vendredi 26 mars 2010

Le manoir des sortilèges

Le jeune écuyer Gilles voit son maître mourir lors d’un tournoi. Il devient la propriété du vainqueur, un étrange chevalier qui ne quitte jamais son armure. Ce dernier accepte une mission que lui confie l’église : retrouver dans un manoir abandonné un grimoire maléfique rédigé par une sorcière décédée depuis quelques années. L’inquisiteur qui le charge de cette dangereuse mission souhaite qu’il soit accompagné par Tara, une jeune femme d’origine égyptienne soupçonnée d’être une sorcière. Elle doit aider le chevalier et son écuyer à déjouer les sortilèges se trouvant dans le château. Voila donc le trio parti pour un dangereux voyage dont personne ne sortira indemne.

Serge Brussolo créé un huis-clos plus glacial qu’étouffant. Cette aventure menée en plein hiver dans un château abandonné ouvert à tous les vents donne froid dans le dos. A l’aise dans les descriptions grâce à une écriture très visuelle, il sait bâtir des ambiances. Que ce soit le tournoi qui ouvre le roman, la sombre forêt, la lande déserte ou encore le lugubre donjon, chaque lieu est décrit avec un réalisme remarquable.

Phénomène assez rare, aucun personnage n’attire la sympathie du lecteur. Tous agissent égoïstement et acceptent de mener à bien la mission pour leur propre compte : l’inquisiteur, Tara et le chevalier ont un but précis alors que Gilles suit naïvement le mouvement pour respecter les codes de sa confrérie, essentiellement par crainte de finir en enfer s’il ne servait pas son maître dans les règles de l’art.

Autre caractéristique singulière de ce roman : l’auteur s’applique à démonter un à un les aspects fantastiques de son intrigue. Les moutons maléfiques ? Il existe une explication rationnelle. Le géant qui vit sous le château ? Il existe une explication rationnelle. Les fées qui volent les souvenirs des mortels pénétrant sur leur territoire ? Il existe une explication rationnelle. Les lutins vivant dans le champ de menhirs ? Il existe une explication rationnelle. Même la sorcellerie est expliquée par Tara comme une science basée sur une connaissance fine des plantes et des poisons qui en découlent, en dehors de toute manifestation surnaturelle. Il est clair que Serge Brussolo se plaît à souligner l’obscurantisme moyenâgeux et l’importance des superstitions qui découlent de cet obscurantisme. Il propose finalement une analyse assez fine de l’époque et son récit, sans être haletant, comporte son lot de mystères et de rebondissements.
Au final, une lecture très agréable.

Merci à Livraddict et au Livre de Poche de m’avoir permis de découvrir cet auteur.

Le manoir des sortilèges, de Serge Brussolo, Éditions le Livre de Poche, 2007. 318 pages. 5.50 euros.

L’info en plus : le dernier roman de Serge Brussolo intitulé Le vestiaire de la reine morte vient de paraître aux éditions Plon. Petit résumé : « Marion, 12 ans, passe tous ses étés en Bretagne à Bregannog où la population vit encore dans l'observance des croyances implantées par les druides. Jadis peuplé de brigands, de pillards et de naufragés, le lieu a conservé une relation étroite avec le crime. L'adolescente découvre bientôt que de nombreux assassinats sont perpétrés dans le voisinage et met au jour des secrets qui la dépassent. »

6 commentaires:

  1. Serge Brussolo, voilà un auteur dont j'avais entendu parlé. Voilà un auteur qu'à présent il me tente de lire. Merci.

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  2. je n'ai jamais rien lu de cet auteur, mais je crois que le manoir des sortilèges est fait pour moi :)

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  3. J'ai beaucoup aimé ta critique ;-)
    Moi, j'ai beaucoup critiqué ce livre, mais je trouve que tu as finement jugé certaines choses.
    J'ai rajouté le lien de ton billet sur le mien: http://books-a-lot.over-blog.com/categorie-11306649.html
    Bises (^_^)

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  4. Les critiques sont plutôt bonnes sur ce livre mais il ne me tente pas et ce sans raison valable.

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  5. Dans ma pal ! C'est aussi grâce à ce livre que je vais découvrir Brussolo!

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  6. Une bonne critique. Je n'ai pas parlé du fait que Brussolo trouvait une explication à chaque faits irrationnels. J'y avais pas trop prêté attention et c'est ma foi vrai !

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