier roman est magique. Une bulle hors du temps et des modes. Karin Serres vous prend par la main et vous emmène dans un univers étrange, à la fois improbable et tellement réel. Elle raconte une histoire d’amour et de mort(s), la fin d’un monde. Sa prose au lyrisme contenu est ciselée, très musicale. On traverse avec délice l’existence de Petite boîte d’os, ses joies et ses peines. L’originalité tient dans le ton choisi, ce souffle de liberté que l’on ressent dans chaque phrase. Aucune timidité dans cette écriture qui allie poésie, sensualité et réalisme mais au contraire beaucoup d’audace. Forcément je suis fan.
Le texte est truffé de très beaux passages :
- sur la mort (après une fausse couche) : « Je ne pense qu’à la mort. Elle est entrée en moi, elle y a tué quelque chose que je n’ai pas su protéger réparer, ressusciter, alors elle peut bien rester, me coloniser tout entière, je ne résisterai pas. Plus de force. Je suis une enveloppe vide, une cosse humaine qui parle, mange ou dort sans savoir pourquoi. »
- sur la douleur (au moment d’un accouchement) : « La douleur est peut-être un organisme vivant, invisible mais réel, qui habite à l’intérieur de notre corps. Parfois il se réveille, s’agite violemment, mais le reste du temps il dort. Du bout de ses tentacules, soudain, il appuie sur nos gencives, nos tympans, nos seins adolescents ou notre utérus comme là, maintenant, aaargh ! […] Mais que devient-il quand on meurt ? »
- sur la perte des êtres chers : « On ne sait jamais, la dernière fois qu’on voit les gens qu’on aime, que ce sera la dernière fois. »
Un grand premier roman, je pèse mes mots.
Monde sans oiseaux de Karin Serres. Stock, 2013. 106 pages. 12,50 euros.
Un lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Marilyne. Mon petit doigt me dit qu'elle a aussi beaucoup aimé.
samedi 24 août 2013
Myrmidon T1 : Myrmidon au pays des cow-boys - Loïc Dauvillier et Thierry Martin
Il a une bonne bouille ce Myrmidon avec ses cheveux roux et son sourire en coin. En plus il est un peu magicien. Il suffit qu’il enfile un costume pour que le monde qui l’entoure change radicalement. Ici c’est en coiffant un chapeau de cow-boy qu’il se retrouve avec des indiens aux trousses. En route pour la grande aventure !
Myrmidon, c’est l’imagination au pouvoir. Avec lui les jeux d’enfants les plus classiques prennent une tournure exceptionnelle. Cow-boy contre indiens, fuite à cheval et pluie de flèches, il va falloir au jeune garçon une bonne dose de malice et de courage pour s’en sortir.
Encore un album sans texte des éditions de La Gouttière qui est une vraie réussite. Dans ce type d’ouvrage, le plus important reste la lisibilité. Loïc Dauvillier et Thierry Martin (dont j’avais soit dit en passant adoré l’adaptation du Roman de Renart en BD) l’ont bien compris : se focaliser sur le déplacement de la caméra, le rendre le plus fluide possible ; réduire le décor au minimum pour concentrer l’attention su le mouvement, la recette est bien moins facile à mettre en œuvre qu’il n'y parait. Finalement il faut développer une forme de complicité avec le tout jeune lecteur, lui offrir des codes de compréhension simples lui permettant de s’affranchir de longues explications. L’hermétisme n’a pas lieu d’être dans un tel album, il serait un frein trop important au plaisir de la lecture. Ici, l’alternance entre les illustrations pleine page, et les planches en deux cases où se succèdent bandes horizontales te verticales donnent du rythme à la course folle de Myrmidon et évite toute lassitude.
Un gamin auquel il est possible de s’identifier au premier coup d’œil, une aventure que l’on aimerait pouvoir vivre soi-même et un livre que l’on peut lire en totale autonomie dès 3-4 ans. Que demander de plus ?
Myrmidon au pays des cow-boys de Loïc Dauvillier et Thierry Martin. Éd. de la Gouttière, 2013. 32 pages. 9,70 €. A partir de 3-4 ans.
Une lecture commune avec Mo' et Noukette. C'est toujours un bonheur pour moi de partager un album de La Gouttière avec vous mesdames !
Myrmidon, c’est l’imagination au pouvoir. Avec lui les jeux d’enfants les plus classiques prennent une tournure exceptionnelle. Cow-boy contre indiens, fuite à cheval et pluie de flèches, il va falloir au jeune garçon une bonne dose de malice et de courage pour s’en sortir.
Encore un album sans texte des éditions de La Gouttière qui est une vraie réussite. Dans ce type d’ouvrage, le plus important reste la lisibilité. Loïc Dauvillier et Thierry Martin (dont j’avais soit dit en passant adoré l’adaptation du Roman de Renart en BD) l’ont bien compris : se focaliser sur le déplacement de la caméra, le rendre le plus fluide possible ; réduire le décor au minimum pour concentrer l’attention su le mouvement, la recette est bien moins facile à mettre en œuvre qu’il n'y parait. Finalement il faut développer une forme de complicité avec le tout jeune lecteur, lui offrir des codes de compréhension simples lui permettant de s’affranchir de longues explications. L’hermétisme n’a pas lieu d’être dans un tel album, il serait un frein trop important au plaisir de la lecture. Ici, l’alternance entre les illustrations pleine page, et les planches en deux cases où se succèdent bandes horizontales te verticales donnent du rythme à la course folle de Myrmidon et évite toute lassitude.
Un gamin auquel il est possible de s’identifier au premier coup d’œil, une aventure que l’on aimerait pouvoir vivre soi-même et un livre que l’on peut lire en totale autonomie dès 3-4 ans. Que demander de plus ?
Myrmidon au pays des cow-boys de Loïc Dauvillier et Thierry Martin. Éd. de la Gouttière, 2013. 32 pages. 9,70 €. A partir de 3-4 ans.
Une lecture commune avec Mo' et Noukette. C'est toujours un bonheur pour moi de partager un album de La Gouttière avec vous mesdames !
vendredi 23 août 2013
Just Kids - Patti Smith
A quoi ça tient un destin parfois ? Celui de Patti Smith s’est joué dans une cabine téléphonique. L’été 1967, à 21 ans, elle décide de quitter son New Jersey natal et de rejoindre New York avec pour seule possession une valise et le montant exact du trajet en petite monnaie. Arrivée à la gare routière, elle découvre que le prix du billet a presque doublé depuis la seule et unique fois où elle s’est rendue dans la Big Apple. Honteuse à l’idée de devoir rentrer chez elle, elle s’isole dans une cabine téléphonique pour réfléchir à la situation et découvre un sac à main posé sur un annuaire. A l’intérieur, 32 dollars, largement de quoi se payer le voyage : « J’ai pris l’argent et déposé le sac au guichet. […] Je ne peux que remercier, comme je l’ai bien souvent fait intérieurement toutes ces années durant, cette bienfaitrice inconnue. C’est elle qui m’a donné l’ultime encouragement, le porte-bonheur de la voleuse. J’ai accepté le don du petit sac à main blanc comme si c’était le doigt du destin qui me poussait en avant. »
Passionnée de dessin, de peinture, de littérature et de poésie, Patti quitte les siens sans véritable but. Arrivé sur place, elle pense pouvoir se loger chez des amis mais ceux-ci ont déménagé sans laisser d'adresse. Se retrouvant à la rue, elle dépose des CV dans des librairies et des magasins de mode. En attendant des réponses qui tardent à venir, elle dort dans des cimetières, des cages d’escalier ou des wagons de métro. Elle trouve enfin un boulot de caissière dans une échoppe vendant des bijoux fantaisies et son destin bascule à nouveau le jour où elle sert un jeune homme qui deviendra son inséparable compagnon de route. Il s’appelle Robert Mapplethorpe et avec lui elle veut refaire le monde. Fascinés par l’art, ils vont se lancer dans de nombreuses expérimentations allant du collage à la photographie en passant bien sûr par le dessin et la poésie. Pendant des semaines, des mois et même des années, le couple va subir quelques tempêtes et bouffer de la vache enragée. D’abord amants puis liés par un indéfectible lien d’amitié, Patti et Robert vont traverser la fin des années 60 et le début des années 70 portés par le souffle d’intense créativité qui balaie New York. Dans leur sillage, on croise Andy Wharol, Allen Ginsberg, Janis Joplin, Jimi Hendrix et tant d’autres.
La carrière de chanteuse de Patti commence par le biais de la poésie. Fascinée par Rimbaud (le chapitre où elle relate son périple à Charleville en 1973 est tout en émotion), elle parvient à placer quelques textes dans des revues avant de faire des lectures dans les bars. Elle y affronte un public difficile, chahuteur, indifférent ou vindicatif. C’est grâce à ces prestations souvent chaotiques qu’elle va se forger une identité scénique des plus solides. En posant des notes de musique sur ses mots, c’est la révélation. Entourée de musiciens, Patti déploie ses ailes et créé une parfaite fusion entre la poésie et le rockn’roll. Une recherche de simplicité dépouillée de tout artifice, une forme de sauvagerie et de pureté : « Nous avions peur que la musique qui était notre nourriture ne se trouve en danger de famine spirituelle. Nous avions peur qu’elle perde sa raison d’être. Nous avions peur qu’elle s’enlise dans un bourbier de spectacle, de finances et d’insipides complexités techniques. »
Cette autobiographie m’a passionné. Quelle femme, quelle vie, quelle époque ! Patti et Robert, c'est un couple indestructible à la curiosité intellectuelle permanente guidé sur la voie de l’art par la fréquentation de figures mythiques et qui n’aura cessé d’élargir le champ des possibles. Just Kids, des gamins inséparables qui seront parvenus à réaliser leurs rêves. Une histoire belle et tragique.
Les dernières pages sont bouleversantes. A la fin des années 80, Patti s’est mariée et a eu deux enfants. Robert est devenu un célèbre photographe. Malade du sida, il se meurt et sa compagne de toujours lui rend visite le plus souvent possible. Entre eux la magie est toujours présente. De leur ultime rencontre elle dira : « La lumière ruisselait à travers les vitres sur ses photos et ce poème silencieux que nous formions, assis ensemble une dernière fois. Robert mourant : il créait le silence. Moi, destinée à vivre, j’écoutais attentivement un silence qu’il faudrait toute une vie pour exprimer. » Juste avant sa mort, elle lui écrit quelques mots : « l’idée m’est venue, en regardant tout tes objets, tes œuvres et en passant en revue mentalement des années de travail, que de toutes tes œuvres tu es encore la plus belle. La plus belle de toutes les œuvres. »
Robert s’est éteint le 9 mars 1989. Lorsqu’elle a appris sa mort, Patti écoutait La Tosca entamer la sublime aria « Vissi d’arte » : J’ai vécu pour l’amour, j’ai vécu pour l’art. « J’ai fermé les yeux et joint les mains. La providence décidait des termes de mon adieu. »
Just Kids de Patti Smith. Folio, 2012. 380 pages. 7,70 euros.
Un grand merci à Manu sans qui je n'aurais jamais eu l'idée de me pencher sur ce titre. C'est son billet enthousiaste qui m'a convaincu et je ne le regrette pas !
L'avis de Voyelle et consonne
Passionnée de dessin, de peinture, de littérature et de poésie, Patti quitte les siens sans véritable but. Arrivé sur place, elle pense pouvoir se loger chez des amis mais ceux-ci ont déménagé sans laisser d'adresse. Se retrouvant à la rue, elle dépose des CV dans des librairies et des magasins de mode. En attendant des réponses qui tardent à venir, elle dort dans des cimetières, des cages d’escalier ou des wagons de métro. Elle trouve enfin un boulot de caissière dans une échoppe vendant des bijoux fantaisies et son destin bascule à nouveau le jour où elle sert un jeune homme qui deviendra son inséparable compagnon de route. Il s’appelle Robert Mapplethorpe et avec lui elle veut refaire le monde. Fascinés par l’art, ils vont se lancer dans de nombreuses expérimentations allant du collage à la photographie en passant bien sûr par le dessin et la poésie. Pendant des semaines, des mois et même des années, le couple va subir quelques tempêtes et bouffer de la vache enragée. D’abord amants puis liés par un indéfectible lien d’amitié, Patti et Robert vont traverser la fin des années 60 et le début des années 70 portés par le souffle d’intense créativité qui balaie New York. Dans leur sillage, on croise Andy Wharol, Allen Ginsberg, Janis Joplin, Jimi Hendrix et tant d’autres.
La carrière de chanteuse de Patti commence par le biais de la poésie. Fascinée par Rimbaud (le chapitre où elle relate son périple à Charleville en 1973 est tout en émotion), elle parvient à placer quelques textes dans des revues avant de faire des lectures dans les bars. Elle y affronte un public difficile, chahuteur, indifférent ou vindicatif. C’est grâce à ces prestations souvent chaotiques qu’elle va se forger une identité scénique des plus solides. En posant des notes de musique sur ses mots, c’est la révélation. Entourée de musiciens, Patti déploie ses ailes et créé une parfaite fusion entre la poésie et le rockn’roll. Une recherche de simplicité dépouillée de tout artifice, une forme de sauvagerie et de pureté : « Nous avions peur que la musique qui était notre nourriture ne se trouve en danger de famine spirituelle. Nous avions peur qu’elle perde sa raison d’être. Nous avions peur qu’elle s’enlise dans un bourbier de spectacle, de finances et d’insipides complexités techniques. »
Cette autobiographie m’a passionné. Quelle femme, quelle vie, quelle époque ! Patti et Robert, c'est un couple indestructible à la curiosité intellectuelle permanente guidé sur la voie de l’art par la fréquentation de figures mythiques et qui n’aura cessé d’élargir le champ des possibles. Just Kids, des gamins inséparables qui seront parvenus à réaliser leurs rêves. Une histoire belle et tragique.
Les dernières pages sont bouleversantes. A la fin des années 80, Patti s’est mariée et a eu deux enfants. Robert est devenu un célèbre photographe. Malade du sida, il se meurt et sa compagne de toujours lui rend visite le plus souvent possible. Entre eux la magie est toujours présente. De leur ultime rencontre elle dira : « La lumière ruisselait à travers les vitres sur ses photos et ce poème silencieux que nous formions, assis ensemble une dernière fois. Robert mourant : il créait le silence. Moi, destinée à vivre, j’écoutais attentivement un silence qu’il faudrait toute une vie pour exprimer. » Juste avant sa mort, elle lui écrit quelques mots : « l’idée m’est venue, en regardant tout tes objets, tes œuvres et en passant en revue mentalement des années de travail, que de toutes tes œuvres tu es encore la plus belle. La plus belle de toutes les œuvres. »
Robert s’est éteint le 9 mars 1989. Lorsqu’elle a appris sa mort, Patti écoutait La Tosca entamer la sublime aria « Vissi d’arte » : J’ai vécu pour l’amour, j’ai vécu pour l’art. « J’ai fermé les yeux et joint les mains. La providence décidait des termes de mon adieu. »
Just Kids de Patti Smith. Folio, 2012. 380 pages. 7,70 euros.
Un grand merci à Manu sans qui je n'aurais jamais eu l'idée de me pencher sur ce titre. C'est son billet enthousiaste qui m'a convaincu et je ne le regrette pas !
L'avis de Voyelle et consonne
jeudi 22 août 2013
Une nuit d’angoisse - Clément Bouvier
On est à la veille de la rentrée scolaire et Tomy ne peut pas fermer l’œil. Demain il va découvrir sa nouvelle école et il angoisse terriblement. Peur de ne pas se faire d’amis, d’être pris à partie dans la cour de récré, de devenir la tête de turc de la classe. L’idée lui est insupportable. Il décide donc de fuguer. Pour aller où, il ne sait pas trop. Juste s’éloigner le plus possible du sombre lendemain qui l’attend. Mais quand un enfant part seul en pleine nuit à travers les rues d’une ville endormie, c’est risqué. Surtout quand un kidnappeur rôde et qu’il a déjà fait trois victimes.
Un roman à suspens qui joue avec malice sur les codes du genre. La tension monte au fil des pages, le coté angoissant est bien amené et si tout se termine évidemment bien, on a quand même eu le temps de se faire quelques frayeurs. Avec ces chapitres courts, sa pagination limitée et son écriture très simple, c’est un ouvrage idéal pour remettre en confiance des enfants de 9-10 ans qui auraient quelques soucis avec la lecture. Pas si courant finalement de tomber sur des petits romans jeunesse à la mécanique aussi bien huilée.
Une nuit d’angoisse de Clément Bouvier. Oskar, 2013. 62 pages. 7,95 euros. A partir de 9 ans.
Un roman à suspens qui joue avec malice sur les codes du genre. La tension monte au fil des pages, le coté angoissant est bien amené et si tout se termine évidemment bien, on a quand même eu le temps de se faire quelques frayeurs. Avec ces chapitres courts, sa pagination limitée et son écriture très simple, c’est un ouvrage idéal pour remettre en confiance des enfants de 9-10 ans qui auraient quelques soucis avec la lecture. Pas si courant finalement de tomber sur des petits romans jeunesse à la mécanique aussi bien huilée.
Une nuit d’angoisse de Clément Bouvier. Oskar, 2013. 62 pages. 7,95 euros. A partir de 9 ans.
mercredi 21 août 2013
Mon ami Dahmer - Derf Backderf
Au cours des années 70, Derf Backderf a côtoyé Jeffrey Dahmer au collège puis au lycée. Dahmer qui sera arrêté en 1991 et reconnaîtra dix-sept meurtres perpétrés sur de jeunes hommes. Des crimes affreux commis pour la plupart à la fin des années 80 et accompagnés de viols, de nécrophilie et de cannibalisme. Dans ce roman graphique en noir blanc, Backderf revient sur cette période de sa jeunesse où il a fréquenté sans le savoir un serial killer en devenir.
L’exercice est casse-gueule. Ne pas tomber dans le sensationnalisme, ne pas non plus être dans le jugement mais simplement essayer de comprendre comment un ado à priori comme les autres a pu devenir un tel monstre. Je dis à priori parce que Dahmer était quand même un gamin un peu particulier. Taciturne, solitaire, vivant avec des parents qui passaient leur temps à s’enguirlander et qui ne se sont jamais intéressés à lui. Sans parler son homosexualité qui apparaît comme une évidence et qu’il voudrait refouler, son attirance pour les univers morbides et les cadavres d’animaux sur lesquels il se livrait à de sordides expériences, un alcoolisme chronique dès les premières années du lycée, bref pas vraiment un ado comme les autres en fait.
Soyons clair, je n’ai pas du tout été fasciné par le parcours de Dahmer ni par sa relation avec Backderf. Horrifié plutôt de constater que personne n’a pu, su ou voulu voir à quel point cet élève en souffrance avait besoin d’aide. Les profs surtout auraient dû déceler les signaux de ce mal-être persistant. Facile à dire après coup, c’est vrai, mais quand même.
Quoi qu’il en soit voila un drôle d’album. Glaçant et dérangeant. Dérangeant dans la mesure où j’ai du mal à saisir les intentions de l’auteur. Pourquoi avoir voulu raconter cette relation qui n’était même pas amicale ? Comme ses camarades, Backderf a passé son temps à ignorer Dahmer. Tout juste le considérait-il comme une espèce de freaks capable d’amuser la galerie lorsqu’il se lançait dans d’étranges imitations. Son récit est très documenté mais il tombe parfois dans l’anecdotique. Alors quel est le but ? Dérouler comme il le prétend dans la préface le fil d’une « histoire tragique qui n’a rien perdu de sa puissance dramatique » ? Pourquoi pas mais je n’ai pas du tout ressenti cet aspect. Une manière pour lui d'exorciser une expérience qui, à posteriori, avait tout pour être flippante ? Possible. Ou alors, mais je n’ose le croire, une tentative opportuniste de mettre en lumière son talent d’auteur en appâtant le chaland avec une figure de tueur en série qui exerce toujours une certaine fascination sur le grand public ?
L’exercice est casse-gueule. Ne pas tomber dans le sensationnalisme, ne pas non plus être dans le jugement mais simplement essayer de comprendre comment un ado à priori comme les autres a pu devenir un tel monstre. Je dis à priori parce que Dahmer était quand même un gamin un peu particulier. Taciturne, solitaire, vivant avec des parents qui passaient leur temps à s’enguirlander et qui ne se sont jamais intéressés à lui. Sans parler son homosexualité qui apparaît comme une évidence et qu’il voudrait refouler, son attirance pour les univers morbides et les cadavres d’animaux sur lesquels il se livrait à de sordides expériences, un alcoolisme chronique dès les premières années du lycée, bref pas vraiment un ado comme les autres en fait.
Soyons clair, je n’ai pas du tout été fasciné par le parcours de Dahmer ni par sa relation avec Backderf. Horrifié plutôt de constater que personne n’a pu, su ou voulu voir à quel point cet élève en souffrance avait besoin d’aide. Les profs surtout auraient dû déceler les signaux de ce mal-être persistant. Facile à dire après coup, c’est vrai, mais quand même.
Quoi qu’il en soit voila un drôle d’album. Glaçant et dérangeant. Dérangeant dans la mesure où j’ai du mal à saisir les intentions de l’auteur. Pourquoi avoir voulu raconter cette relation qui n’était même pas amicale ? Comme ses camarades, Backderf a passé son temps à ignorer Dahmer. Tout juste le considérait-il comme une espèce de freaks capable d’amuser la galerie lorsqu’il se lançait dans d’étranges imitations. Son récit est très documenté mais il tombe parfois dans l’anecdotique. Alors quel est le but ? Dérouler comme il le prétend dans la préface le fil d’une « histoire tragique qui n’a rien perdu de sa puissance dramatique » ? Pourquoi pas mais je n’ai pas du tout ressenti cet aspect. Une manière pour lui d'exorciser une expérience qui, à posteriori, avait tout pour être flippante ? Possible. Ou alors, mais je n’ose le croire, une tentative opportuniste de mettre en lumière son talent d’auteur en appâtant le chaland avec une figure de tueur en série qui exerce toujours une certaine fascination sur le grand public ?
Disons qu’il y a comme un malaise
et que j’ai été incapable en refermant l’ouvrage de savoir si j’avais ou pas
apprécié cette lecture. Très bizarre comme sensation, j’ai l’impression d’être
un peu perdu…
Mon ami Dahmer de Derf Backderf. Çà
et Là, 2013. 222 pages. 20 euros.
Une nouvelle lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Mo' ! Filez-vite voir son avis qui vous éclairera sans doute davantage que le mien.
mardi 20 août 2013
Pas assez pour faire une femme - Jeanne Benameur
Judith croise son regard dans un amphi bondé. Il parle avec éloquence. C’est le coup de foudre immédiat. Son premier amour, sa première fois. Elle a 17 ans et vient de rentrer à la fac, on est au cœur des années 70. Avec lui elle va grandir et exorciser les démons de l’enfance. Peu à peu, elle va se politiser et constater avec lucidité que le conservatisme paternel est un frein à sa propre liberté.
Jeanne Benameur signe son retour chez Thierry Magnier avec un texte tout en sensibilité. Comme d’habitude me direz-vous. Il est ici question d’amour, de désir, d’éveil à une conscience politique, d’émancipation, du rapport au père, de secret de famille. C'est l'histoire d'une métamorphose, d'un chemin tortueux qui mène une jeune fille vers le statut de femme à part entière. Des phrases courtes, susurrées comme dans un souffle. Les livres tiennent évidemment une place importante dans ce récit à la première personne proche de la confession intime. Oscillant sans cesse entre retenue et sensualité, la voix de Judith résonne avec force.
Un très beau texte (forcément avec Jeanne Benameur), peut-être un poil trop féminin (féministe ?) pour emporter ma totale adhésion. Mais bon, je chipote. Lire cette auteure reste un plaisir à nul autre pareil. Ce n’est pas ma chère Noukette, avec qui j’ai le plaisir de partager cette lecture commune, qui dira le contraire. Filez donc voir son avis, ce sera l'occasion de découvrir son nouveau "chez elle". En plus vous êtes certain d'y être accueilli avec le sourire.
Jeanne Benameur signe son retour chez Thierry Magnier avec un texte tout en sensibilité. Comme d’habitude me direz-vous. Il est ici question d’amour, de désir, d’éveil à une conscience politique, d’émancipation, du rapport au père, de secret de famille. C'est l'histoire d'une métamorphose, d'un chemin tortueux qui mène une jeune fille vers le statut de femme à part entière. Des phrases courtes, susurrées comme dans un souffle. Les livres tiennent évidemment une place importante dans ce récit à la première personne proche de la confession intime. Oscillant sans cesse entre retenue et sensualité, la voix de Judith résonne avec force.
Un très beau texte (forcément avec Jeanne Benameur), peut-être un poil trop féminin (féministe ?) pour emporter ma totale adhésion. Mais bon, je chipote. Lire cette auteure reste un plaisir à nul autre pareil. Ce n’est pas ma chère Noukette, avec qui j’ai le plaisir de partager cette lecture commune, qui dira le contraire. Filez donc voir son avis, ce sera l'occasion de découvrir son nouveau "chez elle". En plus vous êtes certain d'y être accueilli avec le sourire.
Les avis de : Un autre endroit pour lire ; Bricabook
lundi 19 août 2013
Arelate T1 et T2 - Laurent Sieurac et Alain Genot
Arles, fin du premier siècle après J-C. Vitalis le tailleur
de pierres vient une fois de plus de se faire renvoyer d’un chantier. La fois
de trop sans doute puisque plus aucun contremaître ne veut de lui. Bagarreur et
incurable joueur de dés, il passe son temps à parier avec les autres ouvriers
au lieu de travailler. Ayant contracté pas mal de dettes, il rentre chez lui la
queue entre les jambes annoncer à sa femme enceinte qu’il est une fois de plus
au chômage. Sollicité quelques temps plus tard par Atticus, un ancien
gladiateur devenu entraîneur, Vitalis doit se résoudre à embrasser une carrière
à laquelle il n’était absolument pas destiné au départ. En signant son contrat
d’engagement auprès d’un promoteur, le jeune homme renonce à la citoyenneté
mais trouve par la même le seul et unique moyen de gagner l’argent nécessaire
pour rembourser ses créanciers. Seulement le plus dur commence, car pour
devenir un gladiateur de talent, le parcours est long et difficile...
Une BD historique de plus sur la Rome antique ? Pas
vraiment. Ne cherchez ici aucun empereur aux mœurs débridées. Point non plus
d’épiques batailles ou d’intrigues politiques complexes mais plutôt une plongée
dans le quotidien des gens du peuple. Le pari est très didactique. Aidé par un
archéologue, Laurent Sieurac met en perspective les connaissances scientifiques
les plus actuelles concernant le monde romain. Ainsi l’image des
gladiateurs présentée dans cette BD est
à des années lumières des standards Hollywoodiens et du Gladiator de Ridley
Scott. Contrairement aux idées reçues, la gladiature n’était pas une infâme
boucherie au cours de laquelle des esclaves s’entretuaient pour le plaisir d’un
public assoiffé de sang. Les gladiateurs étaient en fait des sportifs de haut
niveau choyés par des promoteurs ayant beaucoup investi sur leur compte. Des
athlètes volontaires grassement payés pour assurer un spectacle certes violent
mais où, contrairement à ce que l’on croit, la mort des combattants était
extrêmement rare.
Parfaitement documentée jusque dans les moindres détails
(architecture, vêtements, objets), Arelate reste éloignée d’un ton professoral
qui plomberait le déroulement des événements. Intelligemment, les auteurs ont
préféré apporter les éclaircissements scientifiques nécessaires dans un copieux
dossier à la fin de chaque volume. L’histoire racontée n’est donc en aucun cas
parasitée par des considérations historiques et scientifiques qui rendraient la
lecture pour le moins indigeste.
Visuellement les planches aux tons sépia sont du plus bel effet
même si parfois les personnages souffrent d’une certaine raideur, notamment
dans l’expression des visages. Quoi qu’il en soit, voila une série restituant
le plus fidèlement possible la vie quotidienne d’une ville antique que j’ai
trouvée passionnante et dont j’ai hâte de dévorer le troisième tome sorti il y
a peu.
Arelate T1 : Vitalis de Laurent Sieurac et Alain Genot.
Cleopas, 2012. 64 pages. 14,85 €
Arelate T2 : Auctoratus de Laurent Sieurac et Alain
Genot. Cleopas, 2012. 64 pages. 14,85 €
samedi 17 août 2013
Arrive un vagabond - Robert Goolrick
1948. Quand Charlie Beale débarque à Brownsburg, Virginie, il n’a pour seules possessions que son vieux pick up et ses deux valises. Très vite il achète un petit bout de terrain et s’y installe de la manière la plus sommaire possible, vivant dans sa voiture et dormant le plus souvent à la belle étoile. Embauché dans la boucherie locale, il va peu à peu commencer à se faire apprécier par les autochtones, prenant notamment sous son aile Sam, le fils du boucher. Surtout, son regard va croiser celui de Sylvan Glass, femme du plus riche propriétaire terrien du coin. Un coup de foudre auquel il ne s’attendait pas et qui va causer sa perte.
Un roman lauréat du prix des lectrices de « Elle » 2013 que Canel a eu la gentillesse de me prêter. Je dois reconnaître qu’elles ont bon goût les lectrices de « Elle » parce que ce récit tragique et nerveux est vraiment excellent. Bon, j’avoue que la mise en place m’a paru un peu lente. La présentation de Charlie, de son nouvel environnement et des différents personnages traîne parfois en longueur. Mais les 150 dernières pages font monter la tension crescendo jusqu’au final crépusculaire et inévitable.
Robert Goolrick décortique les us et coutumes d’une communauté en apparence idéale. Mais ici comme ailleurs, la ségrégation raciale a toujours une raison d’être et le poids écrasant de la religion guide les faits et gestes de chacun. Charlie est sans doute, et de loin, le meilleur d’entre eux et sa relation passionnée avec Sylvan va peu à peu craqueler le vernis des conventions dans lesquelles cette microsociété est confortablement installée. Leur passion brûlante semble dans un premier s’affranchir de toutes ces conventions mais le rêve d’une autre vie possible n’est qu’une chimère. Et lorsque la dure réalité rattrape le pauvre Charlie, elle lui est insupportable.
C’est beau et triste à la fois. Goolrick fouille dans les tréfonds de l’âme humaine et ce qu’il en ressort n’est pas joli-joli. Arrive un vagabond, c’est le drame d’une passion destructrice, le sacrifice d’un homme bon dont tout le monde finira par s’éloigner par peur du jugement dernier. Terrible et poignant, loin de la guimauve des harlequinades à la mord moi le nœud, un excellent roman.
Un roman lauréat du prix des lectrices de « Elle » 2013 que Canel a eu la gentillesse de me prêter. Je dois reconnaître qu’elles ont bon goût les lectrices de « Elle » parce que ce récit tragique et nerveux est vraiment excellent. Bon, j’avoue que la mise en place m’a paru un peu lente. La présentation de Charlie, de son nouvel environnement et des différents personnages traîne parfois en longueur. Mais les 150 dernières pages font monter la tension crescendo jusqu’au final crépusculaire et inévitable.
Robert Goolrick décortique les us et coutumes d’une communauté en apparence idéale. Mais ici comme ailleurs, la ségrégation raciale a toujours une raison d’être et le poids écrasant de la religion guide les faits et gestes de chacun. Charlie est sans doute, et de loin, le meilleur d’entre eux et sa relation passionnée avec Sylvan va peu à peu craqueler le vernis des conventions dans lesquelles cette microsociété est confortablement installée. Leur passion brûlante semble dans un premier s’affranchir de toutes ces conventions mais le rêve d’une autre vie possible n’est qu’une chimère. Et lorsque la dure réalité rattrape le pauvre Charlie, elle lui est insupportable.
C’est beau et triste à la fois. Goolrick fouille dans les tréfonds de l’âme humaine et ce qu’il en ressort n’est pas joli-joli. Arrive un vagabond, c’est le drame d’une passion destructrice, le sacrifice d’un homme bon dont tout le monde finira par s’éloigner par peur du jugement dernier. Terrible et poignant, loin de la guimauve des harlequinades à la mord moi le nœud, un excellent roman.
Arrive un vagabond de Robert Goolrick. Éd. Anne Carrière, 2012. 316 pages. 21,50 euros.
vendredi 16 août 2013
Tartes aux pommes et fin du monde - Guillaume Siaudeau
La
rentrée littéraire commence de plus en plus tôt. Quelques éditeurs ont choisi
cette année de se lancer dès le 14 août. Et parmi cette première livraison,
j’ai eu la chance de tomber sur une bonne pioche.
Il se souvient de Bobby, son labrador, mort d’une crise cardiaque au cours d’une balade. Puis ce fut le départ de sa mère. Avec sa sœur, il n’a pu que constater les dégâts : Papa qui tombe dans la bouteille et commence à cogner, de plus en plus. Ensuite il a eu droit à l’armée puis au premier appart et aux premiers petits boulots. Peu après il a rencontré Alice grâce à une boite de maquereaux. Une belle histoire qui se terminera mal comme celle d’Arni, un collègue devenu ami qui va sombrer après son licenciement. Quand Alice le quitte, il achète un flingue. Son nouveau et plus fidèle compagnon…
Un premier roman dans l’air du temps. Le roman d’une génération de jeunes trentenaires un peu paumés. Roman de l’inquiétude aussi. Constater que l’on est difficilement arrivé jusque-là, avoir conscience d’être au monde mais ne pas savoir où l’on va. Rien de plombant pour autant, c’est là toute la force de ce court récit. Malgré l’adversité permanente qui semble le frapper, le narrateur garde un ton léger et non dénué d’humour où l’autodérision affleure à chaque page. Une mise à distance bienvenue et plutôt fine entre la réalité de sa situation et la façon dont il l’analyse.
Solitude, instabilité chronique, précarité et crise existentielle… un cocktail dans l’air du temps je vous dis ! Mais le plus important reste que la petite musique de Guillaume Siaudeau est des plus agréables. Un premier roman réussi, ce n‘est pas toujours le cas. Autant en profiter…
Tartes aux pommes et fin du monde de Guillaume Siaudeau. Alma, 2013. 132 pages. 14 €.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Anne. Filez-vite découvrir son avis !
Il se souvient de Bobby, son labrador, mort d’une crise cardiaque au cours d’une balade. Puis ce fut le départ de sa mère. Avec sa sœur, il n’a pu que constater les dégâts : Papa qui tombe dans la bouteille et commence à cogner, de plus en plus. Ensuite il a eu droit à l’armée puis au premier appart et aux premiers petits boulots. Peu après il a rencontré Alice grâce à une boite de maquereaux. Une belle histoire qui se terminera mal comme celle d’Arni, un collègue devenu ami qui va sombrer après son licenciement. Quand Alice le quitte, il achète un flingue. Son nouveau et plus fidèle compagnon…
Un premier roman dans l’air du temps. Le roman d’une génération de jeunes trentenaires un peu paumés. Roman de l’inquiétude aussi. Constater que l’on est difficilement arrivé jusque-là, avoir conscience d’être au monde mais ne pas savoir où l’on va. Rien de plombant pour autant, c’est là toute la force de ce court récit. Malgré l’adversité permanente qui semble le frapper, le narrateur garde un ton léger et non dénué d’humour où l’autodérision affleure à chaque page. Une mise à distance bienvenue et plutôt fine entre la réalité de sa situation et la façon dont il l’analyse.
Solitude, instabilité chronique, précarité et crise existentielle… un cocktail dans l’air du temps je vous dis ! Mais le plus important reste que la petite musique de Guillaume Siaudeau est des plus agréables. Un premier roman réussi, ce n‘est pas toujours le cas. Autant en profiter…
Tartes aux pommes et fin du monde de Guillaume Siaudeau. Alma, 2013. 132 pages. 14 €.
Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Anne. Filez-vite découvrir son avis !
jeudi 15 août 2013
Le guide des voyages (3)
Déjà le troisième et avant dernier rendez-vous du Guide des voyages, modeste «périodique sporadique » regroupant des chroniques livresques rédigées par des auteurs et des passionnés de littérature. Ce numéro est sans conteste le meilleur des trois, je le dis d’autant plus facilement que je n’y ai pas contribué.
Un numéro en partie consacré à la mort, cette salope qui frappe sans crier gare et sans distinction. Déjà, l’éditorial est particulièrement touchant, pour des tas de raisons dont je ne veux pas parler ici. On trouve dans les pages suivantes et sur ce douloureux sujet des romans de Duras (La douleur), de José Giovanni (Le trou), d’Hubert Mingarelli (Un repas en hiver) ou encore de Philippe Besson (Son frère).
Mais il est aussi question dans ce numéro de Pérec (Les choses), du Che (Voyage à motocyclette), de Pierre Bergounioux (La mort de Brune), d’Andreï Makine (La femme qui attendait) et d’Agnès Desarthe (Comment j’ai appris à lire).
Riche, varié et de qualité ce n°3 est vraiment un excellent cru.
Et comme d’habitude, si vous souhaitez recevoir directement ce numéro par mail, n'hésitez pas à me le demander, je me ferais un plaisir de vous l'envoyer.
Un numéro en partie consacré à la mort, cette salope qui frappe sans crier gare et sans distinction. Déjà, l’éditorial est particulièrement touchant, pour des tas de raisons dont je ne veux pas parler ici. On trouve dans les pages suivantes et sur ce douloureux sujet des romans de Duras (La douleur), de José Giovanni (Le trou), d’Hubert Mingarelli (Un repas en hiver) ou encore de Philippe Besson (Son frère).
Mais il est aussi question dans ce numéro de Pérec (Les choses), du Che (Voyage à motocyclette), de Pierre Bergounioux (La mort de Brune), d’Andreï Makine (La femme qui attendait) et d’Agnès Desarthe (Comment j’ai appris à lire).
Riche, varié et de qualité ce n°3 est vraiment un excellent cru.
Et comme d’habitude, si vous souhaitez recevoir directement ce numéro par mail, n'hésitez pas à me le demander, je me ferais un plaisir de vous l'envoyer.
mercredi 14 août 2013
La balade de Yaya : intégrales 1 à 6 - Jean-Marie Omont et Golo Zhao
Shangai, novembre 1937. Les japonais s’apprêtent à attaquer la chine. Poussé à l’exode, le richissime père de Yaya décide d’emmener sa famille à Hong Kong. Le matin du départ, la petite fille fugue. Elle veut absolument passer un concours de piano qui devrait lui ouvrir les portes d’une grande carrière. Mais sur le chemin de l’école de musique, les bombardements commencent et Yaya se retrouve au milieu du chaos. Secourue par un gamin des rues prénommé Tuduo, elle va tenter de rejoindre le bateau de ses parents qui est sur le point de quitter le port. Malheureusement rien ne va se passer comme prévu.
Au fil des six tomes de ces deux intégrales, Yaya et Tuduo vont multiplier les déboires. Poursuivis par un terrible bandit, exploités par des pêcheurs de perles sans pitié, trompés par ceux qu’ils pensaient être leurs amis, frappés de plein fouet par la maladie, rien ne leur est épargné. Le récit est parfois assez dur et ne donne pas dans l’angélisme. C’est trépidant, les événements s’enchaînent et chaque album se termine sur un insupportable cliffhanger. Une écriture digne d’une série télé en quelque sorte. La recette fonctionne et il faut dire que le trait de Golo Zhao y est pour beaucoup. Son découpage cinématographique à souhait dynamise le récit. C’est à la fois beau et parfaitement lisible.
La balade de Yaya est une BD jeunesse de grande qualité qui mêle avec brio action et émotion. Une vraie réussite mais je vous préviens, si vous laissez vos enfants mettre le doigt dans ce pot de confiture, isl ne vous lâcheront pas avant d’avoir découvert l’ensemble de la série (dont le 7ème tome vient d’ailleurs de sortir…).
La balade de Yaya : intégrale 1-3 de Jean-Marie Omont et Golo Zhao. Édition Fei, 2012. 144 pages. A partir de 8 ans.
La balade de Yaya : intégrale 4-6 de Jean-Marie Omont et Golo Zhao. Édition Fei, 2013. 144 pages. A partir de 8 ans.
mardi 13 août 2013
L’été slovène - Clément Bénech
Ils sont partis pour respirer l’air pur de la
Slovénie. Leur couple bat de l’aile, c’est l’occasion de se retrouver et de
prendre un nouveau départ. Des vacances simples, en immersion dans ce pays dont
ils ne connaissent rien. Les péripéties s’enchaînent, la complicité semble
toujours là malgré quelques moments plus tendus que d’autres. Pourtant, au fond
d’eux-mêmes ils savent que le fil ténu qui les relie est sur le point de céder…
Un premier roman agréable mais loin d’être inoubliable. De courts paragraphes, un style très descriptif qui empile de petites saynètes souvent proches de l’anecdotique, une dose de dérision et d’ironie, c’est frais et léger, rien de plus. Dans le genre « couple au bord de la rupture », le dernier roman de Stewart O’Nan (Les joueurs) a placé la barre tellement plus haut qu’il est difficile de soutenir la comparaison. Finalement si j’ai lu ce texte avec un certain plaisir c’est essentiellement parce que je me suis souvent retrouvé dans le personnage masculin, pas forcément au niveau du ton mais plus pour ce qui est de son attitude. Cette façon de tout prendre à la légère, de lancer des traits d’humour à contre temps qui agacent sa compagne, d’enfiler le costume du rabat-joie à la moindre occasion, c’est tout moi ! Bon, pour revenir au texte je dirais que c’est une lecture de vacances idéale : gouleyante mais sans prétention, un peu comme le rosé pamplemousse que l’on s’enfile à l’apéro avant d’attaquer les brochettes.
Il ne faut pas non plus oublier que Clément Bénech n’a que 21 ans. Pour une première tentative, c’est indéniable, le potentiel est là. Un écrivain à suivre donc...
L’été slovène de Clément Bénech. Flammarion, 2013. 126
pages. 14 €.
Un titre repéré chez Keisha et Clara et une lecture
commune que j’ai le plaisir de partager avec Noukette (il y avait
longtemps !).
lundi 12 août 2013
La petite cloche au son grêle - Paul Vacca
Quand Noukette parle avec sa faconde habituelle d’un
livre qu’elle a beaucoup aimé, elle sait se montrer persuasive. Il faut dire
aussi que je suis fan de ses billets. Fan et faible, incapable de résister à
l’appel d’un bon texte, j’ai une fois de plus craqué. Elle a mis son avis en
ligne vendredi, j’ai trouvé l’ouvrage à la médiathèque samedi et l’ai avalé
d’une traite …
La petite cloche au son grêle est un premier roman. Le narrateur raconte son enfance. Il avait 13 ans et vivait à Montigny, dans le nord de la France. Ses parents tenaient le café du village. Chaque soir, le rituel était immuable : en rentrant du collège, il fallait attaquer les devoirs, sur une table près du flipper. La corvée terminée, il était temps de partir vers les sous-bois et la rivière avec maman pour flâner entre les arbres et les fleurs. Des moments privilégiés et inoubliables. Un jour d’orage, un heureux concours de circonstances lui permet de mettre la main sur un livre abandonné dans l’herbe par sa propriétaire. La couverture indique sobrement : Marcel Proust, Du coté de chez Swann. Une découverte qui va bouleverser le quotidien du garçon et au final de tout le village.
Le problème quand un récit de jeunesse se passe dans un troquet c’est qu’il me ramène sans cesse vers Annie Ernaux. Et forcément il est difficile de soutenir la comparaison avec l’auteure de La place. Mais si l’on oublie cette aïeule encombrante, il faut bien reconnaître que le premier roman de Paul Vacca est une belle réussite. Une histoire d’amour fusionnelle et tragique avec la mère, une tranche d’enfance douce-amère dont on ressort avec un petit goût sucré en bouche. Le ton est juste, la sensibilité affleurant à chaque page sans tomber dans la nostalgie tire-larme. Beaucoup de tendresse chez ces gens simples et aimants qui osent rêver et gardent chevillé au corps un optimisme à tout épreuve. Et puis il est question d’éveil à la lecture, de la découverte du pouvoir des mots et de la littérature. Difficile d’y rester insensible.
Maintenant je ne crierais pas au chef d’œuvre et n’en ferais pas non plus un coup de cœur. Un peu trop gentillet pour moi. Il n’empêche, je serais sacrément ingrat si je ne reconnaissais pas avoir passé un excellent moment avec cette famille touchante en diable.
La petite cloche au son grêle de Paul Vacca. Le
livre de poche, 2013. 162 pages. 6,10 €.